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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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14 juillet 2009 2 14 /07 /juillet /2009 17:19

C’était un des derniers jours de l’année scolaire. Il était convenu avec l’institutrice qu’elle viendrait avec ses élèves pour visiter notre lagunage pour l’épuration des eaux usées. Ce dispositif simple permet d’épurer les eaux domestiques à l’aide de végétaux disposés dans des bassins étanches. Il faisait un temps splendide d’avant vacances et après les commentaires « techniques » nous fîmes le tour du jardin.

Chacun y allait de son commentaire, depuis « est-ce qu’on peut manger des groseilles ? » jusqu’à « Vous avez beaucoup de chance Monsieur d’avoir un grand jardin comme ça. Chez moi il n’y a qu’une petite cour », en passant par « Moi je ne pourrais pas guider la visite, je me perdrais dans ce jardin ! »

Puis la conversation s’engagea vraiment :

-         Un garçon : Est-ce qu’il y a des vampires dans votre jardin ?

-         Moi : Non bien sûr, les vampires, c’est dans les livres ou les bandes dessinées. Par contre chez nous il y a des chauve-souris qu’on rapproche parfois des vampires.

-         Une fille : Est-ce que vous les chassez ?

-         Moi : Mais pourquoi donc les chasser ?

-         La fille : Parce que c’est méchant !

-         Moi : Mais non ce n’est pas méchant. Et d’ailleurs peut être bien que c’est nous qui habitons chez les chauve-souris. D’ailleurs nous n’habitons pas seuls dans ce jardin, il y a aussi un couple d’écureuils, quelques lièvres et un faisan, tout un monde sauvage.

-         Le petite fille me répond : Mais alors vous avez beaucoup d’amis ! 

Plus loin, devant le groupe attentif, j’annonçais qu’il y avait aussi un fou dans ce jardin. L’émotion devint subitement palpable, teintée d’un peu d’inquiétude. Un gars s’enhardit en me lançant : « c’est pas possible ! », mais une fille demanda timidement : « est-ce qu’on va le voir ? » Me voulant rassurant, je précisai que le fou était un arbre et donc qu’il n’y avait aucun danger. Je précisais que cet arbre est fou parce qu’il perd la tête et pousse de façon ébouriffée en laissant pleurer ses branches. Le groupe s’approcha, j’invitais les enfants à entrer « dans » l’arbre, précisant qu’il était aussi une « grotte à bombons » et que chacun pouvait prendre un petit paquet sur la table : ce fut une explosion de cris et un grand éclat de rire. Le frêne pleureur en pleurait… de joie ! Bonnes vacances les enfants.

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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 09:52

         Pendant longtemps, on a cru que le développement et la croissance étaient porteurs de seuls bienfaits, malgré les avertissements du Club de Rome il y a ... 37 ans. Maintenant que la Crise est là, durable, la cassure de la société est évidente.

Notre société souffre avant tout d'un déficit chronique de diagnostic et d’évaluation, indispensables à la résolution des crises. Avant de rechercher une solution, encore faut-il bien poser le problème. L’analyse de la situation, trop souvent compartimentée, doit être complétée d’une réflexion globale afin de permettre de renouer les fils entre des secteurs spécialisés.

Cela est particulièrement vrai dans les domaines de la médecine ou de l’environnement, souvent mis en parallèle à juste titre : la somme de spécialités pointues ne permet pas de vision globale, seule possible par la synthèse d’un généraliste, non pas compétent en tout, mais capable de comprendre et d’établir les liens nécessaires. Le généraliste est celui qui redonne de la cohérence aux faits, qui les rend intelligibles et qui permet l’action ensuite. Ce n’est pas pour autant un « touche à tout » qui survole les problèmes, au contraire c’est un « spécialiste » qui sait établir les ponts, mettre à jour les complémentarités et les contradictions.

Le système de formation ne facilite pas l'évolution nécessaire en reproduisant les élites dirigeantes à l'identique, trop souvent enfermées dans une spécialité coupée de son contexte. Notre société manque de généralistes, capables de réduire la complexité inévitable des choses. Les économistes ou les politiques devraient être considérés comme des généralistes, mais restent trop contraints par des systèmes de pensée idéologique, voire dogmatique.

