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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 08:52

L’hiver dernier, en Normandie, mais sans doute aussi ailleurs, il a été abattu beaucoup d’arbres, notamment dans les haies. La raison en est simple : avec le renchérissement des énergies fossiles, le bois est redevenu un combustible intéressant pour le chauffage des habitations. C’est une très bonne nouvelle, d’autant plus que nombre de collectivités, en plus des particuliers, envisagent l’installation de chaudière au bois. Le bois-énergie présente en effet de nombreux avantages par son caractère renouvelable et largement disponible : il est neutre par rapport à l’effet de serre et son utilisation contribue à une gestion profitable aux paysages et à la biodiversité. Différentes formes d’utilisation de ce combustible sont possibles selon les provenances : bûches (bois brut), granulés (sous-produits des scieries et menuiseries) ou plaquettes (bois déchiqueté).

Mais si l’on a vu beaucoup d’arbres abattus, on en a vu peu de plantés et les haies gérées en vue de la production de bois restent très limitées en linéaire. Il faut en effet prendre garde à assurer l’approvisionnement sur le long terme, pour ne pas prendre le risque de devoir importer du bois de contrées lointaines, comme l’Europe centrale. Le développement du chauffage au bois doit être mené en parallèle avec la mise en place d’une filière de production organisée de façon pérenne et respectueuse de l’environnement.

A la suite du Grenelle de l’Environnement, le gouvernement français a souhaité mobiliser 12 millions de mètres cubes supplémentaires de bois d’ici à 2012 (construction et énergie). Un gisement important semble constitué par les boisements privés, souvent de petites surfaces et peu ou mal gérés. Ce serait une bonne façon de valoriser ce patrimoine, à condition toutefois de le gérer sur le long terme et avec une approche transversale qui ne vise pas seulement la rentabilité à court terme, mais la garantie d’une production pérenne alliée à la préservation de la biodiversité. Par le passé, on a détruit nombre de zones humides en les transformant en populicultures, ne refaisons pas la même erreur en plantant systématiquement, par exemple, des pelouses calcicoles. La biodiversité y perdrait au profit de l’énergie…

On peut consulter avec profit les publications de l’AREHN, dont « Chaudières et poêles à bois » dans la collection Connaître pour agir : http://www.arehn.asso.fr et le site du Pays de Bray http://www.paysdebray.org qui met en place actuellement une filière bois-énergie.

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23 septembre 2008 2 23 /09 /septembre /2008 08:20

Il est frappant de constater combien il est rare de voir mentionner dans les catalogues des pépiniéristes les qualités requises du sol pour planter des végétaux. Pourtant les plantes ont des exigences, des préférences ou des refus par rapport à la qualité du sol, selon qu’il est calcaire ou acide, filtrant ou pas, pollué ou pas, etc. Cette lacune est révélatrice d’un manque de culture (sans mauvais jeu de mots) sur les sols, ou pour le moins d’une indifférence à leur structure et leur fonctionnement.

Ce qui vaut pour l’horticulture vaut encore davantage pour les cultures vivrières. Si la Terre doit porter bientôt, comme le prévoient les démographes, 9 milliards d’habitants, la qualité des sols et leur aptitude à l’agriculture pourrait bien devenir une préoccupation majeure. Certains pédologues (spécialistes des sols) s’inquiètent des atteintes répétées sur les sols depuis quelques décennies : pollutions diverses dont les pesticides à hautes doses, déforestation, érosion, urbanisation, irrigation ou drainage mal contrôlés, etc. C’est ainsi près d’un quart des terres utilisables sur la planète qui sont dégradées, sur tous les continents. On compte sur la planète 13,5 milliards ha de terres émergées, dont 22 % peuvent être cultivées, la moitié de celles-ci (3 milliards ha) étant effectivement exploitées.

Alors qu’il va falloir augmenter fortement la production agricole si l’on veut nourrir la plus grande part de l’humanité (nourrir 9 milliards d’hommes relève aujourd’hui du défi quasi insurmontable), la proportion de sol par habitant ne cesse de se réduire. Non renouvelable, ou à une échelle de temps très longue, les sols devraient être considérés comme un patrimoine mondial à protéger.

