Il est des choses que l’on n’aime pas quantifier, parce qu’elles relèvent du qualitatif ou de l’affectif. C’est le cas de la biodiversité, déjà évoquée sur ce blog, mais aussi des maladies graves, tant leur impact psychologique peut être important. C’est ainsi qu’une étude récente, émanant de l’université d’Oxford révèle ce que coûtent les cancers. Il s’agit d’une mise en forme des données en provenance de nombreux organismes européens. L’étude annonce l’ampleur du « sinistre » avec un coût de 124 milliards d’euros par an pour l’Europe, soit de 32 € (Lituanie) à 165 € (Allemagne) par habitant. La France se situe dans la moyenne avec un coût de 91 € par an et par habitant. Ces coûts cumulent les frais de santé directs (hospitalisation et médicaments), les frais de suite et les pertes de productivité. Les cancers du sein et du poumon sont les plus coûteux avec respectivement 6 et 19 milliards d’euros par an pour l’Europe.
En France, comme dans bien d’autres pays, la lutte contre le cancer est une priorité de santé publique, ce qui est bien normal d’autant plus que les espoirs de guérison sont maintenant avérés. Mais en période de crise économique, la question d’une limite des dépenses pourrait se poser malgré tout. Il n’en est rien puisqu’en France, on compte près de 5 000 chercheurs sur ce thème, dont le principe de base est : « toute amélioration du service rendu au patient est jugée supportable au plan financier par la société ». La lutte contre le cancer représente un bel exemple de solidarité nationale qu’il n’est pas vain de rappeler en ces temps difficiles, mais ne faudrait-il pas aussi s’interroger sur les raisons de ces maladies et accentuer les efforts de prévention.
C’est dans cet esprit que l’ONG Green Cross Suisse vient de faire savoir qu’environ 125 millions de personnes dans le monde sont menacées par les 10 polluants les plus dangereux de la planète, avec des méfaits sanitaires équivalents à ceux des trois grandes infections mondiales que sont le sida, la tuberculose et la malaria. Comme trop souvent, dans bien des cas, on savait ! C’est le cas, par exemple, des émissions de micro-particules cancérogènes par les moteurs diesel, connues depuis une trentaine d’années et que l’on feint d’avoir découvert tout récemment. Il en résulte une impasse sur le plan industriel, compte-tenu de l’importance du parc automobile diesel, et des coûts importants supportés par… le système de santé, sans compter quelques « désagréments » pour les patients concernés.
Répétons le encore une fois : il y a un besoin impératif d’expertise et d’évaluation en amont. A minima, on fera des économies !