Le terme agroécologie désigne un concept et une pratique dans lesquels les connaissances de l’écologie scientifique sont utilisées pour la production agricole. Ce terme a été utilisé pour la première fois par Basil Bensin, agronome américain, en 1928. Cette pratique a pris son essor surtout à partir de 1980 en Amérique latine. En France ce sont des écologues comme René Dumont, Pierre Rabhi ou Marc Dufumier, entre autres, qui ont initié ce mouvement dans les années 1970, pour un vrai développement après 2000. Le principe de base de l’agroécologie consiste à rétablir le lien entre agriculture et écologie afin de prendre soin de la terre pour la rendre productive par elle-même. La lenteur de sa mise en œuvre s’explique sans doute par notre conception intellectuelle ancestrale du monde qui sépare nature et culture. Mais les choses avancent et la Loi d’Avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt, adoptée en 2014, vise à promouvoir le développement des pratiques agroécologiques et l'introduit dans l'enseignement agricole.
L’agroécologie amplifie les fonctionnalités offertes par les écosystèmes et simultanément vise à diminuer les pressions sur l’environnement, notamment réduire les émissions de gaz à effet de serre, limiter le recours aux produits phytosanitaires et préserver les ressources naturelles. Les écosystèmes subissant peu d’interventions humaines, comme les prairies permanentes par exemple, montrent une importante production de biomasse, une faible pullulation d’espèces indésirables, une faible érosion des sols, etc. L’agroécologie considère l’exploitation agricole dans son ensemble, elle diversifie les productions agricoles et restaure une mosaïque paysagère diversifiée, tout ceci en fonction des spécificités du territoire : sols et climat, tissu socio-économique et objectifs de qualité de vie. Pour ce faire elle s’applique à deux niveaux d’organisation : la parcelle agricole et l’ensemble du territoire en cohérence. Elle se propose d’assurer la production agricole, en réduisant l’utilisation des intrants et en préservant les sols et l’eau. Ceci passe par diverses techniques afin de réguler les maladies et ravageurs à l’aide de leurs prédateurs naturels (oiseaux, insectes), en favorisant la biodiversité dans les espaces cultivés, en diversifiant les cultures et en réduisant l’usage des intrants. Entre autres exemples de pratiques, on peut citer le fait de conserver ou recréer des éléments semi-naturels comme les haies ou fossés, en proximité des parcelles agricoles afin d’héberger une faune sauvage diversifiée de pollinisateurs. La diversification des cultures contribue aussi à favoriser les fonctions écologiques.
En Normandie, par exemple la Ferme biologique du Bec Hellouin est une microferme expérimentale fonctionnant selon ces principes, créée en 2006 par Perrine et Charles Hervé-Gruyer. La ferme produit des légumes et des fruits, du jus de pomme, des sirops et confitures, des plantes aromatiques et médicinales et du pain, en vente sur place. La production maraîchère de la ferme est plusieurs fois supérieure à la moyenne nationale en agriculture mécanisée, par unité de surface, pratiquement sans recours aux énergies fossiles.
L’agriculture doit se réinventer, voilà une bonne piste pour le faire !