Ils étaient tous là, nombreux et répartis en petits groupes, en pleine rue. Je les observais depuis la fenêtre de ma chambre d’hôtel. Ils étaient tous actifs, mais avec un certain flegme, se déplaçant à peine pour laisser place aux quelques voitures et aux nombreux vélos et mobylettes qui empruntaient l’avenue à cette heure matinale, avant la grande chaleur. Tête chauve et cou dénudé avec une collerette blanche à la base, ils étaient d’une rare élégance. Lorsque certains prenaient leur envol, alors c’était un vrai régal que de voir de tels animaux sauvages pénétrer la ville en toute tranquillité, parmi nous : deux mètres d’envergure, quelle merveille !
Ainsi, en plein centre de Ouagadougou, les vautours prenaient leurs aises matinales, essayant de grappiller ici ou là une charogne. Les éboueurs commencent tôt à Ouaga et ils sont d’une efficacité redoutable !
Le vautour à dos blanc demeure commun dans toute l’Afrique subsaharienne, bien que l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) l’ait récemment inscrit en liste rouge « quasi menacé ». C’est surtout la disparition de ses habitats arborés qui est en cause dans la réduction des effectifs, mais aussi la diminution de mammifères sauvages qui constituent ses proies.
Ainsi les vautours charognards jouent un rôle important en Afrique, y compris en milieu urbain, en limitant les risques de prolifération d’épidémies animales ou humaines liées aux charognes.
Dans l’imaginaire occidental, par contre, le vautour a mauvaise réputation. Il est associé à l’attente morbide d’une proie et à la mort. Le terme vautour désigne quelqu’un qui attend que sa victime soit affaiblie pour mieux la voler, mais là il ne s’agit plus de l’oiseau !