C’est en septembre-octobre 1707 que les botanistes parisiens Sébastien Vaillant et Antoine-Tristan Danty d’Isnard effectuèrent un voyage sur les côtes normandes et bretonnes, avec pour objectif d’identifier animaux, végétaux et minéraux. Ils ont alors visité les côtes du Pays de Caux, Bessin, Avranchin et environs de Saint-Malo, et un peu l’intérieur des terres, Vexin, Pays de Bray, région de Saint-Lô et vallée de la Seine. Leurs observations ont été consignées dans un carnet de voyage, qui vient d’être étudié et publié par Julien Buchet, botaniste du Conservatoire botanique national de Bailleul (Antenne Normandie).
Ce carnet de voyage a été analysé et comparé avec la situation actuelle… 300 ans plus tard ! Cette aventure part en 1979 : Théodore Monod, scientifique naturaliste et explorateur, « le Saharien » né à Rouen, m’informa de l’existence de ce Journal de voyage conservé à la Bibliothèque Nationale de France. J’en demandais la communication, et constatant son intérêt, je le remis à Julien Buchet, le plus compétent pour une analyse comparative. Ce travail vient d’être achevé et publié dans le Bulletin de la Société des Amis des Sciences Naturelles et du Museum de Rouen. Il est en ligne sur le site Researchgate : (1) (PDF) Sur le voyage que messieurs Sébastien Vaillant et Antoine-Tristan Danty d’Isnard ont fait sur les côtes de Normandie et de Bretagne en 1707 (researchgate.net). Ces observations floristiques sont les plus anciennes connues pour la Normandie.
Au total, 370 observations de plantes vasculaires ont été consignées (323 pour la Normandie, 30 pour la Bretagne et 17 pour l’Ile-de-France). Les noms des espèces végétales observées ont été transcrit selon la nomenclature actuelle. Un tableau de l’ensemble des observations réalisées, classées par ordre alphabétique de genre et avec indication des localités est donné en fin d’article. Les résultats sont commentés, discutés parfois, en apportant les précisions nécessaires quant à la toponymie des lieux, la typologie des plantes et la situation actuelle.
Malgré les incertitudes qui peuvent subsister, voilà de quoi faire des comparaisons... pas toujours réjouissantes. Concernant la Haute-Normandie, en 3 siècles, un quart de la flore observée est devenue menacée et parfois disparue ! Compte-tenu du circuit de l'époque ces raréfactions sont attribuées aux évolutions des littoraux et surtout des zones estuariennes. Qu'en serait-il si l'on pouvait faire ce genre de comparaison avec les zones prairiales d'autrefois, bocagères, devenues ces grandes plaines de culture. L'actualité agricole récente, avec des mesures régressives sur les questions environnementales pour calmer la rébellion des agriculteurs, ne va pas arranger les choses…
Merci Julien Buchet de ce travail de témoignage historique qui pourra, espérons-le, contribuer à faire inverser les tendances actuelles aussi destructrices de nos milieux.