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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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12 août 2014 2 12 /08 /août /2014 07:54

Nous poursuivons notre découverte paysagère à travers la littérature.

L'agriculture continue bien sûr :

Pierre-Noël Frileux. Les groupements végétaux du Pays de Bray. 1977.

« En 1835 le Comité de la Société d'Agriculture déclare que la partie occidentale du Bray est tout à fait méconnaissable par comparaison avec ce qui était autrefois, c'est-à-dire d'immenses landes et marais incultes. Très souvent les nouveaux champs ne furent pas directement mis en herbe. Beaucoup furent cultivés en seigle, orge, avoine et pomme de terre, récemment popularisées dans la région. Leur conversion en herbe n'est intervenue que plus tard dans le siècle. Ces herbages furent sillonnés par des fossés de drainage et entourés par des haies plantées sur un talus fabriqué avec le sol extrait du fossé. Les fossés de drainage doivent être régulièrement entretenus sous peine d'annuler rapidement les efforts d'amélioration. La dégradation s'annonce alors par l'envahissement du terrain par les joncs.

...Ainsi, dans la deuxième moitié du 19ème siècle... la création d'herbages étend la zone bocagère du Bray ; des parcelles nouvelles, récemment enherbées et encloses, sont ajoutées à celles établies dans le passé lointain. Ces enclos récents sont encore reconnaissables dans le paysage ; ils sont entourés de haies jeunes, pauvres en espèces ligneuses. »

Les nouvelles clôtures :

Ch. Brioux et P. Labounoux. Le Bray de la seine-Inférieure, zones des herbages et des bouveries. 1944.

« Clôtures : Les clôtures des prairies et des herbages sont constituées généralement par des haies vives dites haies de pied. Les usages locaux fixent leur hauteur à deux mètres, mais très souvent elles atteignent trois et quatre mètres. Conformément aux usages locaux également, les haies de pied se coupent tous les six ans dans l'arrondissement de Neufchâtel, sauf à Gournay où elles se coupent tous les neuf ans.

... Les herbages de création récente sont rarement entourés de haies vives, la clôture est en ronce artificielle fixée sur des poteaux en bois, en fer, ou en ciment armé, à raison de trois ou quatre rangs de ronce.

Depuis quelques années enfin, nous voyons faire de timides essais de clôture électrifiée. Cette clôture permet de diviser les grands herbages en parcelles dans lesquelles l'herbe est plus rationnellement consommée par les animaux. »

 

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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 08:26

Nous poursuivons notre découverte paysagère à travers la littérature.

De la nature à la sorcellerie : du sorcier au loup garou :

René Le Tenneur. Magie, sorcellerie et fantastique en Normandie. 1979.

« … L’ouvrage, « les Mémoires de Pierre Thomas, sieur du Fossé », nous renseigne sur une affaire mettant en cause des vachers et des bergers sorciers qui pratiquaient dans la région du Fossé, près de Forges-les-Eaux à la fin de l'année 1694. Voici un extrait de ce qu'écrivait le sieur du Fossé : « ...dans le temps de la famine... il était venu s'établir dans la paroisse du Fossé... de misérables vachers et autres gens sans conscience, qui usoient souvent de maléfices pour faire mourir les bestiaux et qui, sur les moindres sujets de disputes qu'ils pouvoient avoir avec quelques uns de nos habitants, s'en vengeoit de gayeté de cœur, par la mortalité qu'ils envoyoient au milieu de leurs chevaux et de leurs vaches ...» «En 1770, un loup, dit lévrier parce qu'il courait en sautant, causait des ravages dans la province de Saint-Denis-le-Thiboult, près Ry, fut considéré comme étant un sorcier. Le subdélégué de Lyons-la-Forêt, dans une lettre du 30 septembre 1770, écrivait à ce sujet : «...La superstition augmente encore leur crainte ; les uns disent que cet animal est un jésuite, une vieille femme, d'autres un sorcier sous la forme d'un loup qui, ainsi métamorphosé, vit et parle quelques fois comme un homme ; qu'il ne craint que l'arme blanche et l'arme à feu ; que même il se trouve invisiblement avec les chasseurs qui sont à sa poursuite... »

 

Revenons au paysage rural dominant : 

Philippe Goujard. L'abolition de la «féodalité » dans le Pays de Bray (1789-1793). La Revue du Randillon, N° 17, octobre 1998.

