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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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12 juillet 2016 2 12 /07 /juillet /2016 07:52

     Souvent sur ce  blog, nous avons vilipendé les politiques pour leur manque de clairvoyance, de prospective et de conscience de l’importance de notre environnement. Pourtant… quelle agréable surprise lorsque l’on entend des propos d’une lucidité implacable qui font chaud au cœur.

     Ainsi, Edgar Pisani, ancien ministre de De Gaulle et de Mitterand, fut l’un des pères de la Politique agricole commune européenne (PAC). Décédé le 20 juin 2016, à l’âge de 97 ans, Edgard Pisani a eu la lucidité, à la fin de sa vie, de mettre en cause sa propre action qui a conduit… à la toute puissance de l’agrobusiness. C’est par cette révolution des pratiques agricoles que va se faire progressivement la mise sous tutelle de la paysannerie par l’agrobusiness, l’invasion de la chimie, la destruction des sols et des haies. Edgar Pisani confiait qu’il n’aurait pas imaginé que cette politique irait aussi loin et se le reprochait.

     La PAC a en effet conduit à l’émergence d’une dualité agricole, avec les grandes cultures et l’agriculture familiale, dont l’équilibre s’avéra vite illusoire. Ceci  allant jusqu’à l’asphyxie de l’agriculture familiale, asservie à la grande distribution et l’agrobusiness. Une cinquantaine d’années plus tard, la France a perdu 4/5 de ses exploitations agricoles et environ 25 % de ses emplois à la terre.

     C’est au vu de ce constat qu’Edgar Pisani se demandait comment faire marche arrière. Dans ce but, il proposa de corriger les excès de la PAC avec, par exemple : Remettre en chantier l’ensemble des mesures qui ont pris place dans la Politique agricole commune, pour que celle-ci assume, conformément au Traité de Rome, non plus seulement sa fonction productive mais tout en même temps sa fonction sociale, territoriale, culturelle. Il alla même jusqu’à proposer une évolution drastique de la PAC : Un nouveau système d’intervention doit être adopté, qui tienne compte de la nature des produits, de la région de production, qui soit inversement proportionnel à la dimension des exploitations et intègre les fonctions non productives de l’exploitation. Il ajoutait encore qu’une PAC refondée doit être au service exclusif de l’agriculture et des agriculteurs. L’agrobusiness et ses usines agricoles relèvent de l’industrie et doivent de ce fait être non seulement exclus des aides agricoles, sans exception aucune, mais en plus, soumis aux règles communes de la politique de concurrence en vigueur dans l’industrie. 

     En quelque sorte, Edgar Pisani invitait à liquider l’héritage du ministre de l’agriculture du général de Gaulle, c’est à dire lui-même. Imaginons que quelqu’un assure son héritage intellectuel… C’est pas foutu, je vous dis !    

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5 juillet 2016 2 05 /07 /juillet /2016 08:08

     Que ne l’a-t-on répété : les gens ne pensent qu’à eux, sont de plus en plus égoïstes. Oui sans doute.  Est-ce vraiment nouveau ? Et ne peut-on aisément prouver le contraire comme l’attestent les élans de solidarité lors des récentes inondations.

     Ainsi on constate de plus en plus d’exemples d’échanges désintéressés, sans argent en jeu et qui peuvent laisser perplexe dans le contexte de notre société-fric. Gratos !

     En Normandie, on trouve à Rouen des boîtes à livres où chacun peut déposer librement des livres, en emprunter, les rendre ou pas. Ce système est repris également à Saint-Saëns ou les cabines téléphoniques désaffectées ont été reconverties en « bibliothèques de plein air », dans un esprit d’incitation à la lecture et de partage. A Gournay-en-Bray, c’est une voiture qui est mise en partage par une association, librement et gratuitement, pour aider les personnes en difficulté à aller chez le médecin ou tout simplement au travail. Un chauffeur bénévole est mis à disposition. L’association fonctionne sans subvention, mais avec des sponsors.

     C’est l’été 2015 qu’a ouvert à Paris, avenue Daumesnil, la « boutique sans argent ». On apporte ou on prend, sans justificatif, gratuitement, ce que l’on veut. Déroutant ! En Normandie, à Buchy, la « Maison de l’espoir » fonctionne sur le même principe en revendant des vêtements à 1 euro.