Montaigne a toujours raison en assurant qu’une « tête bien faite vaut mieux qu’une tête bien pleine », tout comme Edgar Morin, le sociologue et philosophe adepte du décloisonnement des savoirs. L’école qui enseigne l’analyse devrait aussi enseigner la synthèse et la mise en relation, aller vers une culture plus générale, ce qui suppose aussi de faire évoluer les formateurs.

Croire que l’on va solutionner les problèmes ardus auxquels nous sommes confrontés avec les seuls spécialistes est un leurre. Plus que jamais il faut passer d’une société des connaissances spécialisées à une société de LA connaissance, celle qui permet de transcender les spécialités. Cela passe, entre autres, par redonner le goût des sciences, le sens de la rationalité scientifique. Certes l’école doit apprendre à « lire-écrire-compter », mais elle doit aussi apprendre à raisonner globalement.

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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 09:47

Le domaine sportif n’en finit pas de faire parler de lui, à propos de dopage, d’exacerbation de la xénophobie, d’agrément de nouveaux équipements ou de rémunérations… vertigineuses.

Ainsi, les révélations récentes de Laurent Fignon, deux fois vainqueur du Tour de France cycliste, sur son cancer pose nécessairement la question de la relation entre sa maladie et le dopage antérieur aux amphétamines et à la cortisone. Passons sur les transfusions de poches de sang ou autres prises d’hormones.

Les matches de football, s’ils permettent le plus souvent de consolider un esprit d’équipe et le désir de se surpasser, engendrent aussi des réactions régressives vis-à-vis de l’équipe adverse, de ses supporters ou parfois de personnes de couleur.

Depuis peu la natation est entrée dans une course à la technologie qui fait enfler la polémique à propos de l’autorisation, ou non, des combinaisons en « polyuréthane cousues par ultrasons » afin de « doper » les performances.

Dans le domaine footballistique, les transferts de joueurs, comme leurs salaires d’ailleurs, sont l’objet d’étonnements incessants. Ainsi le transfert de Cristiano Ronaldo de Manchester au Real Madrid s’est effectué pour la modique somme de 93 millions d’euros, soit l’équivalent de… 5 000 ans de Smic, ou encore de l’ordre d’une centaine d’écoles maternelles !!

Ainsi en sport, tout semble devenu superlatif, démesuré. Il faut dire qu’une confusion sémantique s’est progressivement installée en confondant le sport et le spectacle sportif. Si la pratique sportive, apte à développer les aptitudes physiques, reste de vigueur dans le domaine des amateurs, elle est devenue un spectacle dès lors qu’il s’agit de professionnalisme. D’ailleurs le sport peut-il être professionnel ? S’agissant d’un spectacle, celui qui regarde est soumis à ses pulsions, allant parfois jusqu’à une quasi hystérie. Celui qui « joue » n’est-il pas alors davantage un gladiateur des temps modernes plutôt qu’un sportif au sens originel. Le gladiateur du temps des Romains était prisonnier, condamné ou esclave… comme le sont sans doute ces « sportifs » soumis aux règles d’un grand défoulement collectif.

Si le sport a pu être dénaturé de la sorte, si certains sportifs sont devenus des gladiateurs, c’est le plus souvent sous les vivas de la foule. Mais les gladiateurs n’existent que tant qu’il y a du monde pour les regarder…

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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 08:35

Dans notre société où tout va vite, nous vivons de plus en plus sous la tyrannie de l’urgence. Cette logique répond à un impératif de résultat immédiat, de rentabilité directe de l’effort produit, sans véritable souci de l’avenir.

A la fin du 20ème siècle, deux innovations technologiques, le téléphone mobile et internet, ont révolutionné notre rapport au temps et accentué ce phénomène en nous affranchissant largement de l’espace : on peut être joint n’importe où, n’importe quand et être en mesure d’apporter une réponse à la question posée. Cette efficacité (relative) dans le travail génère du stress qui devient une préoccupation montante, non seulement pour les cadres ayant des obligations de résultat, mais aussi pour nombre de travailleurs postés, de commerciaux courants après des objectifs de vente, etc. Cette angoisse de la gestion du temps crée aussi de l’agressivité qui complexifie les rapports sociaux.