En France même, chaque année, ce sont 60 000 ha de terres arables qui disparaissent du fait de l’étalement urbain, soit l’équivalent d’un département en 10 ans. Du fait des modifications climatiques, les sols vont être rendus plus fragiles encore : alternance de sécheresses et périodes très pluvieuses qui vont amplifier l’érosion.

Des solutions, au moins partielles, existent et sont déjà mises en œuvre : diminution des intrants et des pesticides, recyclage des débris végétaux, gestion du paysage en hydraulique douce, etc. Mais, comme souvent en matière d’environnement, il faudrait faire davantage et plus vite. Ainsi, résultat global sans doute de cette dégradation, les rendements des cultures plafonnent en Europe, ce qui pourrait s’expliquer par l’appauvrissement en matière organique des sols, constaté sur 45 % des surfaces. Pour nourrir toute l’humanité en 2050, si toutefois cela est possible, il y a urgence à protéger les sols.

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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 09:07

         Il a été beaucoup question de la pêche ces derniers temps. La pêche est restée, en effet, une activité de cueillette qui exploite pleinement une bonne moitié des stocks de poissons et en surexploite un quart. On estime que seulement 1 % du stock est en voie de reconstitution. C’est dire que la faune marine est en forte régression. L’aquaculture supplée, en partie, ces diminutions de stocks sauvages, en fournissant aujourd’hui 43 % de la consommation contre 9 % en 1980. Malgré cela, la consommation de poisson tend à diminuer en France, du fait des prix jugés trop élevés.

L’exemple du thon rouge est très significatif. Menacé par la surpêche, il risque de disparaître de l’Atlantique et de la Méditerranée si les prises ne sont pas limitées de façon drastique. Mais la préservation d’une espèce menacée ne va pas de soi et les mesures prises par la Commission Européenne créent la polémique… Une affaire bien compliquée, d’autant plus que le premier consommateur de thon au monde est le Japon (un quart de la consommation mondiale dont 70 % des thons pêchés en Méditerranée). Ceci expliquant cela, le prix du thon rouge a augmenté de 40 % depuis le début 2008, ce qui en fait un enjeu économique très important.

Cet exemple est révélateur de la difficulté que présente la préservation de la biodiversité sur le long terme face à des intérêts économiques de courts termes concernant une petite population. Là où les politiques peinent à expliquer clairement les enjeux et prendre les décisions qui s’imposent, comme pour beaucoup d’autres problématiques, les consommateurs peuvent aussi faire valoir leur point de vue. Ainsi en Suède, la journaliste Isabella Lövin a publié il y a un an l’ouvrage « Mer silencieuse » pour alerter l’opinion publique. Depuis, certains restaurants suédois, des maisons de retraite et même des centrales de grande distribution boycottent les poissons menacés. Ce boycott pourrait s’étendre à toute l’Europe. En France, Auchan a cessé de vendre du thon rouge.

Mais la première espèce à disparaître sera sans doute celle de pêcheur. Bien sûr qu’il faut prendre des mesures de solidarité vis-à-vis de cette profession, mais faire croire que l’on va aider les pêcheurs en injectant de l’argent dans le circuit de production est pure démagogie. Quand les stocks sont bas, ou bien on réduit la consommation, ou bien on épuise les stocks, considérant qu’il n’y a pas de lendemain…

En premier lieu, la profession de la pêche doit se remettre en cause, modifier sa façon de travailler, gérer les stocks sur le long terme et aller vers une pêche durable, comme il existe par ailleurs une agriculture durable. Ainsi on pourra associer la pêche à une économie littorale de qualité plutôt que rechercher des marchés mondiaux trop peu scrupuleux.

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26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 10:29

       En ces temps difficiles et perturbés pour notre environnement, nous sommes à la recherche d’exemples positifs, même ponctuels, pouvant être reproduits sur un territoire plus grand. L’île de la Réunion, dont le slogan touristique fut longtemps « l’île intense » pourrait bien constituer un de ces exemples.

