La croissance va nous sortir de la crise ! Ce dogme n’a pu perdurer que parce qu’il oubliait les lois économiques élémentaires : une planète finie ne peut procurer indéfiniment des ressources pour une population toujours plus nombreuse et consommatrice, quand bien même s’agirait-il de « croissance verte »… Ainsi depuis 50 ans, la sacro-sainte croissance du PIB (Produit Intérieur Brut) s’appuierait sur le progrès technique. Pourtant, on commence à admettre que la technologie n’est pas toujours la solution à nos difficultés (http://www.michel-lerond.com/article-la-technologie-va-tout-resoudre--39938444.html). Sans doute faudrait-il mesurer autre chose que la seule croissance économique et prendre en compte les autres dimensions de notre développement. Le PIB ne doit plus être la boussole de l’économie. Il nous faut maintenant redéfinir le concept de développement et faire les choix politiques qui nous emmèneront vers un futur collectif soutenable. La décroissance généralisée n’est pas plus pertinente. Tout dépend de quoi l’on parle. On peut facilement imaginer que devant la raréfaction des ressources naturelles il y aura des secteurs en croissance et d’autres en décroissance, de façon évolutive.
Après que la France, la Grande-Bretagne et l’Italie se soient engagées dans la recherche d’un nouvel indicateur de mesure de la richesse, l’Allemagne s’y met aussi. La commission réunie à cet effet va réfléchir sur un indicateur global qui prendrait en compte cohésion sociale, préservation des ressources, santé et espérance de vie, entre autres… Mais les plus grandes avancées ne viennent pas obligatoirement d’où on les attend. Ainsi, le Bhoutan, petit royaume bouddhiste situé entre l’Inde et l’Himalaya (environ 800 000 habitants), utilise un nouvel indice de croissance, le BNB (Bonheur National Brut) depuis… 1972 ! Le BNB est basé sur quatre principes : croissance et développement économique, conservation et promotion de la culture, sauvegarde de l’environnement et des ressources et enfin bonne gouvernance. Cela rappelle quelque chose, me semble-t-il… Ce BNB oblige à une vision à long terme et se traduit, par exemple, par l’inscription dans la constitution que les forêts doivent couvrir 60 % de la surface du pays… pour l’éternité. Rien n’étant parfait, tout cela dissimule un peu d’idéologie nationaliste et d’imprévision (la fonte des glaces de l’Himalaya remet en cause la production d’hydroélectricité largement privilégiée).
L’entreprise, base de notre système économique, devrait changer de nature en s’orientant vers la notion de service et d’épanouissement humain, plutôt que vers le consumérisme. Quel chantier ! mais quelle belle opportunité pour les politiques de reprendre l’initiative sur l’économie-fric qui grignote le monde !