     Depuis peu ce sont multipliés les initiatives de « café suspendu » dans des bars : vous prenez un café, en payez deux, le second étant offert au client suivant qui n’a pas les moyens de payer. Cette initiative des cafetiers a été reprise par des boulangers, des restaurateurs ou des coiffeurs. Le plus compliqué, figurez-vous, c’est de faire accepter la gratuité par les clients nécessiteux ! Ils n’y croient pas et n’osent pas…

     Ce principe de gratuité se répand aussi avec des grainothèques et même des jardins potagers  en ville dans des parcs.

     Mais qui donc a dit que l’humanité était désespérante ? Ces expériences ne vont pas remettre en cause le système économique dans lequel nous vivons, mais développent une culture du don, un rejet du gaspillage et un élan de solidarité qui font chaud au cœur par les temps qui courent.

     Si ces petites initiatives peuvent contribuer à notre bonheur, en donnant ou recevant selon les cas, elles peuvent peut être nous aider à changer le monde. Le changement c’est maintenant !

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28 juin 2016 2 28 /06 /juin /2016 07:44

2. Et après, encore plus clair ?

     En France est envisagée la fermeture de Fessenheim. Mais si la mise en place des installations n’est pas simple, les arrêter ne l’est guère plus.

     - Le démantèlement de la centrale française la plus ancienne, celle de Brennilis en Bretagne pose quelques problèmes qui suscitent des interrogations pour la suite des démantèlements à prévoir. Cette centrale de seulement 70 mégawats, commencée en 1962 est entrée en service en 1967 et arrêtée définitivement  en 1985. En 2005, le coût du démantèlement est estimé à 482 millions d’euros, soit… 20 fois plus que l’estimation initiale. Accessoirement, la centrale a subi une inondation en 2000, des départs de feu en 2001 et 2015. Le démantèlement, maintenant suspendu, génère des déchets radioactifs à très grande durée de vie. Du plutonium est détecté dans le chenal de rejet des eaux, en 2007. Voilà quelques enseignements à tirer pour la suite !
     - Le futur site d'enfouissement nucléaire de la Meuse est prévu pour 49 000 m3 de déchets radioactifs en 2030. Les opposants au projet s'inquiètent de la sous-évaluation des risques géologiques : séismes, infiltrations d’eau et mouvements de terrain… Accessoirement le coût final, estimé à 16 milliards d’euros, a été réévalué à 36 milliards d’euros ! Le patron de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), Jacques Repussard, regrettait en 2013 que l’atome tienne trop de place en France. Faut-il ajouter encore que Greenpeace a réussi une intrusion à Fessenheim et que plusieurs drones ont survolé des centrales. Et s’il s’agit d’initiatives de terroristes ?

     - Quant à l’EPR de Flamanville, il a connu… quelques déboires, quelques malfaçons qui sont à la hauteur de notre savoir-faire… Après enquête, il semble bien qu’environ 400 pièces auraient été falsifiées « pour faire des économies »…

     - La remise en état des 34 centrales les plus anciennes (entrées en service entre 1977 et 1987), commencée en 2012, est évaluée à 110 milliards d’euros. L’accident survenu à Paluel fin mars 2016 dans le cadre du grand carénage a donné lieu à une inspection de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) qui s’interroge sur la réalité du confinement des substances hautement radioactives encore présentes dans la cuve du réacteur. Le réacteur incriminé pourrait bien être mis au rebut définitivement…

     Alors, est-ce bien clair ? Objectivement beaucoup d’interrogations demeurent sur la sécurité. Si un jour… hélas un vrai drame survenait, ceux qui pourraient être accusés de crime contre l’humanité ne seront sans doute plus là…

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21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 08:19
  1. Clair ou clair-obscur ?

     Dans le monde et en France en particulier, nous consommons de plus en plus d'énergie et dans le "bouquet énergétique" l'électricité est en bonne place. Dans ce contexte, l'électricité d'origine nucléaire représente 76 % de la production totale en France. Certes, si le nucléaire présente des risques, ceux-ci existent aussi ailleurs et le nombre de morts reste faible. De même le bilan CO2 est très bon. Voilà des points positifs en faveur de cette énergie. Mais... ne peut-on parfois douter de certaines affirmations ?

   Ainsi en Belgique, la centrale de Tihange a révélé dès 2012 des "potentielles fissures" mais qui étaient là depuis l'origine et qui ne présentaient aucun risque. Toutefois l'AFCN (Agence fédérale de contrôle nucléaire) a demandé que le site de Tihange, inondable, soit protégé par un mur pour prévenir une crue de la Meuse... Le patron de l'AFCN, Willy de Roovere s'est interrogé publiquement sur l'acceptabilité du risque nucléaire.