« Au XVIIIe siècle, le Pays de Bray était une région relativement pauvre.... Par certains côtés, le Pays de Bray était resté une région sauvage. Les forêts abritaient des bêtes fauves... La richesse du Pays de Bray consistait dans ses animaux et ses herbages. L'élevage, d'abord pratiqué dans les forêts, le fût ensuite surtout dans les masures, enclos situés autour des bâtiments d'exploitation que l'on ne fauchait pas afin de ne pas détruire les graminées. Puis, à partir du XVIIème siècle, en particulier dans la région de Forges-les-Eaux, on convertit les terres de labour en herbages ou en prairies. Vers 1650, un officier des eaux et forêts, Jacques de Dampierre, entreprit d'assainir les fonds de vallées marécageux des cours d'eau brayons ; les terres drainées furent transformées en prés. De 1710 à 1735, près de 2 500 ha furent convertis

en herbages. »

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 07:41

                 

Nous continuons la découverte d’une série de paysages du Pays de Bray, à travers quelques extraits littéraires.

 

Une contrée sauvage et peu peuplée : 

La Varende. Par monts et merveilles de Normandie. Ed. posthume 1968.

« Vallée, la chère vallée des hommes ! Des deux bords de la dépression on apercevra le vert précipice, l'immense falaise herbue. Dedans, la route serpente, se tortille, les eaux fluent, les arbres se referment sur vous. Attention à ne pas s'égarer. Aucune vraie signalisation méthodique n'est possible. On ne verrait que des panonceaux. Le Pays de Bray ne comporte que des chemins sans grand-route. Les jours sans soleil, la fréquentation devient difficile. Vous arrivez sud quand vous visiez nord. Il faut marcher là-dedans à la boussole. »

Le Moyen Age : l'alimentation, la vigne, le temps :

Delisle. Etude sur la condition de la classe agricole et de l'agriculture en Normandie au Moyen Age. S.d.

« En 1053, longue sécheresse. En 1091, pluies excessives, les fleuves se gèlent. Le 24 décembre 1108, beaucoup d'arbres et d'édifices sont renversés par le vent. Le 23 juin 1287, une pluie de pierres avait fait de grands dégâts dans les champs, surtout aux environs de Neufchâtel. »

 

Ah la vache ! :

Centre de création rurale du Pays de Bray. Notre lait quotidien. 1983.

« A la fin du 17ème siècle (Louis XIV)... un sondage dans les rôles de «l'élection» de Neufchâtel, qui comprend le cœur du Bray et ses marges cauchoises et picardes, fait apparaître un écart considérable entre les paroisses brayonnes riches en vaches et les paroisses voisines moins bien pourvues, avec une structure des «troupeaux» très différente. Des troupeaux de 10 vaches, 20 vaches même ne sont pas rares en Pays de Bray alors que 1 ou 2 vaches sont la règle ailleurs... A la veille de 1914, les traits dominants du paysage brayon

sont en place. L'herbe domine partout, souvent à 90 %. Elle envahit les marges, mais les labours subsistent, importants dans certains secteurs (sur la plateforme de la gaize, entre La Ferté et Argueil), partout nécessaires pour produire la paille indispensable aux étables, l'avoine des chevaux et le seigle sur lequel s'affinent les « Neuchâtels ». La cohabitation des brayons et de leur bétail, richesse et gagne-pain se traduit par une imprégnation des mentalités, évidente au travers des témoignages mais difficile à cerner... »

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22 juillet 2014 2 22 /07 /juillet /2014 08:19

Pour mieux comprendre les paysages, il convient d'aller puiser dans le passé. On peut ainsi revoir, par exemple, l'histoire du paysage brayon pour redécouvrir les relations de l'homme avec la nature et son environnement. L'objet n'est ici que de donner les grandes caractéristiques, à partir de brèves lectures sur le Pays de Bray. En somme, c'est une invitation à une promenade littéraire, anecdotique, regardée à travers la haie...

