Les « marchés » sont devenus omniprésents dans les médias et les conversations. Mais qui donc se cache derrière ces monstres froids qui en veulent à nos économies et aux états ? A l’origine les marchés de capitaux sont des lieux de rencontre où s’ajustent l’offre et la demande de financement. Les ménages, les banques, les entreprises et les états constituent les acteurs de cette « bourse d’échanges ».
Mais les choses ont dérapé depuis une bonne dizaine d’années, avec l’apparition du shadow banking system, système financier virtuel. L’objet de ce système est d’élaborer des produits financiers très complexes, souvent incompréhensibles et échappant aux contrôles des autorités de régulation. Dès lors on change de registre et entrons au casino ! C’est ainsi que l’on a vu des Jérôme Kerviel faire perdre 5 milliards € à la Société Générale en 2008, et depuis ça continue… Tout se passe comme si les banques avaient créé des monstres qu’elles ne maîtrisent plus. Les amplitudes des marchés deviennent parfois fantasques, sans justification, comme soumises à des accès de folie.
Dans ce système démentiel, les traders peuvent constituer un motif d’inquiétude, mais il y a plus grave encore. En effet les marchés boursiers sont de plus en plus gérés par des robots (un tiers des échanges à Paris et la moitié à Wall Street), des ordinateurs qui réagissent en termes de millisecondes sur toute fluctuation intervenant n’importe où dans le monde, afin de « jouer gagnant ». Ces échanges à haute fréquence sont en pleine expansion et reposent sur des ordinateurs, sans intervention humaine (voir aussi notre chronique du 4 octobre 2011 Ce sera le meilleur des mondes ? http://www.michel-lerond.com/article-ce-sera-le-meilleur-des-mondes-85779199.html). Cette situation laisse imaginer qu’un « krach boursier automatique » soit tout à fait possible… puisque seuls des ordinateurs peuvent rivaliser avec… des ordinateurs. De plus les systèmes de contrôles sont également automatisés. La présence d’un trader dans le dispositif pourrait nous rassurer !
Les gouvernements, les politiques donc, n’en finissent pas de discuter des solutions, d’un G20 à l’autre… sans résultat. Quelle situation rocambolesque où une toute petite caste de crânes d’œuf construit des programmes ultra-secrets (et au reste incompréhensibles par le non initié), qu’elle fait gérer par des ordinateurs très sophistiqués qui communiquent entre eux en déjouant tous les contrôles.
Les politiques sont impuissants face à cette machinerie, complètement dépassés, mais gesticulant avec fébrilité en proférant des menaces martiales et sans lendemain… C’est à pleurer !