    Aux USA, le site nucléaire de Hamford, dans l'Etat de Washington, est l'une des plus vieilles centrales, qui fuit dans l'indifférence. Cette centrale, fermée en 1987, stocke 2/3 des déchets nucléaires du pays et a déjà laissé échapper 378 millions de litres de déchets radioactifs, mais "il n'y a aucun risque pour la santé publique dans l'immédiat".

       Au Japon, après l'accident de Fukushima en 2011, près de 2 000 travailleurs ont subi des radiations supérieures à 100 millisieverts, le niveau d'alerte, mais
les risques de cancer de la thyroïde "seraient faibles pour les populations plus éloignées"...

    Et en France, ce pays cartésien où la sécurité des populations prime sur tout dans le fonctionnement de nos 58 réacteurs, une énergie "propre et peu onéreuse" ?

    - C'est en 2008 qu'a été demandée par l'Association trinationale de protection nucléaire regroupant les communes françaises, allemandes et suisses concernées, la fermeture de Fessenheim. L'argumentaire étant la sous évaluation du risque sismique, la non-prise en compte du risque d'inondation, ainsi que les normes de rejets d'effluents liquides et gazeux anciennes et... illégales. La fermeture annoncée pour fin 2016, semble reportée à 2025, peut-être ?

     Qu’en sera-t-il un peu plus tard ?

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14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 08:12

     Les orages violents, ce n’est pas nouveau. Les pluies torrentielles, non plus. Les inondations, non plus. Mais… quelle surprise lorsque des orages violents sont accompagnés de pluies torrentielles engendrant des inondations dans des lieux inattendus et avec une ampleur rarement constatée. Ainsi fin mai 2016, de violents orages s’abattaient sur une grande partie de la France, accompagnés de précipitations de quelques heures apportant autant d’eau qu’en plusieurs semaines en temps normal. Des inondations, parfois très locales, sont apparues en des lieux qui n’en avaient jamais connues. En Normandie ce fut le cas notamment sur le département de l’Eure, à Rouen, Buchy et le Pays de Bray.

     Ainsi à Buchy il est tombé 85mm d’eau en une heure, provoquant une inondation du centre bourg de près d’un mètre. En Pays de Bray on a constaté plusieurs coulées de boues. Un peu plus tôt, fin 2015, les inondations qui avaient frappé le littoral méditerranéen avaient fait 20 morts ; il s’agissait là d’un épisode cévenol assez classique, mais qui prend de l’ampleur, au moins dans ses conséquences.

     On manque encore de recul pour affirmer un lien avec les changements climatiques en cours, mais partout semble croître la fréquence et l’intensité de ces phénomènes, ce qui invite à retenir cette hypothèse. A cela s’ajoutent un certain nombre d’aménagements liés à l’agriculture (retournement des prairies, arasement des haies, comblement des mares…) et à l’urbanisation (étalement urbain, imperméabilisation des sols, grignotage des terres agricoles…) qui accélèrent les écoulements et le cumul des eaux en zones basses.

     Comme Corneille le faisait dire à Don Diègue dans le Cid :

     Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !

     N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

     Soit en langage d’aujourd’hui : via l’Europe et la France, les contribuables sont invités à payer au 21ème siècle les réparations des dégâts causés par les dérives de l’agriculture et de l’urbanisme au 20ème siècle, subventionnés par… l’Europe et la France.

     Réjouissons-nous toutefois que ces épisodes dramatiques suscitent des élans de solidarité exemplaires. De plus, et c’est le plus important, des réactions positives se mettent en place, il n’est jamais trop tard : la région Normandie lance un appel à projets relatifs aux investissements dits « non-productifs » liés à la réalisation d’objectifs agroenvironnementaux et climatiques (http://www.europe-haute-normandie.fr/actualites/feader/aap-4-4/) en ciblant en priorité les plantations et replantations du patrimoine arboré typique des territoires haut-normands sur terrains agricoles : haies de clos-masure, arbres têtards en vallée de Seine, haies vives en Pays de Bray, ripisylves, etc.

