Alors que la crise monopolise les débats, gouvernants, parlementaires, candidats aux élections, tous y vont de leur couplet sur les mesures à prendre… ou à ne pas prendre, sachant qu’en fin de parcours, c’est le contribuable qui devra payer. A cette occasion, force est de constater que Michel Rocard, qui fut le metteur en scène de la taxe carbone, n’a pas fait beaucoup d’émules. En effet plus personne n’évoque la taxe carbone, outil pourtant polyvalent permettant à la fois de renflouer les caisses de l’Etat et de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Certes il s’agit d’une taxe, donc d’une idée peu populaire, mais pas moins que de sabrer dans les dépenses de santé ou d’éducation…
Ce qui se constate au niveau national vaut aussi pour toute la planète. En effet, si les pays développés ont promis à Copenhague en 2009, puis confirmés à Cancun en 2010, de verser 74 milliards € par an à partir de 2020 afin d’apporter aux pays en développement les moyens de lutter contre les modifications climatiques, on n’en voit guère la concrétisation. La totalité des engagements pris représente un total de 220 milliards € qu’il va falloir trouver chaque année pour réduire les émissions de GES de l’ordre de 10 %.
Ces calculs sont faits par la Banque mondiale sur la base d’un peu moins de 20 € la tonne de carbone émise, prix correspondant aux dommages moyens causés par le climat. Cette taxe carbone, pour être efficace, doit être universelle, permettant d’amortir les effets de la crise et de réduire notoirement les émissions de GES. L’Europe mise sur une autre stratégie qui consiste à attribuer des quotas de GES qui seraient vendus aux enchères aux industriels et autres producteurs. Les revenus du carbone seraient ainsi, paraît-il, plus productifs quant à la réduction des émissions de GES, mais… rapporteraient moins aux états. Le G20 de Cannes devraient apporter des réponses plus concrètes à cette grande question.
On voit bien que l’on n’arrive décidément pas à organiser la société, et donc ses impôts et taxes, en fonction d’une prospective collective, partagée et équitable, il faut toujours en passer par la spéculation… Pourtant, redisons-le, comme dans notre chronique du 8 septembre 2009 Taxer le carbone ? (http://www.michel-lerond.com/article-35814501.html) : il faut prévoir au départ que cette taxe soit payée par tous (y compris les entreprises, les collectivités et les transports routiers, aériens et maritimes) et pas seulement par les ménages et qu’une redistribution soit possible en fonction de critères liés aux économies d’énergie.