Depuis la mi-octobre, nos abeilles sont en hibernation. Profitons-en pour parler d’elles à leur insu, car l’heure est grave.
Les abeilles constituent un groupe très important du règne animal. Ce sont en effet ces insectes qui sont les premiers acteurs de la pollinisation. Mais les abeilles sont en difficulté et des procès sont en cours entre apiculteurs et producteurs ou utilisateurs de produits phytosanitaires. C’est qu’en effet, si l’apiculture a un poids économique en elle-même, elle a surtout une importance considérable à travers l’activité de pollinisation. Le problème n’est pas simple puisqu’on a recensé une quarantaine de causes à la surmortalité constatée des abeilles. Les pesticides sont mis en cause, mais il y a controverse et d’autres menaces sont mises en avant selon les acteurs concernés, tels que les parasitages par le Varroa, le frelon d’Asie ou la monoculture. Le Varroa destructor est un acarien qui se nourrit de l’abeille. Le frelon Vespa velutina est arrivé en France en 2005 par le sud-ouest, c’est un prédateur redoutable dans la mesure où cinq à six frelons peuvent décimer une ruche. Enfin la monoculture de l’agriculture intensive entraîne une carence chez l’abeille.
Il y aurait en France 70 000 apiculteurs (qui produisent 20 000 tonnes de miel/an) dont 3 % ne vivent que de cette activité. 15 000 apiculteurs auraient cessé leur activité depuis 20 ans du fait de la surmortalité des abeilles. Ce n’est pas le moindre paradoxe que de constater que l’avenir du rucher français dépend surtout du milieu urbain… On peut voir aussi à ce sujet : http://www.michel-lerond.com/article-36370896.html.
Il est donc indispensable de poursuivre des études approfondies sur les effets nocifs des pesticides, en relation avec les responsables agricoles, mais aussi sur les parasites et les maladies des abeilles. Les universitaires ont un rôle important à jouer dans ce domaine, sachant que les synergies entre ces principales causes sont certainement complexes et redoutables. Mais, par-dessus tout, il convient de préserver des friches avec plantes mellifères, y compris en milieu urbain, sous forme de prairies fleuries ou de toitures végétales par exemple : http://www.michel-lerond.com/article- 52745820.html.
L’abeille, par sa présence planétaire et sa capacité à collecter les polluants par l’intermédiaire du pollen, est de fait un indicateur de premier ordre sur l’état de la planète. « Si les abeilles disparaissaient du globe, l’homme n’aurait plus que quelques années à vivre » aurait déclaré Albert Einstein. Nous voilà prévenus…