Le jardinage clandestin est une pratique ancienne qui existait déjà, semble-t-il, il y a plusieurs siècles quand les « bêcheurs » anglais cultivaient des terres inutilisées par des nobles londoniens afin de nourrir les plus démunis. Certains environnementalistes américains se sont inspirés de ce mouvement des « bêcheurs » pour investir un terrain vague de l’Université de Berkeley dans les années 1960. C’est en 1973 que le groupe Green Guerillas transforme un terrain vague en jardin communautaire à Manhattan.
Depuis, cette guerilla bien pacifique s’est propagée à travers le monde de façon totalement anarchique pour des actions solitaires ou collectives, anonymes ou revendiquées, sans leader, dans un but politique (contestation de la propriété) ou environnemental (améliorer le cadre de vie).
C’est ainsi que des espaces urbains abandonnés, plus rarement des espaces privés, sont cultivés pour nourrir des familles dans le besoin, ou pour embellir les paysages urbains, avec ou sans autorisation. Ces guérilleros du jardinage s’approprient des espaces négligés pour y faire exploser leurs « bombes à graines »…
Mais jeter n’importe quelle graine n’importe où n’est pas assuré de succès, c’est pourquoi le mouvement s’organise, en créant ici ou là, en France, au Canada, aux Etats-Unis des groupes de conseil, des associations ou en publiant des ouvrages guide sur la Guerilla gardening… Il arrive même que certaines municipalités soutiennent le mouvement pour semer des fleurs sauvages sur l’espace public et porter un nouveau regard sur la « biodiversité des pavés ». Certaines mairies, comme à Paris, distribuent des sachets de graines aux habitants qui le souhaitent, organisent les semis et le suivi, ce qui permet d’encadrer la démarche avec un peu de pédagogie, dans l’esprit de favoriser l’action plutôt que la revendication.
Certes, ces révolutionnaires en tablier vert peuvent être subversifs, ils s’approprient de droit d’exploiter des terrains ne leur appartenant pas, en visant toutefois essentiellement les espaces publics délaissés. Mais cette subversion a tout de même quelque chose de sympathique : vouloir réintroduire la nature là où elle a été exclue.
Ce mouvement s’accompagne aussi d’une recherche de convivialité, ce qui lui donne un air de « vivons ensemble avec la nature » qui pourrait bien faire évoluer cette guerilla vers une grande fête du jardinage. Encore plus sympathique !