Plutôt que raisonner à partir de nos consommations actuelles et leur progression supposée, il faudrait partir des usages et besoins réels, de nos modes de vie et des impacts des moyens de production. Le choix politique fort à faire est bien celui de la sobriété, souhaitons que la prochaine élection présidentielle permette d’amorcer ce virage ! Les virages en courbe douce peuvent être moins dangereux que les lignes droites !
Il s’agit donc maintenant de sortir de notre pensée étriquée, de considérer ce qui nous entoure, de procéder à un remaniement de notre rapport au monde. Pour ma part, je veux continuer à habiter la Terre ! Cette idée me poursuit depuis les années 1960 : « J’avais alors le souci de définir le naturalisme. L’homme est issu de la nature et ne peut vivre sans elle. C’est donc la preuve que la nature doit être prise pour première référence aux choses de la vie. C’est cela le naturalisme, admettre l’unité et la diversité du monde naturel. Je pensais que ce n’était pas obligatoirement avoir des connaissances abondantes et précises en histoire naturelle, mais peut-être plus simplement une façon de penser et d’agir en fonction de la nature, en accord avec elle. ». (Faire passer le message- Persée, Paris, 2018.- 158 p. - 14€20).
Ce grand débat naissant n’est pas simple, mais il a au moins le mérite de poser le problème clairement, en transcendant le tabou. Cette nouvelle attitude affiche ainsi une grande inquiétude, interpelle sur la démographie planétaire et aiguise la notion de solidarité entre les civilisations dans la mesure où de plus en plus de jeunes pensent que, plutôt que faire des enfants sur une planète surpeuplée, il faut mieux prendre soin des personnes déjà présentes en adoptant des enfants à qui on peut redonner une chance. Notre proposition 79 de « Les clés de notre avenir » reprend l’appel de 2017 de 15 000 scientifiques : « Déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s'assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital ».
Au plan international, les réserves de biosphère ont été créées en 1976 par l’UNESCO pour concilier la conservation de la biodiversité et le développement soutenable. Une réserve de biosphère ne se superpose pas aux législations nationales existantes et peut être transfrontière ou intercontinentale. Les acteurs impliqués dans la gestion doivent intégrer la conservation de la biodiversité, mais aussi le développement économique, ce qui implique que la population soit impliquée dans les prises de décision. Il s’agit de démontrer que l’homme peut utiliser la biodiversité sans la détruire. En 2021, on dénombre 727 réserves de biosphère dont 21 transfrontières réparties dans 132 pays, concernant une population d'environ 170 millions habitants sur 5 % de la surface de la planète. L’objectif final est de couvrir 30 % de la surface terrestre en réserves de biosphère avant 2030… demain !
La France compte 16 réserves de biosphère, dont 2 nouveaux sites en Martinique et en Moselle-Sud depuis le 15 septembre 2021. En Martinique, c’est l’ensemble du territoire terrestre et marin qui se trouve ainsi protégé pour préserver à la fois les richesses naturelles et culturelles. En métropole, le département de la Moselle voit ainsi protégé 139 257 ha avec pentes montagneuses, vallée mosellane, forêts et zones humides, soit 22 % de la surface du département qui compte un peu plus d’un million d’habitants ! De quoi méditer…
Voilà bien une orientation à privilégier pour préserver efficacement la biodiversité au niveau local dans un contexte mondial, alors que les Parcs naturels régionaux sont devenus obsolètes dans la mesure où les communautés de communes disposent quasiment des mêmes moyens pour agir, ce qui nous a amené à proposer d’étendre à tout le territoire les vocations des PNR (proposition 21 de « Les clés de notre avenir »).
