D’après le CIRC (Cercle International de Recherche sur le Cancer) on devrait connaître dans le monde 35 millions de nouvelles personnes atteintes de cancers d’ici 2050 ! Soit une augmentation de 77 %… par rapport à 2022. Cet « essor » résulte bien sûr, pour une part au moins, de l’augmentation de la population terrestre et de son vieillissement, mais aussi de la consommation de tabac, alcool, pollutions diverses et exposition aux facteurs de risques. En clair, 1 personne sur 5 aujourd’hui développe un cancer au cours de sa vie, ce qui a entraîné 9,74 millions de décès sur la planète en 2022. Les chiffres publiés par le CIRC s’appuient sur les données relatives à 185 pays et 36 types de cancers. On constate que le cancer du poumon arrive en tête, suivi des cancers de la prostate et du sein féminin, puis le cancer colorectal, les cancers du foie et de l’estomac.
Il est vrai, et on s’en réjouit, que le traitement des cancers évolue globalement de façon favorable, grâce à la médecine. Par contre, on ne s’interroge guère sur les causes de ces cancers, ou pire encore on le sait mais on reste dans un certain déni… ce qui s’explique par le fait que pour beaucoup de décideurs politiques et économiques, la science ne fait pas partie de leur culture. Par ailleurs, l’économie prime sur la santé, ce qui dissuade de remises en cause trop importantes de notre société. Ce constat nous renvoie vers une actualité brûlante, et au plus près de nous. Dans le contexte des revendications des agriculteurs, des scientifiques ont dénoncé dans une tribune du « Monde » la mise en pause du plan Ecophyto annoncée le 1er février 2024. Les connaissances scientifiques actuelles sur l’impact des pesticides sur la santé résultent des travaux de 140 chercheurs et ont fait l’objet de plus de 10 000 publications ! Les chercheurs ont ainsi manifesté leur inquiétude face à cette décision et ont souhaité, plutôt que la suspension de ce plan pour apaiser le conflit avec une partie du monde agricole, de le renforcer pour réduire davantage l’usage des pesticides, dont rappelons-le, les agriculteurs sont les premières victimes, comme les professionnels qui manipulent ces produits. Par ailleurs les enfants exposés pendant la grossesse sont également très concernés, tous les milieux sont en effet contaminés par les pesticides : sols, air et eau. « C’est le monde à l’envers » !
Les responsables politiques semblent bien ignorer volontairement les connaissances disponibles afin de « continuer comme avant » pour déplaire le moins possible aux plus contestataires. Dans le domaine de l’agriculture, une moindre dépendance aux pesticides permettrait de préserver durablement la santé et aussi l’eau, la biodiversité, les sols, ce qui est aussi indispensable… à l’agriculture. Alors, où est le bon sens dans cette décision ? Où est la primauté de l’intérêt général ? Et qu’en est-il dans d’autres domaines, comme les produits alimentaires industriels, les activités polluantes ou la filière nucléaire qui nous laisse un héritage toxique pour des siècles… Allons-nous continuer encore longtemps à nous empoisonner ainsi ? On s’en fout ou pas ?
Il est urgent de refaire le monde et c’est encore possible ! Les jeunes vont construire le symbiocène, il faut les encourager dans cette voie, ne désespérons pas, et soyons vigilants !