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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 09:52

La moitié du siècle était maintenant passée. Après avoir contourné le « Fer à cheval », ils étaient là tous les trois, assis sur un banc, au niveau du petit belvédère qui avait été aménagé depuis longtemps déjà sur le Grand Mont. Ils regardaient en bas, en silence, comme chaque fois qu’ils se retrouvaient là ensemble, avec cette fois-ci un sentiment de plénitude, de satisfaction du devoir accompli. Depuis ce « sommet » (un peu ridicule avec ses 185 mètres !) ils se sentaient au-dessus du monde, dominant à l’est la vallée de Bray, à l’ouest le « village planétaire » tel qu’il fut appelé parfois dans le passé.

Le village avait beaucoup changé depuis quelques décennies. Son centre offrait maintenant des habitations d’un type nouveau, regroupées à plusieurs, avec des balcons, terrasses, patios, qui permettaient de profiter de la campagne sans s’isoler derrière des « murs verts », avec des espaces de convivialité et même un mini centre commercial !

La profession ancestrale de paysan avait opéré une véritable révolution en diversifiant ses productions, les axant sur le maraîchage, mais aussi l’élevage de volailles. Les paysans vendaient leurs produits localement, en vente directe au restaurant de l’école et pour approvisionner les commerces locaux. Du coup le paysage en avait été transformé, retrouvant son caractère bocager qu’il avait perdu depuis des lustres.

Sur la route en contrebas circulaient de nombreux taxis électriques qui permettaient aux gens de se rencontrer, de venir depuis les hameaux à la salle polyvalente pour la danse, la gym, les spectacles, à la mairie transformée en « maison des services ». Un vrai succès !

Là haut, tous les trois se remémoraient leur investissement professionnel et personnel pour « refaire le monde », là où ils résidaient. Ils avaient contribué à cette grande aventure, avec des millions d’autres, et avaient réussi à redonner du sens à la vie en société. Victor eut cette remarque amusée : « Quand on était gamins, on prenait tout ça pour des blagues. En fait, la grosse blague, c’est qu’on nous promettait une vie de chien et, en réalité, notre vie est un rêve. » Emma répliqua que « Pour un gars qui est tout le temps parti sur la Lune, c’est pas étonnant que ce soit un rêve… » Lucien, dans le rôle de l’aîné, parlant déjà comme un sage, coupa court : « On a réussi à sauver la terre, veillons à ne pas refaire les mêmes bêtises sur Mars. » Puis ils firent silence.

Le soleil déclinait lentement en cette fin d’été. Il était 19 heures, l’angélus sonna au clocher de l’ancienne abbaye (tradition maintenue et enfin laïcisée), établissant un pont entre le 11ème et le 21ème siècle. Une minuscule grenouille arrêta sa course, fit un saut de côté, puis disparut. L’aîné des trois eut ce mot de fin : « quelle splendeur ! »

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commentaires

E
Ça me rappelle Barjavel ... Un brin nostalgique, Michel ?<br /> Amicalement,<br /> <br /> Elisabeth
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M
<br /> La référence est plutôt flatteuse... Merci Elisabeth.<br /> Michel<br /> <br /> <br />