Ce petit caillou de l’archipel des Mascareignes, dans l’Océan Indien, de 60 km dans sa plus grande longueur, compte en effet 765 000 habitants sur 2 500 km2. Le relief, de 0 à un peu plus de 3 000 m, un volcan en activité et trois cirques de volcans éteints, une pluviométrie qui varient selon les endroits de presque rien à 7-8 m par an, font de cette île un lieu paradisiaque de dépaysement, mais aussi un espace de compétition entre l’homme et la nature.

La Réunion constitue en effet l’un des 34 « points chauds » de la biodiversité mondiale, et c’est à ce titre qu’a été inauguré en juillet dernier le 9e parc national français. Ce parc couvre 100 000 ha soit 40 % de la superficie de l’île ! Il abrite une végétation primaire restée intacte pour un tiers, protégée par un relief difficile. Ainsi la diversité biologique considérable, comme les fougères arborescentes, s’ajoute à la diversité époustouflante des paysages et écosystèmes qui vont de la savane à la forêt tropicale humide.

Mais l’île est partie pour compter un million d’habitants en 2030, sachant qu’actuellement le chômage touche plus de 20 % de la population. Les craintes sont fortes localement de devoir sacrifier des projets de développement pour sauvegarder la biodiversité.

Pourtant la Réunion, comme d’autres territoires de l’outre-mer européen, est un « géant écologique » qui risque d’être très exposé aux modifications climatiques. Ces territoires vont être ainsi, de fait, des réservoirs de biodiversité qu’il convient de protéger absolument, mais aussi des écosystèmes très exposés et des terrains d’expérience incomparables pour tenter de trouver des solutions transposables ailleurs. Les barrières de corail, qui abritent les deux tiers de la biodiversité marine, sont déjà concernées par ces bouleversements (voir notre chronique du 26-02-2008, « pourquoi une année corail ? »).

Qu’en sera-t-il de la compétition pour l’espace sur ces petits territoires ? Saurons-nous trouver les bons compromis entre l’homme et la nature. Les résultats seront déterminants et éclairants en terme de prospective à l’échelle du siècle…

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29 juillet 2008 2 29 /07 /juillet /2008 09:34

Il avait toujours semblé un peu rêveur ou poète, mais avec un sens de la répartie toujours très avisé. Après quelques hésitations, il s’était décidé pour une profession dans l’aéronautique. Après de nombreuses missions sur Terre, il venait de passer quelques mois sur la Lune, dans la station « Lunamars ». Les vols habités vers Mars avaient commencé, mais il s’agissait maintenant d’en faire des vols de routine, au départ de Lunamars.

Bien sûr, pendant toutes ces années, il avait bénéficié de congés terriens, mais cette fois-ci il revenait pour de bon à Kourou qui, curieusement, était restée la base spatiale européenne. De Lunamars à Kourou, en Guyane, le déplacement se faisait en navettes dont certaines étaient quasi autonomes, à trois ou quatre places seulement. C’était le cas pour ce retour joyeux sur Terre.

La navette se rapprocha vraiment de la planète bleue au-dessus de la Sibérie et prit toute l’Europe en écharpe jusque l’Atlantique, puis l’Amérique du Sud pour l’atterrissage. De passage sur l’Europe de l’Ouest, le pilote accepta de se rapprocher encore davantage du sol. Les Pays Baltes, puis l’Allemagne, enfin la France, plus bas encore…, la Lorraine, la Champagne, Paris aperçu à gauche, puis… oui c’était là ! La vallée de l’Andelle, les buttes témoins du Pays de Bray, et là, oui là sur le bord, dans un bouquet d’arbres magnifiques, une sorte d’oasis !

Victor, le co-pilote ne put retenir un cri de fauve : « Ouahhhhhrrrr ! Mon marronnier à fleurs roses ! Je l’ai planté avec mon grand père au début du siècle, il est devenu énaurrmme ! » Il fut définitivement rassuré, il appréhendait son retour sur Terre après tous les cataclysmes dus aux modifications du climat. Mais la Terre lui souriait, elle avait retrouvé… figure humaine. Il n’aurait pas besoin de s’expatrier sur Mars, comme il l’avait craint longtemps. La Terre était à nouveau vivable.

