Ce qui frappe actuellement, c’est une montée du rejet de la nature, de l’écologie, de la protection de l’environnement par une partie de la population. C’est vrai qu’il existe un discours radicalisé, dogmatique, sur l’environnement. Pour ma part, au risque de me répéter, je distingue l'écologue de l'écologiste. Il faut distinguer, en effet, la prise en compte d’un écosystème dans sa globalité de la protection de ses composantes particulières. La notion récente de « services écologiques » a fait évoluer les conceptions en admettant aussi qu’il faut protéger la nature parce que sa dégradation a un coût, en termes de catastrophes naturelles ou d’épuisement des ressources.
Mais les vieux principes, liés aux philosophies et aux religions, reprennent vite le dessus, à savoir que l’espèce humaine se distingue de la nature, est au-delà de la nature, opposant toujours nature et culture. Pourtant c’est bien la nature qui est la source originelle de toute chose. Les oppositions de cultures ont généré des concurrences entre humains, d’autant plus dans un monde qui ne dispose pas de ressources inépuisables, ce qui engendre la convoitise, parfois la guerre et la barbarie.
On assiste en effet actuellement à la montée d’un discours réactionnaire qui rejette en vrac tout ce qui touche à l’environnement. On voit cela dans l’actualité, avec parfois des caricatures, comme les agriculteurs qui veulent continuer à traiter leurs cultures, même au voisinage immédiat d’une école... Dans ce discours, peu importe les risques pour la santé ou l’environnement, si “ça fait vivre” en apportant des emplois ou du fric, c’est bon... Bien sûr, la réalité est plus complexe et en matière d’environnement, il n’existe quasiment pas de problème simple, parce qu’il y a toujours, plus ou moins des enjeux économiques qu’il faut conjuguer avec des risques sanitaires ou autres. Il faut arbitrer, donc faire des choix, donc accepter des inconvénients. La règle dominante est qu’il faut toujours privilégier l’Homme, mais à court et à long terme, ce qui n’est pas toujours simple.
Si la nature se passe volontiers de nous les humains, au contraire nous avons besoin d’elle tout simplement pour satisfaire nos besoins primaires d’espèce animale.
Au-delà, il y a bien sûr notre intelligence, nos facultés créatrices, nos conceptions du monde qui nous ont permis d’inventer la civilisation.
Tout cela devrait déjà être compris et assimilé, faute de quoi il faudra bien un jour contraindre les comportements pour assurer la survie de l’espèce.
Il est urgent de réconcilier l’homme et la nature.