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7 juin 2016 2 07 /06 /juin /2016 08:04

     La planète Terre a déjà connu cinq extinctions massives d’espèces depuis 500 millions d’années, la dernière datant (seulement) de 65 millions d’années avec notamment la disparition des dinosaures. Selon un certain nombre de scientifiques, nous serions actuellement en train de commencer à vivre la « 6ème extinction » avec un rythme de disparition d’espèces qui ne cesse de s’accélérer du fait des activités humaines. Bien sûr tout cela n’est pas très optimiste et un peu agaçant, mais nous concerne au premier chef, d’autant plus s’il se trouvait que l’espèce humaine fasse partie du wagon…

     Dans un tel contexte d’accélération du processus, les naturalistes constatent, impuissants, que la biodiversité s’érode plus vite qu’ils ne décrivent les espèces. Trop peu nombreux pour effectuer un inventaire de longue haleine, les naturalistes n’ont pu identifier qu’une partie de la richesse vivante de notre planète. Environ 1,8 million d’espèces ont pu être répertoriées, mais on estime qu’il en reste 8 ou 20 millions, ou plus encore à découvrir et identifier, personne ne le sait… Si l’on connaît assez bien les mammifères et oiseaux, on connaît seulement 350 à 400 000 espèces d’insectes sur sans doute plusieurs millions ! Dans le domaine des plantes, on connaît une bonne partie des plantes dites « supérieures », mais pour les mousses, lichens, champignons, algues ou autres il reste un énorme travail à faire. Certains domaines, comme les insectes, les mollusques ou les plantes cryptogames sont très dépourvus de spécialistes.

     Le drame est que, précisément, nombre de ces espèces disparaissent sous nos yeux, sans même que nous les connaissions. On estime que chaque jour, au niveau mondial, trois ou quatre espèces de plantes sont décrites et que dans le même temps il en disparaît 70 à 80 ! Fort heureusement, il existe des lieux où attendent patiemment des millions d’espèces, en attente de leur « état civil ». Ces lieux, ce sont les museums dans lesquels explorateurs et naturalistes ont accumulé d’innombrables échantillons rapportés de leurs voyages, depuis le XVIIIème siècle. Ces museums constituent un véritable outil d'avenir qu’il faut valoriser, ce sont des conservatoires d’espèces pour la recherche scientifique.              Peu rassurant, le phénomène s’amplifie : les méthodes modernes de collecte permettent de rapporter de plus en plus d’échantillons, mais le nombre de spécialistes n’augmente pas…

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31 mai 2016 2 31 /05 /mai /2016 08:00

     Devant les problèmes de pollution atmosphériques et de modifications climatiques, on s’interroge de plus en plus sur les modalités des transports, que ce soit des voyageurs ou des marchandises. La multimodalité est un des moyens de réduire les impacts environnementaux en privilégiant les transports les moins énergivores pour les longues distances (bateau, péniche ou train) et en réservant le camion en amont et en aval, là où d’autres moyens ne sont pas possibles. Les conteneurs de marchandises constituent un exemple de bonne gestion de la multimodalité entre le transport maritime (porte-conteneurs), le transport fluvial (péniches), le chemin de fer (fret ferroviaire) et le transport routier (camions). Cela du moins en théorie, la pratique étant légèrement différente…

     Le train et la péniche consomment moins d’énergie fossile que le camion ou l’avion et émettent moins de gaz à effet de serre et de polluants dans l’air. C’est pourquoi la loi d’août 2009 fixe des objectifs de report modal du fret. Ces objectifs sont loin d’être atteints et la domination du transport routier ne cesse d’augmenter ! Grosso modo, en France actuellement, les marchandises sont transportées à 87 % par camion, à 10 % par train et la péniche reste à un niveau très faible. Bref, la réalité est à peu près inverse des objectifs de la loi…   

    Une grosse partie des marchandises circule maintenant à travers le monde en conteneurs qui transitent par les ports maritimes. Ainsi pour Haropa – Port du Havre, ce sont 500 000 conteneurs qui entrent et sortent du port chaque année. A Anvers et Rotterdam, le transport fluvial et ferroviaire représente entre 30 et 40 % de l’activité, alors qu’il n’est que de 15 % pour les ports de Haropa (Le Havre – Rouen – Paris) avec seulement 4 % de part ferroviaire… en baisse continuelle. Cette situation aberrante devrait toutefois s’améliorer avec la modernisation d’une ligne au nord de la vallée de la Seine privilégiant le fret par rapport à l’axe ferroviaire historique Le Havre – Rouen – Paris saturé. La mise en service de cette ligne permettrait de retirer de la route de l’ordre de 200 à 300 000 camions par an ! Mais rien n’est simple et la mise en service traîne un peu. Certains riverains de cette ligne, en particulier entre Serqueux et Gisors, craignent des nuisances sonores importantes. On peut les comprendre avec le passage de 25 trains de fret par jour, d’autant plus que la SNCF n’a pas fait d’efforts exceptionnels pour la mise en place d’écrans anti-bruit efficaces ou pour permettre le maintien du réseau de voierie locale avec des passages supérieurs ou inférieurs. Certains élus locaux ont cru bon d’abonder en ce sens et certains mauvais esprits assurent que la SNCF traîne des pieds, les cheminots n’étant pas enthousiasmés par la croissance du fret… Voilà donc tout le monde d’accord ! Quant aux défis environnementaux à relever dans le cadre de la récente COP21 pour réduire les modifications climatiques… on verra plus tard.