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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 09:02

         A l’occasion de l’Armada (semaine de présentation des plus grands voiliers du monde dans le port de Rouen), le Conseil Général de la Seine-Maritime a fait réaliser des vidéos sur les sites remarquables du département. Chaque lieu est présenté en 76 secondes (comme le chiffre qui désigne le département) autour d’une interview d’un témoin qui commente son intérêt personnel, échappant ainsi aux présentations traditionnelles des sites touristiques.

Parmi ces lieux, l’office de tourisme des Monts et de l’Andelle avait sélectionné les sentiers de randonnée, et en particulier celui qui parcourt le Grand Mont de Sigy. Randonnées, orchidées, vues panoramiques sur la partie centrale du Bray et la vallée de l’Andelle : le Grand Mont devenu « vedette » prend ainsi une belle revanche sur son actualité récente… (Voir notre chronique « Il est mort le Grand Mont ? » du 13-05-08).

Cette vidéo a été projetée sur le stand du Conseil Général de la Seine-Maritime durant l’Armada qui a accueilli… de l’ordre de 7 millions de visiteurs ! Elle sera visible ensuite dans les offices de tourisme et sur leur site internet, tel que http://www.otlafeuillie.fr/ et d’ores et déjà sur le site de dailymotion http://www.dailymotion.com/relevance/search/la%2Bfeuillie/video/x5tmpy_76-secondes-en-seinemaritime-beta_travel

Ces vidéos ont été réalisées par l’agence Biplan (www.biplan.fr) avec un tournage sur le Grand Mont de Sigy effectué le 6 juin 2008.

Ainsi le Grand Mont devrait conquérir une notoriété bien méritée, retrouver ses lettres de noblesse auprès des habitants des alentours et bénéficier de mesures de protection et de gestion appropriées.

Quel cinéma… pour sauver un minuscule espace de la planète Terre, témoin de la richesse de sa biodiversité.

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8 juillet 2008 2 08 /07 /juillet /2008 08:08

Pour aller de Paris à Calcutta, jusqu’à maintenant, on prenait l’avion. Qu’en sera-t-il demain ? C’est en effet au début de cette année que le constructeur automobile indien Tata Motors a produit la Nano (petite voiture qui tient plus de la moto à quatre roues que de la berline) pour être vendue autour de 1 800 € ! Les Indiens viendront-ils en France en Tata ?

Le constructeur indien envisage, d’ici 10 ans, de produire un million de voitures de ce type par an ! C’est dire que, même si ces véhicules sont très sobres et très rustiques, la demande de produits pétroliers va encore croître. Juste à côté, les Chinois produisent des voitures comme nous des baguettes de pain… et l’arrivée des véhicules chinois en France devient une réalité.

C’est ainsi que le parc automobile mondial atteint maintenant quasiment le milliard de véhicules. Quelles sont les répercussions à en attendre sur l’effet de serre et les modifications climatiques qui en découlent ? Avec 37 millions de véhicules (voitures, camions, autocars), la France, à elle seule, a augmenté son parc de 65 % en 20 ans. Certes les consommations des moteurs tendent à diminuer, mais avec une telle explosion du parc, la consommation globale ne cesse de croître. La rupture est proche, à 5 ans, 10 ans, 15 ans tout au plus. Sans doute les réserves de produits pétroliers sont-elles encore abondantes, mais à un prix qui devient plus dissuasif chaque jour. La fin du pétrole ne sera pas la fin du monde, mais sans doute la naissance d’un nouveau monde. De nouvelles technologies vont apparaître, mais ne sont parfois encore que balbutiantes.

Y a–t-il dans ce pays, la France, un constructeur automobile qui se préoccupe de nouvelles énergies plutôt que de communication environnementale ? Y a-t-il dans ce pays une classe politique qui anticipe de nouveaux modes de déplacements, un nouvel urbanisme, une nouvelle organisation du territoire ? Y a-t-il dans ce pays des (éco)-citoyens qui sont prêts à revoir leur façon de vivre, de se déplacer, de consommer, de partager les richesses ? N’y aurait-il pas quelque décalage entre certains discours enflammés et la réalité ?

