Après quatre mini-nouvelles d’été, nous reprenons nos chroniques « sérieuses ».
Depuis quelque temps, en France, le pouvoir d’achat est au centre des préoccupations des habitants, des politiciens et des médias. Ceci s’explique d’abord par le renchérissement des produits agricoles et des matières premières, notamment du pétrole. L’explosion des prix des denrées alimentaires est due à la demande accrue des pays émergents, à la réduction des surfaces cultivées (urbanisation, érosion, agro-carburants) et aux modifications climatiques (sécheresses, inondations, tempêtes).
Chacun voudrait pouvoir acheter toujours plus. En réalité, et malgré les idées reçues, le pouvoir d’achat a beaucoup progressé depuis quelques décennies : ainsi en 20 ans en Ile-de-France, le nombre de ménages possédant plusieurs voitures a doublé. De plus, les consommateurs ont accédé à de nouveaux services dont il ne peuvent plus se passer (téléphone mobile, internet) réduisant du même coup les disponibilités pour les dépenses de base. Dans les pays occidentaux, la part de l’alimentation dans le budget des familles n’est plus que de 10 à 20 %, alors qu’elle est encore de 60 à 90 % pour les pays pauvres, les plus contraints. N’oublions pas que le « milliard d’en bas » des plus pauvres de la planète vit avec moins d’un dollar par personne et par jour ! Un peu de pudeur ne nuirait pas aux gens des pays développés…
A défaut d’acheter plus, on peut sans doute acheter mieux. De plus en plus, les Français font du respect de l’environnement un critère de choix très important pour leurs achats. Le « GPS de la consommation » que constitue la publicité a peut-être du souci à se faire. Plutôt que « chiens savants » de la consommation, les Français deviennent des « éco-consommateurs » responsables. Une nouvelle communication sur les achats suppose des données plus lisibles, plus transparentes et plus indépendantes. Il reste beaucoup de travail à faire à cet égard, ce qui suppose une fois de plus, que le politique anticipe les besoins, encadre les entreprises, plutôt que d’être à la remorque des lobbies… Il faut aussi que les consommateurs acquièrent une meilleure connaissance des coûts réels. Ainsi le prix payé par les familles pour les cantines scolaires représente environ la moitié du coût réel, et celui des transports publics, de l’ordre de 30 %, le contribuable payant le reste.
Si le pouvoir d’achat, c’est la valeur équivalente d’un salaire en marchandises et services, le pouvoir d’acheter c’est la possibilité d’agir librement sur ses acquisitions. A chacun d’en décider.