La « transition écologique » est une expression un peu « publicitaire » qui relève davantage de la communication plutôt que d’une réelle bifurcation.
Les gouvernements français successifs n’ont pas remis en cause la structure de notre appareil productif, que ce soit au niveau français ou européen… et parfois, ont même « allégé » les contraintes environnementales. Pour un vrai changement de notre société, il faudrait surtout gouverner en fonction des besoins, individuels et collectifs, et non pas pour prioriser la rémunération des actionnaires de grandes sociétés. Cela suppose que les besoins réels soient délibérés par les représentants du peuple et sortis des lois mercantiles du marché. Il faut donc que soit revue la conception de la comptabilité publique avec un pilotage de la production en cohérence avec des objectifs écologiques et non pas l’obsessionnelle croissance !
Cette nouvelle façon de raisonner doit être pensée à l’échelle de la planète, ce qui va restreindre un peu la consommation, surtout pendant la période de passage d’un système à l’autre. Cela demande un effort de chacun, qui sera accepté s’il s’accompagne d’une réduction des inégalités, en somme un couplage sobriété/justice sociale. Une des conséquences de cette révolution sera de repenser la place du travail dans nos sociétés et son sens quant à ce qu’il produit. Il sera nécessaire de former davantage de personnes aux nouveaux métiers liés à la bifurcation, que ce soit la production d’énergie, la rénovation des bâtiments, ou les façons de se déplacer, notamment.
Ce bouleversement va être une épopée collective, ce sera la naissance d’une nouvelle société, d’un nouveau monde où chacun pourra contribuer au bien-être de tous. Ce qui suppose la création d’emplois plus nombreux pour l’accompagnement des jeunes enfants ou personnes âgées par exemple, emplois insuffisants jusque maintenant parce que « non rentables » alors qu’ils le sont socialement. En ce domaine des exemples existent déjà avec, entre autres les coopératives, et maintenant les AMAP qui mettent en relation directe producteurs et consommateurs afin de parvenir à un équilibre production/consommation. Les réseaux sociaux peuvent être aussi une opportunité pour élargir le système vers un mode de consommation qui mette en avant des critères environnementaux et sociaux.
Sortons de la dictature des prétendus « besoins », plutôt commerciaux que réels, avec des publicités attractives et souvent malhonnêtes. Il faut donc éviter une centralisation excessive, celle-ci restant toutefois indispensable lorsqu’il s’agit, par exemple, d’investissements dans des lignes de transports ou des unités de production d’énergie. Cela nécessite de trouver, et largement réinventer un équilibre entre centralisation et fédéralisme. Les projets répondant à des besoins réels doivent être réfléchis à l’échelle d’une région, d’un pays ou d’un continent, selon leur importance, dans un contexte planétaire, parce que nous sommes tous concernés par les impacts environnementaux, où qu’ils surviennent.
A suivre le 4 avril 2025.