Pourtant, certaines dispositions, comme le malus-bonus sur les véhicules neufs, bien qu’insuffisantes, vont dans le bon sens. Par ailleurs, les voitures électriques existent déjà, mais restent marginales pour le moment ; et un début de relance du transport ferroviaire se fait jour timidement.

Taratata, ne pourrait-on pas penser que tout cela est un peu pipo ? T’as plus qu’à ranger ta Tata Nano et t’attends un peu pour l’électro.

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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 08:34

Une des conséquences des modifications climatiques est la montée du niveau des océans, de l’ordre de 20 à 60 cm d’ici à 2100. Ce réchauffement devrait aussi accroître la violence et la fréquence des tempêtes, ainsi que l’abondance des pluies hivernales, renforçant de ce fait les risques de submersion. Bien sûr, les rivages plats et sableux seront les plus vulnérables.

Certains pays sont plus concernés que d’autres (Voir notre chronique « As-tu vu Tuvalu ? » du 04-12-07), notamment les Pays-Bas en Europe dont 20 % des terres sont actuellement sous le niveau de la mer. Les Etats-Unis et le Japon sont aussi très concernés. En France même, certaines parties du littoral du Gard, d’Aquitaine ou de Normandie pourraient reculer de plusieurs kilomètres. L’érosion est déjà préoccupante pour un quart du littoral français. Ainsi, entre la baie du Mont-Saint-Michel et le Cap de La Hague, le recul peut atteindre 5m/an en moyenne !

Parmi les solutions envisagées, les Hollandais ont d’ores et déjà construit des maisons flottantes, en bord de Meuse. Véritables logements amphibies, ces maisons flottent en fonction du niveau d’eau et sont conçues avec une flexibilité des circuits de fluides. Le centre de ce quartier est transformé en zone inondable afin de stocker l’eau en période de crue. Certaines maisons sont même prévue inondables, le rez de chaussée adapté avec circuits électriques au plafond, mais avec assez peu de succès… à la vente. D’autres solutions, dans la tradition des grands travaux de protection contre la mer, consistent à construire cinq îles artificielles longues et étroites, dont la plus longue pourrait atteindre 100 km.

Les Américains, eux, ont envisagé d’autres solutions… futuristes ou fantaisistes : des architectes new-yorkais ont présenté le projet « Cloud City », la ville-nuage, qui consiste à suspendre des appartements à des dirigeables. Les autorités semblent toutefois préférer des solutions plus terre à terre.

Les remèdes proposés se réfèrent à deux écoles de pensée : il y a ceux qui demeurent attachés à la lutte contre la nature, coûte que coûte, et ceux qui tentent de composer avec elle. Il semble bien que les seconds soient en train de l’emporter, du moins aux Pays Bas où « redonner de la place à l’eau » constitue une véritable révolution.

Il faut donc travailler avec la nature, c’est dans cette perspective que le gouvernement hollandais prépare pour mai 2008 un exercice d’alerte d’envergure nationale, afin de tester l’efficacité des services d’urgence face à une inondation catastrophique. (Voir notre chronique « Utile le service civil ? » du 18-12-07)

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24 juin 2008 2 24 /06 /juin /2008 08:25

C’est en 1966 que René Dumont publiait son fameux ouvrage « L’Afrique est mal partie » (http://www.editionsduseuil.fr). Le diagnostic pessimiste de Dumont semble revenu d’actualité avec les récentes émeutes de la faim. Avec près d’un milliard d’habitants sur un continent de 30 millions de km2, l’Afrique offre environ 210 millions d’hectares cultivés, sur des sols souvent fragiles et peu fertiles, et peine à nourrir sa population. Mais elle détient aussi des métaux et du pétrole qui suscitent des convoitises. Le prix Nobel de la paix, attribué en 2004 à Wangari Maathai (originaire du Kenya) symbolise le lien profond qui lie la paix à la gestion durable des ressources.

