Quelle prise de conscience après Fukushima ?
Dans ma chronique du 12 avril 2011, « La planète en fusion ? » (http://www.michel-lerond.com/article-la-planete-en-fusion-71530206.html), j’évoquais ma perplexité, le jour où Louise, ma petite fille, me demanderait ce que j’ai fait pour éviter les drames de l’énergie nucléaire. Réflexions :
L’accident de Fukushima (11 mars 2011) a marqué les esprits. Il s’agit bien là d’un accident lié à la technologie occidentale et de centrales bénéficiant des techniques « les plus sûres », à la différence de Tchernobyl qui était renvoyé à un passé désuet et marqué par un contexte politique peu enviable… L’impact de la catastrophe est d’autant plus fort qu’il concerne les Terriens actuels, mais aussi des générations d’individus qui ne sont pas encore nés.
Mais pourquoi donc avoir construit au Japon 50 réacteurs nucléaires sans prendre en compte les failles sismiques sous-marines dans un archipel très exposé ?? Bien plus qu’après Tchernobyl, la prise de conscience s’est faite que l’énergie nucléaire est un choix de société très fort. Celui-ci doit être fait en fonction des coûts économiques totaux et des risques à long terme ; ce doit être un engagement et non pas un pari sur le futur.
Ainsi ne pas prendre en compte les conséquences sanitaires insidieuses de la contamination de faible intensité pose un réel problème. Par exemple, les cancers des personnels sous-traitants intervenants en zones radioactives (25 à 35 000 travailleurs en France) ne sont pas répertoriés en tant que tels et sont fondus dans les statistiques générales. Dans les pays émergents (en Inde par exemple), la vente de centrales se fait « clés en main » dans un contexte concurrentiel quasi exclusivement commercial. C’est ce qui a expliqué la révolte récente de la population indienne contre la construction de six réacteurs EPR par Areva dans le district de Ratnagiri au sud-ouest de l’Inde. L’Allemagne vient de décider de fermer toutes les centrales nucléaires d’ici à 2022, voilà une sacrée remise en question ! En France, malgré les coups de mentons des dirigeants, un sondage Ifop, publié par le Journal du Dimanche du 5 juin, révèle que 77 % des Français seraient favorables à un arrêt progressif du nucléaire…
La conclusion reviendra à Oriza Hirata, auteur japonais de théâtre (Le Monde du 13 avril 2011) : « La culture japonaise s’est développée autour de l’idée d’une vie en harmonie avec la nature. Contrairement à l’Europe, où la culture est plutôt de la maîtriser. Mais les cinquante dernières années de modernisation du pays nous ont trop donné confiance en la technologie et la science… Mais tout cela ne doit pas faire oublier que la nature reste la plus forte et que nous devons être humbles. » A suivre