 

L'occupation ancienne :

Bulletin municipal de Mauquenchy. 2002. 

«De nombreuses traces d'occupation humaine ancienne ont été décelées sur le site de l'hippodrome de Mauquenchy, depuis la préhistoire jusqu'à la période gallo-romaine. Parmi les couches géologiques, datées à -90 000 et -150 000 ans, on a confirmé la maîtrise de la taille du silex par l'homme de Néanderthal : bifaces, lames, pointes, racloirs, déchets de taille. Au total, ce sont plus de 500 outils de pierre qui ont été excavés de leur longue retraite

souterraine. »

 

Le paysage typique : 

Abbé de Lapparent. Le pays de Bray. 1879.

« Cette vallée, c'est le pays de Bray, ou la vallée de Bray, comme on l'appelle encore, par opposition avec les plateaux qui l'entourent. Au sortir des plaines monotones des environs de Buchy, le regard se repose avec un rare plaisir sur cette riante et fraîche contrée, au relief si varié, où le ton dominant de la verdure est nuancé, grâce à la multiplicité des plans de perspective, des teintes les plus harmonieusement fondues. »

 

L’étymologie :

Abbé J.E. Decorde. Dictionnaire du patois du Pays de Bray. 1852.

« Le mot Bray est ordinairement considéré comme emprunté à la langue celtique, et signifie de la boue. Mais, tout en reconnaissant que la nature du terrain de cette contrée se prête merveilleusement à cette étymologie, M. A. Le Prévost fait venir Brai de bracus, mot employé plusieurs fois dans la chronique de Fontenelle comme synonyme de vallée. »

 

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15 juillet 2014 2 15 /07 /juillet /2014 08:27

Bernard Boullard, né en 1927, est fils de paysans, et a toujours été fasciné par la nature. Il a commencé sa carrière comme instituteur de campagne dans le Calvados, puis a ensuite gravi les échelons universitaires, à Caen puis à Rouen, jusqu'au grade de professeur de biologie végétale. Pendant 40 ans il a donné des cours et des conférences, guidé des excursions et publié une bonne vingtaine d’ouvrages scientifiques, tout ceci lui conférant une notoriété nationale et internationale. Il est, entre autres, membre de l'Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen et de l'Académie d’Agriculture de France. Il est aussi Commandeur dans l’ordre des palmes académiques et officier dans l’Ordre national du mérite.

Et voilà que la revue anglaise "The New Phytologist" vient de publier un article  sur les associations de champignons des couches fossilifères de la commune de Rhynie, en Ecosse. Cette découverte demande quelques explications que le professeur Boullard nous livre volontiers, en langage courant :

« Hormis quelques végétaux dont le « célibat » s’explique pour des raisons biochimiques, on peut affirmer que 95 % des plantes croissant actuellement sur notre planète contractent une « union » intime avec des champignons. Il ne s’agit pas là d’une galanterie, mais d’une absolue nécessité pour permettre le développement normal de la plante considérée. Ce phénomène de vie « ensemble » (on dit de symbiose) est particulièrement bien connu chez les Orchidées, les Bruyères, les ligneux de nos forêts… pour ne citer qu’eux ! C’est à l’étude de telles associations que nous avons consacré plusieurs décennies de notre carrière universitaire. En 2011, des chercheurs français et anglais ont uni leurs efforts pour reprendre l’étude de fossiles végétaux encore plus anciens du site de Rhynie, datant d’environ 400 millions d’années. Le succès étant au rendez-vous, les six chercheurs associés viennent de publier en 2014, une note relative aux associations de champignons et ils ont du attribuer un nom aux deux nouvelles espèces qu’ils ont observées. »

A l’une de ces deux nouveautés, ils ont donné le nom de Palaeomyces boullardii et s’en expliquent en ces termes : le nom spécifique (boullardii) honore le professeur Boullard qui fut parmi les pionniers dans l’étude des champignons associés à des plantes de Rhynie. Voilà une belle reconnaissance de la qualité scientifique de notre savant botaniste rouennais, d’autant que ce sera la troisième espèce de champignon à porter son nom ! Ajoutons que ce passage à la postérité est aussi un témoignage de l’engagement pédagogique du professeur Boullard et de sa très aimable bienveillance à l’égard de ceux qui ont la chance de l’approcher.

