Crévaindiou, v’la que j’me dope au nitrate. Mé qui suis pas bé en forme du moment, je vas me’remonter un peu aveuc c’te sorte de médicament, pi qu’ c’est un médicament qui disent maintenant, ou quasi.
Le père Mathieu a sans doute raison s’il écoute la Coordination rurale, mais il a peut être tort s’il écoute le Commissariat général au développement durable… Comment s’y retrouver ? La Cour de justice européenne vient de condamner la France, le 13 juin 2013, pour « manquement dans la mise en œuvre de la directive nitrates », après avis motivé d’octobre 2011 et omission de désignation de zones vulnérables. La prochaine étape pourrait consister en des sanctions financières lourdes, aux frais… des contribuables. Comme à l’habitude les écologistes reprochent aux gouvernements de céder devant les lobbies de l’agriculture intensive et les chambres d’agriculture… dénoncent le manque d’évaluation des conséquences économiques et l’empilement des mesures réglementaires.
Mais voilà que dans le même temps, la Coordination Rurale (« Le seul syndicat agricole représentatif indépendant de toute organisation économique et politique qui défend tous les agriculteurs ») fait savoir qu’il est « définitivement acquis que les nitrates de l’alimentation sont bénéfiques pour la santé », que « plus nous consommons de nitrates, meilleure est notre santé » et enfin qu’ « aucun des effets négatifs supposés n’a pu être confirmé au terme de plus de 30 ans de recherches infructueuses ». (http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/nitrates-et-sante-l-etonnante-contre-enquete-69761.html). Tout ceci en s’appuyant sur des études anglo-saxonnes et scandinaves démontrant un renversement total de l’approche des nitrates, tel qu’elle prévaut depuis 50 ans.
Pour corser un peu l’affaire, le ministère de l’écologie rappelle dans ses publications que « les nitrates sont bien une des principales causes de dégradation de la qualité des eaux souterraines ». (http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lessentiel/ar/2000/0/contamination-eaux-souterraines-nitrates.html).
Mais alors qui croire ? Il est vrai que la science évolue, qu'elle peut surestimer des risques, que des conclusions sont trop vite traduites en règlements... N’y aurait-il pas amalgames et confusions entre nitrates, phosphates et pesticides ? Ou confusion entre impact sur la santé et impact sur l'environnement ? Ou jeu complexe entre intérêt financier et lobbying forcené ? Une seule certitude, il nous manque de véritables institutions réellement indépendantes pour faire le tri des arguments.
Crévaindiou, qui que j’va crère asteu ? J’me dope ou j’me dope pas ? Nous v’la bien dans l’embarras du nitrate !