En Normandie, c’est à partir du XVIIIème siècle que les sciences de la nature ont pris de l’ampleur. A partir de cette période près de 80 naturalistes de différentes disciplines contribuent au progrès des connaissances pendant les 19ème et 20ème siècles. Les contours géologiques du Pays de Bray et sa richesse en paysages et biodiversité lui confèrent une identité forte. S’il en est ainsi du pays, il n’en est toutefois pas de même des naturalistes brayons. Peu sont de « vrais Brayons », ayant longuement vécus sur cette terre de bocage et coteaux. Ces naturalistes présentent des profils très différents mais sont souvent des botanistes. Nous en avons identifié 12 auxquels il convient d’ajouter les nombreux naturalistes amateurs actuels, regroupés au sein des associations brayonnes qui militent pour l’environnement ou le patrimoine.
Au 18ème siècle, on retient Sébastien VAILLANT et Antoine Tristan DANTY D’ISNARD surtout pour leur Journal de voyage en Normandie effectué en 1707 qui décrit bien le Pays de Bray.
Pour le 19ème siècle, Joseph-Alexandre LE TURQUIER DE LONGCHAMP publie en 1816 son plus important ouvrage la Flore des environs de Rouen qui couvre une bonne partie de la Normandie orientale, dont le Pays de Bray. Puis Jean-Baptiste Joseph BEHERE publie, entre 1824 et 1826 un Tableau analytique des mousses qui se rencontrent aux environs de Rouen et un Tableau analytique des genres et des espèces de lichens découverts jusqu’à ce jour aux environs de Rouen. En 1869, Dieudonné DERGNY publie Le Pays de Bray. Communes et paroisses qui témoigne de son intérêt pour les choses de la nature, en particulier pour les arbres, et se présente comme un précurseur de la protection de la nature.
Au cours du 20ème siècle, Charles JANET fut géologue, paléontologue, entomologiste, biologiste et chimiste, la figure type de l'amateur éclairé, avec une polyvalence de très haut niveau. Ernest Marius NOURY, attiré simultanément par la botanique et l'entomologie fut un précurseur de la cécidologie, l’étude des galles des plantes provoquées par des insectes. De Albert-Félix DE LAPPARENT nous retiendrons surtout ses travaux en matière de géologie concernant le Bassin parisien et incluant le Pays de Bray. Joël POURREAU s’est surtout investi en ornithologie, même s’il était aussi spécialiste des chiroptères, il fut un grand pédagogue de la nature qui a su partager ses passions. Fernand BAZERQUE, en 1990, implante une collection de 350 variétés de pommiers au château de Brémontier-Merval pour accumuler maintenant 6 000 pommiers de 420 variétés.
Au 21ème siècle, on peut retenir Pierre-Noël FRILEUX pour ses nombreux travaux, notamment sur les tourbières du Pays de Bray. Il fut un pionnier de la défense de l’environnement. Jean-Pierre VALET a assuré, de fait, la gestion d’une réserve génétique en cultivant de nombreuses plantes légumes dans son propre jardin.
Tous ces travaux, seulement évoqués ici, constituent des témoins de notre environnement et, en particulier, de la biodiversité du Pays de Bray. Ils constituent une matière importante pour effectuer des comparaisons avec la situation actuelle et devraient donc être valorisés. Ces naturalistes Brayons furent, en majorité, des enseignants intéressés surtout à la botanique. Ils ont constitué des collections diverses, dont la plupart se sont trouvées détruites… Par contre, ils ont produit de nombreuses publications qui pourraient être rassemblées, au moins en termes de bibliographie brayonne.
Cette publication pourra bientôt être lue dans son intégralité dans le volume 5 de « La Boutonnière de Bray », la publication périodique de la Société d’Histoire du Pays de Bray qui rassemble Normands et Picards pour la restauration du patrimoine de ce territoire à cheval sur les départements de Seine-Maritime et de l’Oise, doté d’une identité commune.