Alors qu’elle constitue une préoccupation importante pour l’environnement, la démographie reste largement un sujet tabou. Mais voilà que les choses changent ! Alors que la maternité était une évidence pour tous les couples depuis des siècles, près de 5 % des Françaises ne souhaitent pas avoir d’enfant, pour diverses raisons : ambition professionnelle, désir de liberté et aussi pour des raisons écologiques. Des jeunes couples, pensent en effet que la surpopulation de la Terre a des conséquences désastreuses en matière de consommation et donc de pérennité de notre espèce. Certains couples souhaiteraient plutôt adopter un enfant, pour le sortir de la misère, que de le concevoir.
Dans ces choix, on constate des différences entre sexes. Les hommes font ce choix plutôt pour privilégier leur liberté et ne pas s’imposer des contraintes à vie, alors que les femmes ne souhaitent pas procréer dans un monde plein d’incertitudes. L’éco-anxiété prend là toute sa mesure, avec en France 74 % des jeunes qui trouvent l’avenir effrayant en 2021 ! Les jeunes Finlandais (56 %) sont plus « optimistes » et les plus pessimistes sont les Philippins (92 %). Faute de pouvoir agir directement sur les grands défis environnementaux, dépités devant l’incurie des dirigeants, de plus en plus de jeunes Terriens refusent d’exposer leur possible enfant à des catastrophes engendrées par les activités humaines. On est dans la désespérance.
On peut bien sûr s’interroger sur ce courant de pensée qui prend de l’ampleur. Certes, enfanter c’est assurer notre espèce de perdurer, mais sur une planète surpeuplée, cela interroge. Cela dit, si bien même les Français, ou les Européens ne faisaient plus d’enfants, la conséquence sur la démographie mondiale serait insignifiante. C’est plutôt en Chine, Inde, Afrique ou Amérique du Sud qu’il faut intervenir. On peut aussi penser que ce sont les enfants qui naissent aujourd’hui qui trouveront des solutions pertinentes aux grands défis que les générations antérieures ont engendrés.
Ce grand débat naissant n’est pas simple, mais il a au moins le mérite de poser le problème clairement, en transcendant le tabou. Cette nouvelle attitude affiche ainsi une grande inquiétude, interpelle sur la démographie planétaire et aiguise la notion de solidarité entre les civilisations dans la mesure où de plus en plus de jeunes pensent que, plutôt que faire des enfants sur une planète surpeuplée, il faut mieux prendre soin des personnes déjà présentes en adoptant des enfants à qui on peut redonner une chance. Notre proposition 79 de « Les clés de notre avenir » reprend l’appel de 2017 de 15 000 scientifiques : « Déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s'assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital ».