Il se dit de plus en plus souvent que nous vivons dans un monde de fous pour des tas de raisons, on pourrait discourir sur ce thème indéfiniment. Pour faire bref, prenons un exemple des plus significatifs, relatif à la santé et donc à la maladie.
Le dernier week-end de novembre 2024 se tenait la 38 ème édition du Téléthon, cette énorme manifestation de solidarité qui permet de rassembler des fonds pour la recherche médicale sur les maladies rares. Le Téléthon 2024 a permis de collecter 80 millions d’euros, ce qui égale les dons de 2023 et prouve les très grandes générosité et solidarité des Français, quoi qu’on en dise par ailleurs. Concernant la myopathie de Duchêne par exemple, incurable jusque là, qui détruit les muscles et touche un garçon sur 3 000, on va pouvoir procéder à un « essai exceptionnel » au coût de 30 millions d’euros.
Comparaison stupide me direz vous, le budget de l’armée française pour 2025 est porté à 50,54 milliards d’euros avec une augmentation de 3,3 milliards par rapport à 2024. Ce budget prévoit, entre autres, l’acquisition de drones militaires d’un coût très variable selon leurs caractéristiques, allant de 700 000 euros l’unité à 25 millions. Avec un coût moyen de 10 millions d’euros pour ces « instruments » militaires, le Téléthon a rapporté l’équivalent de 8 drones, un essai de traitement de la myopathie de Duchene côutant le prix de 3 drones. Une somme équivalente à celle collectée par le Téléthon, prélevée sur le budget de l’armée, l’aurait amputé de 0, 0016 % ! Catastrophique et donc impossible ! Mais où sont donc les priorités ? N’y aurait-il pas là une légère contradiction entre l’argent consacré à la guerre et celui destiné à la recherche médicale ? Chacun en pensera ce qu’il veut !
Par ailleurs, face au mécontentement des agriculteurs, le gouvernement a dévoilé fin novembre 2024 des mesures de « simplification » pour l’agriculture. Il s’agit en fait de mettre en pause certaines mesures de restriction des pesticides alors que ceux-ci sont très préjudiciables aux personnes ayant été en contact avec ces produits, les agriculteurs eux-mêmes, mais aussi les riverains des champs traités. Les effets des pesticides sur la santé sont connus de longue date (depuis la fin du XIX ème siècle) et surtout depuis 1950-60 avec le passage à une production agricole industrielle. Après 50 ans d’études épidémiologiques, on sait que certains types de cancers sont plus répandus chez les agriculteurs que dans la population générale (notamment le cancer de la prostate), aussi que l’exposition aux pesticides peut avoir des effets sur le cerveau (tumeurs cérébrales) et générer la maladie de Parkinson, sans oublier la vulnérabilité particulièrement forte au cancer des fœtus et enfants du voisinage. Mais et la santé alors ? Quelle importance ? N’y aurait-il pas là une légère confusion entre la satisfaction aux revendications d’une profession et la santé de la population ? Là encore chacun en pensera ce qu’il veut !
Bref, les priorités dans les choix politiques ne sont pas celles que l’on pourrait supposer, la santé notamment, mais plutôt l’attrait du fric et la démagogie. Le monde est fou, vraiment ! Est-ce que pour autant nous allons en rire ? Pas si sûr...