Chacun sait combien la pédagogie est un art difficile en matière d’environnement. Les choses les plus simples et de bon sens ne sont pas toujours évidentes pour tous. C’est ce qui explique que certains militants écologistes « en rajoutent » au point de devenir parfois un peu fatigants. C’est du moins la thèse de Sergio Emilson qui publiait fin 2010 Comment recycler les oiseaux mazoutés. Et autres bons conseils d’écologie horripilante, aux éditions Poils aux plumes. Sergio Emilson considère que l’écologie (politique) est devenue moralisatrice et culpabilisante et a décidé de réagir en la tournant en dérision pour essayer de la rendre plus humaine. Cet humour ravageur devrait permettre de prendre un peu de recul face à « l’écologiquement correct. »
Dès le début du bouquin, le ton est donné : « N’allez pas plus loin dans ce livre, vous avez déjà profité de l’introduction pour un prix raisonnable, portez-le sans délai au recyclage. »
Un certain cynisme peut faire rire : « Consommez uniquement de la viande provenant d’animaux ayant bénéficié du soutien psychologique d’un zoopsychologue qui leur explique le bien fondé de leur sacrifice. En général, elle est plus tendre. »
Soucieux de la biodiversité en plus : « Le miel, la cire d’abeille, la propolis, la gelée royale, mais vous pouvez pas foutre un peu la paix aux abeilles ? Elles vont finir par bosser pour plus rien du tout ! »
Et aussi le tourisme vert, oui mais vers où ? : « Appliquez la règle des trois P, Partir, Pas cher, Pas loin. Mieux encore, celle des 4 P, complétée par Pas du tout. »
Au fait de la question énergétique : « Le bois est le roi des énergies renouvelables, loin devant toutes les autres. Gardez-vous des mélanges des genres : pourquoi avoir construit votre éolienne en bois ? On se croirait au far-west ! »
Ou encore : « A l’heure où une grande partie de l’humanité ne mange pas à sa faim, consacrer des denrées alimentaires, comme les céréales ou les oléagineux, à la production de biocarburants est une hérésie. Biocarburants et sous-alimentation sont incompatibles. Aussi, avant de prendre le volant, assurez-vous d’avoir le ventre plein. »
Et enfin : « La centrale nucléaire de Sainte-Trouille-Lédoye-Croizet est livrée sans les piles. »
En résumé on en prend tous pour son grade. Sergio Emilson a peut être raison, son pastiche peut nous aider à reprendre nos esprits pour mieux faire passer le message…