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24 mai 2016 2 24 /05 /mai /2016 07:56

     Oui les pesticides, c’est la peste ici ! Nous l’avons évoqué à maintes reprises sur ce blog à l’occasion d’une dizaine de chroniques. Faut-il rappeler que le prise de conscience de l’impact des pesticides sur la santé et l’environnement date de… 54 ans, lorsque la biologiste américaine Rachel Carson publiait son ouvrage « Printemps silencieux » qui accusait certains pesticides d’être dangereux pour les oiseaux et pour l’homme. Ce livre fut à l’origine d’une prise de conscience de l’opinion publique en Amérique, puis en Europe. Aujourd’hui la conscience des risques ne cesse de grandir, y compris dans la profession agricole concernée en premier lieu, en même temps que l’usage de ces produits ne cesse de croître : une hausse annuelle moyenne de 5,8 % entre 2011 et 2014. Dans le même temps les rendements des cultures amorcent une baisse depuis 2009, cherchez l’erreur.

     C’est l’Institut de veille sanitaire qui le dit : 100 % de la population française porte des traces de pesticides. Que des traces, à doses parfois très faibles, donc pas de problème. Si ce n’est que « l’effet cocktail » de ces produits est à peu près inconnu. Pas de souci, on se reverra dans une vingtaine d’années pour compter l’évolution des cancers et de la maladie de Parkinson… D’ores et déjà, l’OMS, Organisation mondiale de la santé, estime que l’intoxication par les pesticides tue 250 000 personnes par an dans le monde. Insignifiant en somme…

     Cerise sur le gâteau, les pesticides coûteraient plus qu’ils ne rapportent. Certes ils permettent de protéger les cultures, mais génèrent aussi des coûts de santé (pas de souci, votre cancer sera pris en charge à 100 % par la sécu), et de dépollution de l’eau, entre autres, qui ne sont pas comptabilisés. Voilà bien de quoi méditer sur la conception « moderne » de l’agriculture qui voudrait que l’on privilégie les intrans et l’industrialisation. Mais pas d’inquiétude infondée, cela rapporte tout de même… à certains.

     Face à cette question malgré tout assez préoccupante, la France a lancé un plan « Ecophyto » en 2009 avec l’objectif de réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici 2018. Echec assuré, mais pas de panique, on vient de sortir un plan « Ecophyto 2 », avec le même objectif pour… 2025. En plus de cela, voilà que des parlementaires (que certains n’ont pas hésité à qualifier de « sénatueurs d’abeilles ») ont rejeté l’idée d’une interdiction des insecticides néonicotinoïdes qui leur semble tout simplement… inenvisageable. Encore plus fort : l’Union Européenne se prépare à voter la directive « secrets d’affaires » qui vise à faciliter la commercialisation de pesticides ou de médicaments sans devoir rendre des comptes aux citoyens, agriculteurs, médecins ou malades…

     Bien sûr, c’est facile de critiquer mais que fait-on ? Quelles alternatives aux pesticides sont possibles ? On pourrait répondre que l’alternative c’est la raison et le bon sens : l’agriculture biologique qui ne représente encore que 6,5 % des fermes françaises mais ne cesse de croître et l’agroécologie qui consiste à utiliser les services rendus par la nature (lutte biologique contre les prédateurs par exemple). Il s’agit bien là d’un changement radical de culture, c’est le cas de le dire, mais aussi de modèle économique. Et là, peste alors !