Certes le colonialisme n’a pas toujours impliqué les meilleurs choix pour l’Afrique, notamment en soutenant des dirigeants, parfois corrompus, ou en encourageant la fuite des élites vers le Nord. Les conséquences de ce gâchis, comme la déforestation, l’assèchement des lacs, l’urbanisation incontrôlée, entraînent aussi la dégradation des terres et la diminution de la biodiversité…

L’Afrique aussi est entrée dans la mondialisation et se laisse courtiser par la Chine, l’Inde, le Brésil ou les Etats-Unis, chacun de ces pays ayant pris conscience de l’énorme potentiel africain. Les Chinois, notamment, sont omniprésents, générant un tremblement de terre géopolitique aux dépens de la France, en particulier. Et au profit de qui ?

Remettre l’agriculture locale au cœur des politiques africaines doit être une priorité, pour déclencher une « révolution verte ». Pour se préserver, l’Afrique doit compter sur son propre potentiel agricole et forestier. C’est une chance historique pour son développement économique, pourvu qu’elle sache gérer ce patrimoine inestimable comme il doit l’être : avec modération et sagesse. L’Afrique centrale constitue le deuxième poumon de la planète, après l’Amazonie, et réunit plus de la moitié des écosystèmes majeurs du continent africain. Les forêts, si elles étaient bien gérées, pourraient contribuer à une certaine prospérité.

Les dirigeants africains, ou certains d’entre eux au moins, ont bien compris la signification profonde de ces bouleversements : « nous faisons partie des nouvelles puissances de la biodiversité » affirme Joseph Endundo, ministre congolais de l’environnement. Le défi à relever est énorme mais doit être enthousiasmant pour une jeunesse africaine qui a une mission planétaire à accomplir : nourrir sa propre population tout en préservant une part essentielle de la biodiversité pour la survie de toute la planète et inventer un système économique qui améliore le niveau de vie des Africains en respectant ce patrimoine fabuleux.

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17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 07:15

Entre la question du Tibet, le tremblement de terre du Sichuan et bientôt, les Jeux Olympiques, la Chine est décidément en permanence dans l’actualité. La Chine, reconnue comme « l’atelier du monde », n’est plus un pays sous-développé, mais au contraire, elle a atteint le niveau de développement de la France au début des années 1960… et devrait nous avoir rattrapé avant 2030. La Chine est déjà d’ailleurs parfois en avance, là où on ne l’attendait pas forcément, dans le domaine de l’environnement, comme à Shanghaï où les scooters électriques sont légion.
         Certes, la Chine a maintenant dépassé les Etats-Unis en matière d’émission de CO2 en devenant le premier émetteur mondial. Certes les lacs sont asphyxiés par les rejets industriels. Certes la Chine va devoir construire 400 villes d’ici 2030 pour accueillir environ 300 millions de ruraux qui seront ainsi submergés par le smog. On pourrait multiplier les exemples de dégradations de l’environnement et montrer combien les Chinois passent par les mêmes chemins que nous autres Européens, si ce n’est le changement d’échelle.

Si l’on positive un peu pour croire à l’avenir, il faut convenir aussi que la Chine emprunte notre itinéraire, en allant plus vite que nous, y compris en termes de remédiation. C’est ainsi qu’est née en Chine une conscience écologique (même si les militants écologistes sont parfois durement réprimés), que des paysans se révoltent contre la pollution, que la population soutient parfois ces militants et que le nombre des ONG (plus ou moins « officielles ») ne cesse d’augmenter.

Sans doute, les discours du président Hu Jintao sur la Chine « future civilisation écologique » sont-ils de circonstance, mais l’Agence chinoise de l’environnement (SEPA) va être érigée en ministère et le Programme national sur les changements climatiques (NDRC) a été présenté comme la « loi fondamentale » guidant la Chine. En matière d’urbanisme, le concept d’écoquartiers est dépassé pour aller vers des « écovilles », comme Dongtan près de Shanghaï, qui devra assurer son autonomie énergétique.

Ne soyons pas dupes, il restera énormément à faire pour lutter contre les pollutions et les atteintes à la biodiversité. Néanmoins l’empire du Milieu semble bien avoir intégré l’importance des questions environnementales et peut-être même se souvient-il qu’un autre empire, l’URSS, s’est effondré il n’y a pas si longtemps pour diverses raisons politiques, dont la rébellion des populations contre les atteintes insupportables à leur milieu de vie.

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