Malgré les nobles intentions, il est avéré que l’enseignement des sciences à l’école a de grandes marges de progrès… Il semble que 20 % seulement des professeurs des écoles traitent le programme scolaire en totalité. Mais pourquoi donc ? Tout simplement parce que les enseignants sont majoritairement des littéraires peu formés aux sciences. Leur formation initiale ne compte que quelques heures de sciences et depuis 2014, l’épreuve de sciences et techniques n’est plus obligatoire au concours de professeur des écoles. Il n’est donc pas surprenant que dans le classement des pays de l’UE, la France soit avant dernière pour le niveau scientifique des élèves. Pourtant, les connaissances scientifiques sous-tendent de nombreuses questions d’avenir de notre société : énergie, environnement, santé. Alors que la crise de la Covid-19 a mis en avant les scientifiques, ceux-ci sont souvent décrédibilisés au regard du public, ce qui atteste d’une crise de la culture scientifique. Faut-il rappeler que la science consiste à analyser des faits pour leur donner une interprétation rationnelle. Enseigner la science, c’est apprendre à raisonner, apprendre la vie.
Parmi les questions scientifiques à enseigner, la priorité devrait revenir au développement soutenable et ses composantes. Comme nous l’avons souvent rappelé, si les fondamentaux de l’école sont bien lire, écrire et compter, ils doivent aussi intégrer les bases de notre relation biologique à la nature, ceci dès la maternelle et le primaire. Au cours des études secondaires, il convient de donner à l’écologie/environnement/développement soutenable le rang de discipline principale. En supérieur, il faut enseigner les données concrètes relatives au triptyque : bases de l’écologie/comportement individuel/gouvernance collective dans toutes les disciplines. Enfin, en formation professionnelle et continue et pour toutes les formations, il faut enseigner les aspects spécifiques des professions concernées quant à leur impact sur la nature.
Cela signifie que plutôt que d’accumuler les savoirs, il convient d’apprendre la curiosité, la rigueur et l’esprit critique. C’est dans cet esprit qu’à la rentrée prochaine, près de Fécamp, va ouvrir l’école maternelle de la forêt, inspirée des Forest School des pays nordiques. L'association MAVD (Mouvement actif pour une vie durable) intervient dans les écoles pour expliquer l'environnement et le développement soutenable à travers des ateliers qui ont accueillis 2 000 élèves en 2019. En guise de classe, des yourtes vont accueillir dix enfants de 3 à 6 ans, entourés d'un enseignant et d’une animatrice pour viser à plus d’épanouissement et de confiance en soi. Par ailleurs, après avoir abondamment bétonné et asphalté les cours d’école, un mouvement prend de l’ampleur en France, pour revégétaliser les cours de récréation. C’est un bon signe pour remettre un peu de nature, science et poésie, dans la vie des enfants.