Il y en a marre ! Mais quand donc allons-nous réagir ? En France c’est reparti pour la campagne électorale de la présidentielle 2022. Les Français adorent les campagnes électorales, même s’ils ne votent qu’en petit nombre… Et voilà c’est reparti comme pour le monde d’avant, avec relance économique, croissance et tutti quanti ! Avec quelques touches vertes ici ou là, pour tenter de convaincre que l’on a bien compris le message. Désespérant… C’est ainsi que la loi Climat et résilience, adoptée pendant l’été 2021, à la suite des travaux de la Convention citoyenne lancée en 2019, constitue un « tournant culturel » pour le gouvernement, alors qu’elle n’est qu’une ébauche de ce qu’il faudrait faire. A cette occasion, le Haut Conseil pour le climat (instance consultative indépendante chargée d’évaluer la compatibilité de la politique du gouvernement avec l’Accord de Paris) a souligné combien la France se prépare mal au choc climatique qui nous attend, avec une action très insuffisante, alors que la situation empire. Cette insuffisance a été pointée du doigt par de nombreuses instances dont le Conseil d’Etat qui a enjoint le Gouvernement de prendre des mesures supplémentaires avant mars 2022 afin d’espérer atteindre les objectifs de la Convention de Paris de 2015. A cet égard, il est frappant de constater qu’un seul pays, sur 195, a respecté les engagements de l’Accord de Paris de 1995, 26 ans plus tard !... Le seul bon élève est la Gambie, petit pays de l’Afrique de l’Ouest d’un peu plus de 2 millions d’habitants. Désespérant !... alors que 36 états + l’Union Européenne sont responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Les plus mauvais élèves sont les Etats-Unis, la Chine, le Canada, l’Australie, l’Inde, la Russie, l’Arabie saoudite et l’Union Européenne…
Le pire n’étant jamais sûr, il faut se réjouir d’une prise de conscience grandissante du public et en particulier des jeunes, même si celle-ci génère une éco-anxiété évoquée au début de cette chronique. En effet, ce n’est même pas de réformes dont nous avons besoin, mais d’une nouvelle civilisation pour refonder le monde sur des bases nouvelles. Ce nouveau monde devrait s’appuyer d’abord sur une réconciliation entre l’Homme et la nature, mais aussi sur une technologie respectueuse de l’environnement, au bénéfice de tous et non pas un business de court terme. Ce nouveau monde devra réinventer la démocratie pour que l’économie soit au bénéfice de tous et non pas d’une petite minorité d’ultra riches. Cela passera par des contraintes qui devront être expliquées, comprises et acceptées pour retrouver une harmonie entre notre bien-être et notre environnement, c’est-à-dire pour garantir un avenir aux futures générations. Les contraintes pour nous, les Terriens du moment, vont en effet être lourdes. On peut ainsi imaginer qu’il va falloir très vite interdire la vente des logements mal isolés, voire les démolir. Bientôt sans doute, les véhicules trop polluants seront tout simplement interdits en ville, et les villes seront de plus en plus sans voitures individuelles, au profit des transports en commun. En dehors des villes, on peut s’attendre à que ce soit érigés des quotas de kilomètres parcourus par an, au-delà desquels il faudra laisser la voiture à la maison. De même pour les avions dont l’accès sera bientôt interdit sur des distances trop courtes ou limité selon des quotas pour des vols longue distance. Dans le domaine de l’alimentation, il faut s’attendre à ce que les produits de proximité soit favorisés systématiquement et certaines importations sans doute interdites. Les livraisons devront se faire avec des petits véhicules peu ou pas polluants. Quant aux activités polluantes, elles doivent s’attendre à des recadrages forts… etc. Il n’est pas dit que toutes ces mesures à venir soient acceptées facilement et on peut s’attendre à des contestations et des manifestations. Ce sera à chacun de nous de choisir entre les options possibles pour l’avenir : changer ou mourir !
A une toute petite échelle, à quoi bon ce blog ? A quoi peut-il bien servir ? Je m’efforcerai maintenant de formuler des propositions concrètes pour progresser, autant que possible.
Compte-tenu des espérances de vie actuelles, mes petits-enfants nés entre 2000 et 2011 devraient vivre jusque 2080-2095. Quel monde les attend ? Quels soucis ou cauchemars risquent-ils de vivre ? Qu’avons-nous fait, qu’ai-je fais pour améliorer leur futur ? Alors oui, il y en a marre ! Mais quand donc allons-nous AGIR ?
Climat, biodiversité, pandémies… voilà bien les vrais enjeux. Pour AGIR et réinventer le monde, plus que jamais, il est temps de Faire passer le message et de se donner les Clés de notre avenir !, petit ouvrage qui fait état de 93 propositions pour aller de l’avant.
Faire passer le message - Persée, Paris, 2018.- 158 p. – 14€20
Les clés de notre avenir - Persée, 2020.- 100 p. – 10 €.
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