C’est entre 1945 et 1975 que les Français ont connu une grosse poussée de croissance marquée par un accès plus aisé à la société de consommation, période qui a été nommée les « Trente glorieuses ».
Ce mythe a été vécu différemment selon les clivages politiques. Schématiquement, pour la droite c’était une époque bénie basée sur l’effort et le mérite. Pour la gauche c’était un creuset de contestation qui déboucha sur « Mai 68 » avec remise en cause du capitalisme. Maintenant nous ne sommes plus très sûrs qu’il existe encore une droite et une gauche… mais ces « Trente glorieuses » restent marquées par une certaine conception du travail et de la consommation, ce qui conduit certains à penser que l’époque actuelle est en crise par rapport à une parenthèse de prospérité. Pour autant ne soyons pas nostalgiques de cette époque : le sempiternel « c’était mieux avant » produit de l’immobilisme alors qu’il faut tout réinventer. Ces « Trente glorieuses » n’ont d’ailleurs pas obligatoirement été faciles à vivre pour tous et ont été pour certains une prise de conscience et la critique de la consommation et de la croissance. Voilà un bon moment déjà que l’on évoque la transition écologique, mais le plus souvent en termes de contraintes et de privations alors qu’il faut y voir une amélioration de notre qualité de vie. Le changement social qui est inévitable doit convaincre les tenants de l’ancien système, maintenant obsolète, qu’un nouveau monde est à créer avec des objectifs différents.
Pour faire évoluer notre consommation surabondante et anarchique, il faut d’abord faire évoluer la production, celle des industriels, afin d’arrêter la fabrication de produits superflus ou inutiles. Les citoyens, de plus en plus conscients des évolutions néfastes de notre société, sont prêts à faire des efforts, mais ils ne veulent pas être les seuls et attendent que ces évolutions soient en cohérence avec un projet de société clair.
Notre société est sans doute plus progressiste que ne l’affichent les « politiques » trop souvent restés à la traîne de l’évolution du monde. La prise de conscience des citoyens fait son chemin, nous quittons progressivement nos illusions de croissance infinie, mais il nous manque un « mode d’emploi », un récit cohérent qui unisse le souhaitable et le faisable. Ce bouleversement est en marche, de façon parfois inattendue, comme en agriculture où l’on voit s’installer des jeunes issus du monde urbain, des ingénieurs ou enseignants reconvertis pour mettre en place de nouvelles manières de produire, différentes de l’agrobusiness afin de respecter l’environnement et la santé humaine. Au-delà de l’agressivité et de la violence de notre société, de nombreux Français aspirent à plus de coopération et sont en attente d’institutions renouvelées et plus participatives.
Enfin observons nous que de plus en plus de jeunes tournent le dos aux « plans de carrière » et sont en quête de valeurs authentiques, afin de réussir leur vie personnelle. Ils désirent concilier emploi et activités familiales et sociales, loin de la pression de rentabilité et du stress de l’entreprise. Non, les jeunes ne sont pas des paresseux, ils sont en quête de sens, veulent améliorer la société, se sentir utiles et avoir une activité à impact positif. Voilà où se situe l’avenir, gardons l’espoir !