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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 08:16

Selon le rapport annuel des Nations Unies sur le bonheur, le Danemark conserve sa première place mondiale ! Il en est ainsi depuis plus de 30 ans et nous l’évoquions déjà en 2009 : Alors heureux ?ni Ce petit pays de 5,5 millions d’habitants nargue ainsi les « grands » pays comme le nôtre. Mais quel est donc le secret de ce bonheur, puisqu’enfin, n’est-ce pas là l’objectif prioritaire pour un état que d’apporter la joie de vivre à ses habitants.

Il y a bien des raisons à cet état d’esprit, mais certaines devraient nous inspirer, en observant le comportement des Danois comme on ferait une séance de relaxation. Une des raisons les plus importantes est que, bien que le Danemark soit le pays qui paie le plus d’impôts au monde (60 % d’impôts sur le revenu et TVA à 25 %), les Danois sont contents d’en payer autant. Ils sont fous ces Danois ? Mais non, ils sont contents de payer des impôts et de bénéficier en retour d’un système social généreux et équitable, d’autant plus qu’il existe en ce pays une belle égalité des chances. D’ailleurs l’école prépare les Danois en ce sens en leur enseignant l’estime de soi, ce qui peut expliquer le sens de l’autonomie chez les jeunes qui quittent la maison parentale entre 18 et 24 ans, aidés pour cela par une bourse de 760 € mensuels versée à chaque étudiant, sans condition de ressource.

Cela crée un climat de confiance entre les gens dans un pays qui a horreur de la corruption et où les gens se sentent en sécurité, sachant qu’ils seront pris en charge s’il leur arrive de grosses difficultés. Il en résulte une atmosphère détendue qui permet à des personnes de conditions bien différentes de se retrouver dans des clubs ou associations sans complexes. D’autant plus que les Danois disposent de beaucoup de temps libre, en travaillant en moyenne 33 heures hebdomadaires, ce qui permet de concilier emploi et prise en charge des enfants après l’école, par exemple, dans le contexte d’une égalité hommes-femmes. Et les 35 heures, alors ? Trop forts les Danois !

Il y a aussi une explication très importante à ce sentiment de bonheur. Les Danois, conscients d’habiter un petit pays d’influence restreinte, sont des gens modestes. Pas d’arrogance, pas de leçon à donner aux autres. Juste se contenter de ce que l’on a, et en profiter au mieux avec un souci de répartition ! L’argent n’est pas un objectif dans la vie. Le but n’est pas d’être riche, mais de se réaliser le mieux possible.

Mais rien n’étant parfait les Danois ont placé en tête aux élections européennes le Parti du peuple danois, le DF, parti d’extrême droite… Certains prétendent que ce serait par souci de préserver la souveraineté nationale et même que le DF serait devenu un parti « radical-démocrate alternatif »… Quelle confusion !

 

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 09:12

Chacun connaît ce slogan « Fumer tue », d’un cynisme absolu puisque le tabac est vendu avec 80 % de taxes au « bénéfice » de l’Etat qui dépense largement plus en frais médicaux résultant du tabagisme… Dans le même esprit, peut être faudrait-il mettre à l’ordre du jour le slogan « Respirer tue » !...

L’approche de cette question est, bien sûr, très polémique entre chercheurs, lobbyistes et politiques qui défendent chacun leur vérité. Pourtant, c’est l’Organisation Mondiale de la Santé qui l’affirme, la pollution de l’air tue davantage que le tabac, rien que 3,7 millions de personnes sur la planète en 2012 ! L’OMS ajoute même, dans son communiqué de mars 2014, que la mauvaise qualité de l’air est désormais le principal risque environnemental pour la santé dans le monde, avec des chiffres qui ont quasiment doublé en une dizaine d’années.