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17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 08:15

     La France est une démocratie où les parlementaires votent les lois, et sont censés évaluer leur mise en œuvre. De plus il existe pour de nombreux projets des procédures et instances d’information du public et de concertation. Malgré cela, nous avons bien du mal à nous entendre et même à nous parler ! Les Français, quelque peu râleurs, préfèrent souvent d’abord manifester, puis éventuellement négocier… Pour le seul début d’année 2016, on peut noter, entre autres, quelques manifestations prises au hasard : 

  • Janvier : Les taxis, professionnels libéraux, n’acceptent pas la concurrence : opérations escargots à Toulouse et Marseille, blocage de la porte Maillot à Paris.
  • Février :
    • Les agriculteurs sont excédés par les prix trop bas du lait. Ils demandent à être aidés, mais pas avec des primes : blocage total de plusieurs villes, déversements de fumier en divers endroits.
    • Les auto-écoles demandent le report de la nouvelle épreuve du code de la route : manifestations et blocages à Paris et plusieurs autres villes.
  • Mars :
    • Manifestation à Calais par des « Identitaires » opposés aux migrants.
    • Les petits cirques de famille dénoncent le manque de lieux d’accueil pour installer leur chapiteau : manifestation à Paris.
  • Avril :
    • Des salariés de General Electric venus de toute l’Europe ont manifesté à La Défense à Paris pour réclamer des négociations après l'annonce d'un plan de restructuration.
    • Les syndicats de salariés et de lycéens ont lancé plusieurs appels à la mobilisation partout en France pour demander le retrait du projet de loi sur la réforme du travail.

     Tout cela se passe en France, mais qu’on se console, on peut trouver aussi quelques exemples ailleurs :

     En mars à Bruxelles les organisateurs de "la marche contre la peur" ont décidé d'annuler leur manifestation pour raisons de sécurité. Ils ont eu peur. Une histoire belge !

     En Afrique du sud, le mouvement de colère qui se réveille sur les campus révèle le profond malaise ressenti par la jeunesse, toujours sans perspective.

     Bref, une à deux fois par semaines, il y a manif… Alors, pour ma part, j’ai décidé de manifester aussi : j’ai barré mon impasse, halte aux manifestations !

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9 mai 2016 1 09 /05 /mai /2016 17:50

     On reproche parfois aux éoliennes de dégrader les paysages. Peut-être… mais elles peuvent aussi agrémenter certaines contrées comme la Beauce, par exemple, où leurs grandes hélices donnent une certaine grâce à ces terres nues et infinies. Mais l’essentiel n’est pas là, le but étant de produire de l’énergie renouvelable. C’est l’objet d’une polémique actuelle dans la mesure où il semble bien que la moitié des éoliennes françaises ne sont pas raccordées au réseau et tournent… dans le vide. Selon le Canard Enchaîné, il y aurait un potentiel non utilisé de 10 748 MW, soit un peu plus que l’énergie des éoliennes raccordées au réseau. Ce retard résulterait du fait qu’EDF accorde toujours la priorité au nucléaire et verrait d’un mauvais œil les progrès des énergies renouvelables. Bien sûr EDF dément cette information en assurant que dans 97 % des cas, les délais sont respectés, mais reconnaissant toutefois qu’il faut plusieurs années entre une demande de raccordement d’éolienne et son branchement effectif. Qui croire ? Il est tout de même révélateur que par rapport à l’engagement pris par la France de parvenir à 23 % d’énergie renouvelable en 2020, nous en sommes aujourd’hui à… 14,6 %. Comme disent certains mauvais esprits : « les éoliennes tournent dans le vide, mais au moins elles tournent, pas comme l’EPR… »

     Qui croire en effet et comment faire confiance quand on apprend que le 31 mars 2016, sur le chantier de maintenance de la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime) un générateur de vapeur de, excusez du peu, 465 tonnes est tombé de toute sa hauteur de 22 mètres en partie sur le béton du bâtiment du réacteur, endommageant notamment certains plateaux de protection de la piscine du bâtiment, selon les premières observations réalisées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Selon EDF, «Il y a des pièces cassées qu’il faut refabriquer, peut-être pas à l’identique parce que la cause (de l’accident) est peut-être la non fiabilité de ces pièces».

     Tout ceci par inadvertance bien entendu, ce scénario n’ayant pas été envisagé, puisque « impossible ». Les fondations du bâtiment ont-elles été ébranlées, c’est la question à laquelle il faudra répondre. Depuis plusieurs mois quelques autres incidents mineurs ont été constatés, tels qu’un début d’incendie dans le bâtiment électrique du réacteur N° 2. Soyons rassurés, EDF indiquait dans un communiqué que «l’’événement n’a aucun impact, ni sur la sûreté des installations, ni sur l’environnement », si ce n’est… une légère incidence financière !

     Quelle élégance…, à moins qu’il ne s’agisse de déchéance.

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