L’hiver a été plutôt doux, mais malgré tout le soleil printanier est bien appréciable. Antoine vient d’arriver et nous nous installons sur la terrasse en cette fin d’après-midi, autour d’une bonne bière. Tout de suite la conversation part sur les questions de santé.
- Antoine : Je rentre de la pharmacie. Quelle surprise. Sur mon ordonnance, plusieurs médicaments ne sont plus remboursés. C’est vraiment scandaleux ! Plus ça va, plus il faut payer, les impôts, les taxes et maintenant les médicaments.
- Michaël : Je comprends ton amertume, mais tu sais bien que la sécu est en déficit récurent, à presque 7 milliards d’euros, tu te rends compte ! Tu sais bien que l’on utilise des traitements de plus en plus chers, notamment contre les cancers. Cela contribue à augmenter le déficit de la sécu et il y a un moment où ça coince !
- Antoine : Oui d’accord, d’accord, mais ce sont les prix des labos qui sont exorbitants, ils s’en foutent plein les poches et on laisse faire !
- Michaël : Tu as sans doute raison en partie, mais il faudrait un peu plus de transparence dans le monde médical. Là comme ailleurs il faudrait savoir combien ça coûte et qui paye quoi… Tu sais bien que mon épouse a souffert d’un cancer pendant 13 ans. Combien a coûté le traitement ? C’est quasi impossible à savoir, 100 000€ ? 150 000€ ? Personne ne sait et tout le monde s’en fout au prétexte que la santé n’a pas de prix. OK mais elle a un coût et qui paye ? J’ai eu bien du mal à connaître le prix de journée au centre anti-cancer, on ne voulait pas me le dire, on n’avait pas à me le dire puisqu’on ne paye rien…
- Antoine : Ouais, c’est vrai que ça laisse un peu songeur…
- Michaël : Quant aux labos, c’est l’éternelle question : quel est l’objectif, fournir un service ou faire du fric ? Les labos sont dans la logique de notre société : vendre un service en faisant le maximum de fric ! C’est aussi à nous de savoir ce que l’on veut, le dire et l’exprimer par nos votes et nos actes citoyens.
- Antoine : En fait tout cela est devenu trop facile, avec la carte vitale en plus : plus de papiers, plus d’envoi, c’est gratuit et c’est tout.
- Michaël : Les déremboursements, par contre, peuvent entraîner des inégalités entre les patients. Pour éviter cela, il faudrait définir un juste prix des médicaments basé sur les investissements réels des labos et en associant les représentants de patients et des professionnels de la santé.
Le soleil décline et la chaleur s’atténue. D’un accord tacite les deux verres s’entrechoquent et tous deux en cœur : A ta santé, Mec !