Si l’Asie est de loin la zone la plus touchée, l’Europe est également concernée selon l’Agence Européenne de l’Environnement, avec notamment Luxembourg, Autriche, Allemagne, Belgique, Irlande et France qui sont les mauvais élèves, dépassant souvent les seuils d’oxyde d’azote (NOx) dont le transport routier est responsable à 40 %, selon l’EEA. C’est pourquoi, 200 villes européennes ont décidé de restreindre leur accès aux véhicules polluants en instituant des LEZ (Zones à faibles émissions) interdites aux véhicules les plus polluants, comme à Berlin (88 km2), Londres (1 600 km2), mais pas à Paris, la France n’ayant pas opté pour ce dispositif.

Mais consolons-nous… il y a bien pire que l’Europe ! Ainsi, à Sao Paulo, au Brésil, la mégapole de 11 millions d’habitants, 30 millions avec l’agglomération, voit son parc automobile augmenter de 500 véhicules par jour, 700 000 véhicules circulant en permanence, et tuant, accessoirement, 15 000 personnes en 2011… A Xingtai, la ville la plus polluée de Chine… on ne voit plus le ciel. Le niveau de particules fines PM 2,5 est souvent au-dessus de 300µg/m3 d’air, la norme OMS étant de 25. Quant à prendre des mesures drastiques, il n’en est pas question pour l’instant, cela porterait un coup à l’emploi local…

En France, on enregistre des progrès dans la mesure où les pollutions aiguës sont globalement moindres, mais elles ont été remplacées par une pollution chronique, ce qui n’est guère mieux. Quant à respecter les normes européennes, c’est au-dessus de nos forces, on préfère payer les sanctions financières à la Cour de justice de l’Union Européenne. Malgré ces aspects révoltants, ne désespérons pas, ici ou là les opinions publiques commencent à réagir, y compris là où l’on ne s’y attend pas : ainsi en Iran, un des pays où l’air est le plus vicié selon l’OMS, de plus en plus d’habitants participent à des manifestations contre la pollution de l’air !

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 17:30

Après le « séisme » des élections européennes, j’ai mal à mon Europe ! Comment réagir à cette évolution en profondeur de notre société et de notre démocratie ? Avant toute chose faisons le point et essayons de comprendre ce qui se passe. Il y a bien une responsabilité collective à cette montée du populisme européen dans des proportions assez inquiétantes, même si les conséquences en seront limitées pour l’instant en termes de décisions. On peut envisager quatre faisceaux de causes, notamment en France :

1 - Les Politiques ont été assez nuls sur l'Europe, en s’attachant surtout à des considérations nationales, sans aborder les vrais enjeux européens.

2 - Les médias n'ont pas fait leur travail d'information, en restant toujours à la surface des choses et sur le petit évènementiel.

3 - Des lacunes anciennes trouvent là leur conséquence : malgré les évolutions, l'instruction civique, citoyenne, reste insuffisante à l’école puisque l’on peut constater que des étudiants ignorent à peu près tout du fonctionnement de nos institutions.

4 - Nous devons aussi nous interroger sur nos comportements, nous les Français, schizophrènes et monarchistes…

          Sans doute les partis de la droite populiste vont-ils, à leur tour, décevoir leurs électeurs, puisqu’ils n’auront que la possibilité de nuire, mais sans vraiment décider de nouvelles orientations. Dans ce contexte morose, il y aussi une bonne nouvelle, une partie du peuple se réveille, y compris les jeunes, et ceux qui sont prêts à refaire le monde sont déjà à l’œuvre. En effet, dans notre société contemporaine la politique devrait d’abord s’assurer du bien être des citoyens. L’Europe semble à l’écart de ces préoccupations, ce qui l’affaiblit considérablement aux yeux du public. Pourtant, les enjeux de l’Union visent à une transition vers des sociétés du bien vivre, plaçant au cœur du projet politique la qualité des rapports entre les humains et entre eux et la nature. C’est donc une société plus conviviale, une économie plus solidaire qui s’élaborent doucement, trop doucement sans doute pour être bien perçues par tous. Il est temps de corriger la trajectoire européenne, avec plus de démocratie, et certains s’y emploient activement, pour redonner à l’argent et au pouvoir leur statut de moyens et non pas de fin en soi. C’est en tous cas ce que préconisent un certain nombre de mouvements sociaux, à travers l’Europe, pour réinventer de nouvelles manières de consommer, se déplacer ou travailler.

