Pour utopique qu’elle soit, la question mérite d’être posée et elle l’est par un certain nombre d’agriculteurs, les partisans de l’agriculture biologique en premier lieu. Certains prétendent s’en passer totalement, mais ce point de vue n’est pas unanime.
Pourtant, des études récentes démontrent le lien existant entre la présence de tumeurs cancéreuses et l’exposition aux pesticides chez les agriculteurs. Bien que la dangerosité des produits soit avérée, tout le monde n’est pas convaincu qu’il soit possible de supprimer totalement les pesticides en agriculture, eu égard leur efficacité anti parasites, sans vraie solution de remplacement. Toutefois, dans le cadre du plan Ecophyto de 2008 visant à réduire de 50 % l’utilisation des pesticides, 1 000 fermes expérimentales ont été mises sur pied avec le soutien de l’Etat pour étudier les conséquences des modifications de traitements.
Les mentalités ont évolué sur cette question taboue et un consensus semble se dégager sur la nécessité de diminuer les doses. On constate en effet l’apparition de parasites résistants aux pesticides, et donc une diminution des rendements, mais aussi la montée des préoccupations sanitaires pour les agriculteurs et le souci de réduire les coûts de production. Il reste à apporter la preuve des résultats pour convaincre plus largement.
Certaines préoccupations sont encore à la recherche de réponses, comme par exemple les cultures qui sont sans solution face aux attaques de maladies, notamment dans le domaine du maraîchage. Les agriculteurs attendent donc qu’on leur propose des solutions alternatives, sans impact sur l’utilisateur, le consommateur et l’environnement. Il faudrait d’abord sortir du piège qui consiste à faire conseiller les agriculteurs par les vendeurs de produits phytosanitaires ! Un organisme de conseil indépendant est indispensable pour orienter les techniques de culture vers une réduction des pesticides.
Il faudrait aussi se réorienter vers l’agro-écologie afin que l’espace agricole produise lui-même ses auxiliaires. Il faut pour cela revenir à des pratiques de bon sens comme les rotations des cultures, l’association culture – élevage, la préservation des haies, mares et talus, pour maintenir les habitats des auxiliaires naturels des cultures.
Alors, tout bio et sans pesticides ? Peut être un jour, mais allons progressivement pour assurer une transition écologique qui permette aussi de faire manger tout le monde, en se donnant en première urgence les outils indispensables de recherche et de conseil. Les choses avancent, réjouissons nous, mais il faut faire vite. Les Français attendent une autre relation entre l’agriculture, la nature et leur santé.