Il y a pourtant un moment où il convient de se demander si c’est encore « rentable » d’aller plus vite. N’y a-t-il pas un point de bascule au-delà duquel la vitesse devient un handicap plutôt qu’un atout ? Ainsi dans le domaine des transports, le TGV est un exemple intéressant puisqu’il permet de faire l’aller-retour dans la journée entre deux localités éloignées du territoire français. Mais le coût des aménagements, les nuisances sonores ou la consommation d’énergie détermine un prix à la personne transportée prohibitif. D’autant que les aléas techniques ou sociologiques (actes de malveillance) réduisent le gain moyen de temps à quelques minutes seulement sur un long parcours. La SNCF estime que le passage des TGV de 300 à 350 km/h ferait gagner 2 minutes 30 sur 100 km, soit de l’ordre d’un quart d’heure pour un Paris-Marseille. Est-ce absolument indispensable ? « Accessoirement », cette prouesse technique augmenterait la consommation d’énergie de 50 % !

Pour préparer une société future qui sera obligatoirement frugale en énergie, ne faudrait-il pas réapprendre le temps long pour les transports, le temps apaisé pour le travail, le temps libre pour la vie personnelle ? Ainsi certains imaginent de relancer les dirigeables (pour le transport du courrier sur des distances moyennes, par exemple), d’autres réinventent la traction animale (pour du débardage de bois en forêt ou des livraisons en ville).

Notre difficulté à maîtriser le temps est le symptôme d’un dysfonctionnement profond de notre société qui affecte notre capacité de représentation de l’avenir. Et si, après tout, l’urgence c’était précisément… de prendre son temps.

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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 17:48

Après une longue et douloureuse maladie, le parti socialiste français a laissé échapper, lors des élections européennes du 7 juin 2009, un râle qui laisse penser à certains qu’il est à l’agonie… Ainsi donc, à l’âge de 38 ans seulement, ce parti aurait cessé de vivre. Mais les partis politiques aussi sont mortels.

Les commentaires vont bon train sur cet épisode de la vie politique dont les Français, et les journalistes en particulier, raffolent. Après tout, peu importe qu’un parti disparaisse, si ce n’est en profiter pour s’interroger sur le sujet de fond. Comme toujours, lorsque l’avenir se trouble, il est urgent de revenir aux fondamentaux. Qu’est-ce que cela signifie au juste, la Gauche ? La question peut être pertinente dans un contexte où l’on voit les électeurs européens conforter les conservateurs au moment où une crise profonde appelle au changement, où les libéraux sont à la fois de Gauche et de Droite, où certains Etats de Droite nationalisent des banques, etc. Quel trouble !

Revenir aux fondamentaux est toujours un peu réducteur, afin de ne retenir que l’essentiel en formules lapidaires, pour être pédagogique. Alors le fondement de la Gauche, ne serait-ce pas essentiellement le partage du pouvoir. Ce qui s’oppose au cumul des mandats, au machisme électoral, au « Français d’abord »… Partager le pouvoir au sein de la nation, c’est garantir la liberté des individus. Partager le pouvoir entre les nations, c’est garantir la liberté des peuples. Si l’on partage le pouvoir, les décisions seront plus consensuelles et faciliteront le partage des richesses, donc l’égalité. Reste à préciser à quelle échelle géographique on se positionne. On partage entre Français, entre Européens ou entre Terriens ? Dans ce dernier cas il est clair que les pays du Nord devraient mettre en place une décroissance pour permettre aux pays du Sud de se mettre à niveau… Enfin, si l’on parvient à mieux partager les richesses, les raisons de conflits diminuent et ainsi la fraternité des individus et des peuples est mieux assurée. Si l’on inverse le raisonnement, assurer la Liberté, l’Egalité et la Fraternité suppose le partage du pouvoir :

-   Mettre fin au cumul des mandats, mais aussi accepter de participer à la vie collective, plutôt que se réfugier dans la contestation, etc.

-   Répartir les richesses, notamment l’alimentation et l’énergie, ce qui suppose une révision drastique de l’agriculture, des déplacements et de la géopolitique, etc.