Dès lors, Il est temps que nous nous prenions vraiment en charge. Le « Moi, président de la République, je… » doit être remplacé au plus vite par un « Nous citoyens européens, nous… » pour engager les réformes en profondeur qui s’imposent. Beaucoup a déjà été écrit sur ce blog depuis sept ans en matière de gouvernance, récapitulons :

Nous citoyens européens, nous engagerons sans tarder, avec une concertation ouverte sur un temps limité, la refonte de l’organisation politique et administrative de la France.

Il devient impératif, à défaut de supprimer purement et simplement des collectivités, de les regrouper en quatre pôles aux niveaux local, régional, national et européen en appliquant le principe de subsidiarité(allouer la responsabilité publique à la plus petite entité capable de résoudre le problème).

D’abord, nous réduirons le rôle de l’Etat aux missions régaliennes dans un contexte de gouvernement européen. Les autres missions doivent être transférées aux Régions. Une dizaine devrait suffire amplement, sous contrôle de l’Assemblée nationale. Les Départements deviennent des subdivisions des Régions et l’ensemble est géré par les conseillers régionaux. Au sein des Départements, le territoire est structuré en Communautés de communes, élargies, afin de donner de la cohérence aux actions liées à l’utilisation de l’espace notamment. Dès lors les Pays et les Parcs naturels régionaux, territoires d’expérimentation, n’ont plus lieu d’être puisque leurs politiques innovantes sont désormais appliquées sur tout le territoire régional. Tous les syndicats intercommunaux disparaissent et leurs missions sont reprises par les Communautés ou les Départements, en fonction de la cohérence territoriale. Les grandes communautés urbaines deviennent Métropoles. Les Communes sont conservées, en tant que micro-territoires de proximité, assurant les missions d’animation locale et de citoyenneté rapprochée.

Nous citoyens européens, nous instituerons le non-cumul des mandats et l’appliquerons immédiatement.

La réforme des collectivités territoriales devra être accompagnée d’une relance démocratique pour régler la question du cumul des mandats, appliquer la parité, rajeunir la classe politique, et préciser le statut de l’élu, notamment lorsqu’il n’est pas issu de la fonction publique.

Pour ce faire, nous appliquerons la solution du « 11 », un et un, soit un seul mandat à la fois, renouvelable une seule fois. Ce principe simple aura la vertu de répartir les pouvoirs de décision sur un nombre de personnes beaucoup plus grand, donc de permettre une expression réellement démocratique. La mise en œuvre du 11 constituera une révolution démocratique qui nécessitera des innovations, en particulier inventer un temps civique pour que chacun puisse participer à la vie démocratique de la société s’il le souhaite, sans pénalité économique.

 

Nous citoyens européens, nous instituerons une nouvelle gouvernance au niveau central français.

 

Le gouvernement de la France comportera quatre ministres : Environnement, Social, Economie et Gouvernance. Chacun de ces quatre ministres, deux hommes et deux femmes, désigneront à leur tour les quatre ministres-adjoints de chacun de leurs ministères. Le gouvernement de 20 membres sera ainsi au complet. Il restera à chaque ministre-adjoint à mettre en place un Conseil de la république, pour chacune de ses attributions. Cette nouvelle donne a pour objet de mettre le ministre en contact direct et permanent avec la société civile, de façon à ce que les décisions gouvernementales soient prises au plus près des préoccupations des Français.

 

Nous citoyens européens, nous ferons évoluer le fonctionnement de l’Europe.

 

Le système vertical ne fonctionne plus et doit laisser place progressivement à une approche plus horizontale, avec des comités de citoyens  organisés en relation avec des élus qui auront mission de prendre des décisions répondant à l’intérêt collectif. Il faut surtout que les politiques soient réajustées et les lobbies « recadrés », mais aussi  que les citoyens soient pleinement responsables en plaçant le sens du collectif au-dessus des intérêts individuels.

