La nature est souvent perçue comme un réservoir de vie, un cadre paysager, une ambiance bucolique, selon les moments et les cultures. Mais la nature est aussi tout simplement… utilitaire. Et si elle nous inspirait aussi nos techniques, voire notre philosophie ?
C’est ainsi que depuis toujours, nous essayons de reproduire des fonctionnalités, des procédés, ou même des molécules pour en tirer le meilleur profit pour nous les Humains. C’est ce que l’on appelle le bio-mimétisme, qui ne consiste pas seulement en une copie de la nature, mais plutôt une adaptation des solutions naturelles à nos propres besoins. Un des exemples les plus significatifs est sans doute la bande Velcro, inspirée de la fleur de Bardane qui a la particularité de disposer de petits crochets, et peut ainsi s’accrocher sur elle-même.
Au-delà des innovations techniques, face aux limites de la planète, on peut même imaginer des fonctions économiques nouvelles, comme le « capitalisme naturel » imaginé par des chercheurs Américains au début de ce siècle. Celui-ci consiste à imiter la nature en réduisant le gaspillage et en faisant de tout « déchet » un élément constitutif d’un autre produit. On progresse ainsi vers une économie de flux de services, ce qui oblige à maintenir le stock de ressources naturelles. L’économie devient alors totalement écologique. Astucieux, non ? Cela pourrait rappeler le concept de développement soutenable, si ce n’est que celui-ci est de plus en plus dévoyé par un marketing vert, parfois à la limite du supportable, ce qui augmente le nombre d’ « écorésistants ».
Pour avancer dans cette voie, il faut d’abord « apprendre la nature » aux enfants, ce qui revient aux parents, mais aussi et surtout à l’école. Si beaucoup a déjà été fait, il reste à inventer, ou renouveler, une pédagogie plus opérationnelle des processus naturels.
Le domaine de l’énergie est sans doute un de ceux où nous serions bien inspirés de suivre l’exemple de la nature. Ainsi, l’étalement urbain ou la circulation des denrées alimentaires à travers la planète constituent un non-sens absolu qui nous mène à la perte des écosystèmes, donc à notre propre perte. Par contre, l’agro-écologie est une idée qui progresse afin de recourir à une agriculture multifonctionnelle qui valorise les agro-écosystèmes, plutôt que les détruire comme le fait l’agronomie « mécano-chimique ». La nature est alors perçue comme un modèle idéal de fonctionnement et même une référence éthique.
Pour rendre notre avenir moins dangereux, il serait judicieux, non pas d’imiter la nature de façon empirique, mais d’assurer le pilotage des processus écologiques, ce qui suppose une bonne connaissance de ceux-ci.