-   Résoudre les conflits relatifs à l’accès à l’eau, aux ressources du sous-sol ou aux courants migratoires liés aux modifications climatiques, etc.

Pas si simple la Gauche. Devra-t-elle se refonder ou simplement naître ? Bon courage.

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 08:29

Après quelques chroniques un peu austères, un peu de musique ne nuira pas. En effet, il y a peu, à la mi-mai, avait lieu la Fête de la nature, avec de nombreuses manifestations organisées par les associations, à l’initiative de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), une ONG dirigée par François Letourneux, une figure de la conservation de la nature.

Comme le dit le journaliste Claude-Marie Vadrot sur son blog (http://www.horreurecologique.blogspot.com/), il ne faut pas confondre avec « faire sa fête à la nature »… Il est vrai que les raisons de désespérer ne manquent pas lorsque l’on parle de biodiversité, des mesures prises et non appliquées, des bons arguments des uns et des autres pour surtout ne rien faire, etc. Mais si, plutôt que de toujours se plaindre de ce qui ne va pas, on fêtait ce qui va bien, à la mode africaine.

C’est ainsi qu’il y a quelques mois, à l’occasion du lancement d’une opération de reboisement de la mangrove (groupement végétal très productif qui se développe dans la zone de balancement des marées en région tropicale) en Basse Casamance au Sénégal, tout le village était rassemblé pour danser au son du bombolong, instrument de musique à percussion taillé dans un tronc et que l’on frappe avec deux bâtons. On peut imaginer le même scénario avec le balafon, sorte de xylophone. Quant à nous, Français, on pourrait ressortir l’accordéon dans ce genre d’occasion pour fêter la nature.

On verrait ainsi des défilés joyeux, derrière accordéon ou fanfare, chantant et dansant chaque fois que l’on aurait sauvé une espèce protégée ou mis en gestion écologique un milieu remarquable. Plus l’espèce ou l’écosystême seraient importants et plus on chanterait et danserait ! Et ce serait la fête de la nature.

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1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 18:31

Cette année encore, la Fête de l’Europe a été largement « oubliée » en France. Les médias ont été d’un silence assourdissant à cet égard, en leur allouant comme circonstance atténuante qu’il y avait bien peu à dire… (Voir notre chronique du 20 mai 2008 : « Et entre le 8 et le 10 ? »).

Dans moins d’une semaine maintenant auront lieu les élections pour renouveler les députés européens. Le moins que l’on puisse dire est que la campagne n’aura pas été passionnée. Lancée tardivement, avec des objectifs parfois flous, elle n’a pas mobilisé les foules, d’autant que ni les médias, ni les politiques n’ont fait d’excès de zèle pour expliquer les modalités du vote et ses enjeux.

Quelle occasion manquée de débattre sur le thème de la Crise et surtout les remèdes à y apporter. Il est vrai qu’en France la pédagogie sur l’Europe rencontre toujours des difficultés et que le débat redevient vite franco-français. Cette renationalisation du débat est bien regrettable dans la mesure où l’Europe pourrait apporter la dimension nécessaire à des moyens de résoudre la Crise. Certains Européens convaincus expriment maintenant leur crainte d’une réversibilité de l’unification européenne, ce qui paraissait impensable il y a peu. Ce serait un désastre !…

Financière, économique, puis sociale, la Crise est aussi écologique et demande à ce que soit repensée la construction européenne. C’est l’occasion ou jamais de s’interroger sur ses orientations concernant l’agriculture, les transports et les infrastructures, la production d’énergie et aussi sur le déficit démocratique. C’est tout cela que nous aurions dû entendre pendant la campagne, il en fut bien peu question…

Les gribouilles de la politique ont déversé des milliards sur les banques alors qu’il aurait fallu instaurer des contrôles et une austérité financière, relancé les infrastructures routières plutôt que réduire de façon drastique la circulation des camions, invité à la consommation au lieu de réduire les pollutions agro-alimentaires…

L’Europe reste une magnifique opportunité pour affronter les grands défis écologiques du 21ème siècle naissant, c’est LE projet que nous devons construire ensemble. Nous ne pouvons pas rater cette occasion et nous devons renforcer l’Europe plutôt que la laisser s’étioler… Voter le 7 juin, c’est le minimum que nous puissions faire pour l’avenir de nos enfants.