C’est à l’Europe que reviendra une part importante de la réglementation communautaire : la monnaie, la défense, la politique étrangère. Le Gouvernement de l’Europe sera constitué des présidents des divers états européens. 

 

Nous citoyens européens, nous assurerons une meilleure formation civique aux jeunes et une intégration plus forte des problématiques environnementales dans les cursus de formation.

 

Nous créons un service civil pour tous les jeunes européens. Ce service sera accompli sur quelques semaines pour que ce temps citoyen permette de constituer une force d’intervention disponible lors des catastrophes naturelles en Europe d’abord et sur tout théâtre planétaire où l’urgence le demande. Ce service pour tous les jeunes, garçons et filles, sans aucune dispense, permettra aussi de retisser des liens dans une société qui perd le sens du collectif.

Par ailleurs, des mesures seront prises pour que l’éducation à la nature trouve sa place dans tous les cursus de formation. Si les fondamentaux de l’école sont bien lire, écrire et compter, ils doivent aussi intégrer les bases de notre relation biologique à la nature, ceci dès la maternelle et le primaire. Au cours des études secondaires, il convient de donner à l’écologie/ environnement/ développement soutenable le rang de discipline principale. En supérieur, il faut enseigner les données concrètes relatives au triptyque : bases de l’écologie/ comportement individuel/ gouvernance collective dans toutes les disciplines. Enfin, en formation professionnelle et continue et pour toutes les formations, il faut enseigner les aspects spécifiques des professions concernées quant à leur impact sur la nature.

 

Nous citoyens européens, nous ferons évoluer les conceptions économiques.

 

L’économie, c’est l’administration de la maison ; l’écologie, c’est l’étude des êtres vivants dans leur milieu, y compris les Hommes. Notre préoccupation sera d’abord l’écologie, puis en fonction de l’état des lieux, on « administrera la maison ».

Nous envisagerons une autre finalité de l’emploi, non plus la compétitivité ou le profit, mais le bien être et la satisfaction que cela apporte. Les entreprises seront contraintes de revoir leurs objectifs, non pas seulement pour « maintenir l’emploi », mais aussi pour élaborer des produits et services dont on a vraiment besoin, qui ne compromettent ni la santé ni l’environnement, en prenant en compte les coûts environnementaux réels. Nous devrons passer de l’économie de « l’avoir plus » à celle de « l’être mieux ».

Le modèle linéaire actuel produire-consommer-jeter a atteint ses limites. L’économie circulaire inversera le raisonnement actuel en passant d’une logique de gestion des déchets à une logique de gestion des ressources.

L’Europe devra faire cette révolution : s’occuper de la biodiversité, du climat, de l’énergie, de l’économie en gardant l’Humain comme priorité absolue. En premier lieu, nous organiserons un débat européen sur la principale politique de l’Union, celle de l’agriculture. Que sommes-nous prêts à accepter, ou pas, en matière de pratiques agricoles et qui rémunère les agriculteurs, les contribuables (par la PAC) ou les consommateurs, au prix réel ?

 

Tout cela restera une utopie, sauf si Nous citoyens européens, nous le voulons vraiment !

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 08:21

Pour oublier un peu les déboires d’une récente élection dans le village, ils avaient décidé d’organiser une fête des voisins et amis. Ils étaient tous là, Serge et Nadine, Christiane, Jacques, Geneviève, Stéphane, Sylvie, Pascal, Agnès, Edmond, Liliane, Christian et bien d’autres encore. Nicole était là aussi, arrivée un peu tardivement et péniblement, mais présente et visiblement ravie de retrouver toutes ces personnes qu’elle n’avait pas revues depuis un bon moment pour certaines.

Comme le veut cette tradition de la fête des voisins, chacun avait apporté son repas et un peu plus pour les autres convives, les voisins justement. Et on trinquait, et on plaisantait, et on riait. Une bonne ambiance, d’autant plus que les organisateurs avaient choisi un endroit insolite : la stabulation d’une ferme, mais sans les vaches tout de même ! Dans cet endroit, on pouvait s’en donner à cœur joie, avec la musique à tue-tête et des rigolades à n’en plus finir.

