Compte-tenu des évolutions de notre société, chacun a conscience que nous avons changé d’ère, mais peut être pas à un tel niveau. En effet, bien que cette vision des choses ne soit pas encore tout à fait homologuée, les géologues considèrent que nous avons changé d’ère géologique, en passant de l’Holocène (datant de 10 000 ans, c’est la dernière période interglaciaire du Quaternaire) à l’Anthropocène, rien que çà ! Cette nouvelle époque de la Terre est en effet caractérisée par le fait que c’est désormais l’homme qui façonne la planète avec le plus d’ampleur.
Anthropocène, mot constitué à partir de deux racines grecques « homme » et « récent », est apparu à la fin du 20ème siècle, après que l’on ait pris conscience de cette évolution vers 1950, après l’explosion de la première bombe atomique. La dissémination des matières radioactives qui en est résulté a concerné la planète entière suite à une intervention humaine, une grande première ! Pour notre part, totalement convergent dans l’analyse, nous avions appelé cette ère (de 1969 à 2050 approximativement), l’ère de la communication ( http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=24878).
Même si cette révélation paraît énorme, il faut bien se rendre à
l’évidence : la planète a d’ores et déjà dépassé certaines limites, que ce soit en matière de climat bien sûr, mais aussi de pollution, de consommation des ressources… Quant à la biodiversité, dont nous puisons tout ou presque : les chercheurs estiment que la planète peut surmonter la disparition de 10 espèces par an, sur un capital d’un million. Actuellement, le taux d’érosion de la biodiversité est 10 à 100 fois supérieur à ce seuil, jugé maximal ! Jusque quand pourrons-nous tenir ?
C’est un défi pour l’ensemble de la civilisation qui est devant nous. Il nous faut maintenant aller au-delà de la simple connaissance des phénomènes pour inventer une nouvelle relation entre la vie humaine et la vie de la planète. Cela suppose une révolution culturelle et une gouvernance planétaire pour gérer, a minima, ce qui conditionne notre survie. Ce processus de la dernière chance passe nécessairement par l’éducation, la sensibilisation et la formation, processus déjà largement entamé depuis, précisément les années 1960-70, mais qui doit être poursuivi avec âpreté et rapidité.
Les 50 ans qui viennent seront décisifs, soit en inventant le bon compromis entre nature et culture, soit en sombrant dans un grand effondrement de l’espèce humaine… Gageons que, au bord du précipice, l’Homme saura réagir et que l’Anthropocène n’aura été alors qu’une courte période géologique marquée par l’invention d’une civilisation possible, réconciliée avec la nature.