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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 09:29

Voilà maintenant une quarantaine d’années que l’on a pris conscience véritablement de l’importance des problèmes d’environnement. Depuis, de nombreuses étapes ont marqué la sensibilisation accrue à ces questions. Faut-il rappeler encore le premier choc pétrolier de 1973, le Sommet de la terre de Rio de 1992 et plus près de nous le film d’Al Gore en 2006, ou le Grenelle de l’environnement de 2008… A force de répétition, ces rappels deviennent lassants.

Pourtant les grands défis de la biodiversité, de l’eau, du climat et de l’énergie sont devenus des enjeux auxquels nous devons répondre au plus tôt, faute de quoi nous aurions à en pâtir (Voir notre chronique « Qu’est-ce qu’on attend ? » du 06-01-09). Certes les choses avancent et des initiatives nombreuses sont prises pour préserver ou restaurer la biodiversité qui nous fait vivre, pour mieux gérer l’eau et répondre aux besoins des pays pauvres, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ou encore pour innover en matière énergétique. Mais ces mesures restent très insuffisantes et trop lentes à se concrétiser.

Nous sommes dans une course de vitesse entre des facteurs de dégradation et des facteurs de rénovation, les seconds n’ayant toujours pas rattrapé les premiers. Si bien que le « déficit écologique » continue de s’accroître. Cela peut durer jusqu’à des seuils de rupture qui semblent proches. On peut donc penser que lorsque ces seuils seront atteints, il ne restera plus qu’à prendre des mesures drastiques pour tenter d’éviter la catastrophe. On sent bien le désarroi de la classe politique à cet égard. Que va-t-il se passer, par exemple, quand les petits salaires ne pourront plus payer leur énergie pour chauffer la maison et aller au travail ? N’y a-t-il pas un moment ou la stabilité des rapports sociaux pourrait être remise en cause ? La radicalisation actuelle des mouvements sociaux nous rappelle que les choses peuvent bouger assez vite et se soustraire à tout contrôle. Que pourront faire alors les gouvernants, quelque soit les partis, sinon réagir de façon autoritaire. Acculés, ils seront peut être contraints, un jour pas si lointain, par exemple de sanctionner fortement les atteintes à la biodiversité, de fermer l’eau à certaines heures, d’établir des quotas de déplacements annuels indépassables, de réserver les transports par avion à quelques cas particuliers, ou encore de limiter fortement les consommations d’énergie fossile. Le tout assorti bien sûr de contrôles policiers très rigoureux, pour tenter de faire face à des défis énormes.

Le pire n’est jamais sûr, heureusement, mais il va peut être nous falloir choisir entre la révolution verte, à laquelle chacun de nous peut contribuer, et la dictature écologiste, à laquelle nous ne pourrons échapper si la crise devait s’aggraver.

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19 mai 2009 2 19 /05 /mai /2009 10:04

Selon une étude internationale toute récente de la Sofres, 92 % des Français sont inquiets de l’état de la planète. Plus largement, dans les pays développés, un lien est établi entre la crise économique et la crise écologique du fait de l’hyperconsommation. Ainsi la Crise a encore accentué le clivage entre les gouvernements et les opinions publiques et progressivement apparaît le sentiment que cette crise globale pourrait être salutaire pourvu qu’elle serve à préparer un autre avenir.

Plutôt que distribuer des milliards pour les banquiers, l’automobile ou des grands travaux, un fort courant d’opinion se dessine en faveur d’un véritable « New Deal vert » qui mobilise l’économie mondiale pour la lutte contre les pollutions, l’insécurité énergétique et climatique, la pénurie d’eau potable ou l’érosion de la biodiversité.

Comme le dit l’économiste Michèle Debonneuil, nous devons passer de l’économie de « l’avoir plus » à celle de « l’être mieux », l’économie du quaternaire (nouvelles technologies et développement des services). C’est là que l’on attend les politiques pour tracer la route. Les projets doivent, en effet, être pilotés par le secteur public, Etat et Collectivités territoriales avec une réelle volonté politique.

Plus largement, ce changement de paradigme doit s’opérer dans le cadre d’une gouvernance planétaire afin de mettre fin au « surendettement écologique » d’une société qui consomme à tout va les richesses naturelles.

Le consommateur, pas toujours aussi schizophrène que l’on voudrait nous le faire croire, commence à se poser de vraies questions, tant sur la qualité des produits que de leur provenance, leurs modes de fabrication ou de distribution, leur véritable nécessité. C’est ainsi que l’on assiste à une diminution importante de la vente d’eau en bouteille (-7,5 % en 2008), symbole de la consommation non réfléchie…

Le développement des emplois de service, le retour au commerce de proximité, une activité industrielle décarbonée, une agriculture à haute performance environnementale, un contrôle plus strict des activités financières, sont autant d’exemples d’orientations qui peuvent permettre de construire cette révolution verte qu’appelle de ses vœux une part de l’opinion publique qui va plus vite que les entreprises et que les politiques.

La Crise. Et après ? Et si les consommateurs, les citoyens, plus avisés qu’on ne le dit, avaient déjà flairés les bonnes pistes à suivre. Rêvons, rêvons que cette Crise soit salutaire à la planète et donc à nous-mêmes !

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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 08:25

Le commissaire européen à l’environnement, Stavros Dimas, vient de l’annoncer à Athènes fin avril : l’Union Européenne n’atteindra pas l’objectif qu’elle s’était fixé de stopper l’érosion de la biodiversité en 2010. Pire encore, entre 40 et 70 % des espèces d’oiseaux et entre 50 et 85 % des habitats de faune et de flore sont dans « une situation de conservation critique » selon l’Agence européenne de l’environnement. Grâce au réseau Natura 2000, on a tout de même réussi à ralentir le rythme de destruction de la nature, dûe surtout à l’urbanisation, l’agriculture intensive et les infrastructures routières.

Même si les modifications climatiques ont été beaucoup plus médiatisées que l’érosion de la biodiversité, l’opinion publique commence à s’émouvoir devant l’effondrement de la pêche en mer ou la forte mortalité des abeilles. Dans notre société-fric, ce qui n’est pas monétarisé a peu de valeur, c’est bien le problème de la nature qui satisfait à nos besoins primaires de façon quasi gratuite, si bien que sa destruction n’a pas d’incidence immédiatement perceptible.

Il convient donc de donner un prix aux services rendus par la nature, comme le préconise l’Union Européenne en confiant à l’économiste Pavan Sukhdev la direction d’une étude sur « l’économie des écosystèmes et de la biodiversité » de façon à apporter aux décideurs, en 2010, des outils pour assurer la transition vers un système économique plus respectueux de la nature. De même, en France, Bernard Chevassus-au-Louis vient de rendre le rapport du groupe de travail qu’il a présidé « Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes » (http://www.strategie.gouv.fr/article.php3?id_article=980). Celui-ci vise à présenter les méthodes de quantification de la valeur financière de la biodiversité et à définir des « valeurs de références » utiles pour l’évaluation socio-économique des investissements publics. A titre d’exemples la valeur d’une forêt française est estimée à 970 €/ha/an et un récif corallien entre 5 000 et 10 000 €/ha/an. On voit bien là les limites de la démarche et ses dérives potentielles. Certes, on mesure l’intérêt de pouvoir intégrer dans le prix des produits de consommation le coût des impacts sur la biodiversité, mais il faut prendre garde à ne pas créer un marché de la biodiversité comme on le fait déjà pour les « droits à polluer » par exemple.

Il s’agit bien de dépasser le stade de l’affectif pour objectiver le coût des atteintes à la nature, en prenant bien garde toutefois de ne pas marchandiser la biodiversité. A ce stade, il serait opportun de tirer les leçons de la crise économique pour aller plus loin, à savoir repenser les fondamentaux économiques en inversant le rapport entre environnement et économie qui nous a conduit dans le mur : c’est l’économie qui doit être une déclinaison de l’environnement (nos besoins vitaux) et non l’inverse.

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