Passé minuit, Nicole se hasarda à quelques pas de madison, avec un succès très limité… mais elle pouvait prétendre qu’elle avait dansé, depuis si longtemps… A ce moment tout de même, elle se sentit fatiguée et fit signe à son mari que c’était l’heure de rentrer à la maison. Elle se leva pour dire au revoir aux amis qu’elle connaissait le mieux. Il y eut alors des sourires, des bisous, des encouragements, des propositions de se revoir, de faire ensemble des activités, de continuer à redresser le bateau ! Ce fut comme une vague, une déferlante peut être même, d’amour. Un amour pudique, celui qui caractérise la grandeur d’âme des Humains quand ils se comportent vraiment en Humains.

Nicole repartit donc vers la maison avec son cancer qui ne la quittait pas depuis des années… Mieux que la chimiothérapie, mieux que la radiothérapie, mieux que l’hormonothérapie, cette soirée lui fit le plus grand bien et elle sentit dans sa tête comme une brise légère avant de s’endormir dans les nuages.

Il se trouve que ce jour-là, c’était aussi l’anniversaire de son mari. Il eut le plus beau cadeau !

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10 juin 2014 2 10 /06 /juin /2014 08:44

A bien y regarder, le monde actuel nous offre peu d’occasions d’être optimiste sur l’avenir. Ceci est d’autant plus vrai si l’on s’attache aux problématiques écologiques, environnementales et sociétales, comme nous le faisons sur ce blog. On pourrait résumer la situation en sauvons la forêt, sauvons l’eau, sauvons l’air, sauvons la planète, etc. Ou bien sauvons nous !

L’actualité, plus ou moins déformée par les médias, nous invite à penser bien souvent que c’est comme la fin du monde qui se profile à l’horizon, comme le prophétisent nombre de penseurs. Peut être, les scientifiques n’ont-ils pas su convaincre de l’urgence, en matière de climat notamment. Sans doute les politiques n’ont-ils pas compris quelle est la hiérarchie des questions. C’est vrai que bien des raisons objectives invitent à cette désespérance. Mais il y a aussi des signes encourageants que nous avons évoqués parfois, comme récemment avec la Génération espoir.

Nous voulons croire en effet, qu’il ne s’agit pas de la fin du monde, tout au plus de la fin d’UN monde. Plus encore, nous voulons croire qu’il s’agit du début d’un nouveau monde. Cette réflexion, nous la portons depuis plus de quarante ans, littéralement fasciné que nous sommes par la relation entre l’homme et la nature. Sans relâche, nous avons essayé de comprendre pourquoi cette relation est aussi souvent antagoniste, conflictuelle, pour en arriver à la ligne de rupture devant laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Nous avons nourri cette réflexion d’innombrables lectures sur le sujet, pendant des décennies pour réunir tous les éléments qui nous permettraient de comprendre cette relation difficile, de la transcender afin de pouvoir en proposer une synthèse sur laquelle s’appuyer pour reconstruire une relation durable entre les hommes et la nature. Nous comprenons la désespérance de certains devant cette débâcle, mais c’est une chance à saisir pour les plus jeunes. Le monde, après avoir été défait, doit être refait !

Nous n’avons pas la prétention de refaire le monde à nous seul, ni même donner des leçons à ceux qui voudraient s’y lancer. Seulement ouvrir des pistes, des voies pour porter un message d’espoir, auprès du grand public et notamment des jeunes. Le monde est en panne, en panne de sens ! Avec tsunamis, ouragans, crise du pétrole et terrorisme, le 20ème siècle s’est achevé dans le désenchantement. Maintenant commence un nouveau monde, différent du précédent, dans lequel tout est à reconstruire. Pour les anciens, tant pis pour eux, ils n’avaient qu’à écouter les prévisions dès les années 1970. Pour les jeunes, c’est une chance, un challenge immense que de ... refaire le monde !

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