La moitié de la population mondiale est maintenant urbaine, soit 3,3 milliards de citadins, quatre fois plus qu’en 1950, inversant pour la première fois de l’histoire, le rapport entre urbains et ruraux. Pour 2030, on prévoit 5 milliards de citadins, avec une évolution forte dans les pays en développement de l’Asie et de l’Afrique, parfois en conditions précaires. Aujourd’hui 1 milliard d’humains vivent dans des bidonvilles, qu’en sera-t-il demain ?
Dans les pays développés, la croissance des villes fait l’objet d’un renouveau, conceptuel au moins. Ainsi fleurissent les projets d’éco-quartiers et les gratte-ciel, un temps prohibés, sont à nouveau en vogue. On a parfois l’impression que les décisions se prennent de façon empirique, émotive, sans véritable réflexion sur un projet. Avant de décider de telle ou telle forme de construction, ne faudrait-il pas avoir une réflexion de fond sur la ville et la façon de l’habiter, sa relation avec le monde rural.
En Europe, poussées par une organisation politique plus communautaire, les villes sont devenues des foyers importants d’innovation sociale, culturelle et environnementale. La plupart des villes oeuvrent ainsi pour enrayer le phénomène d’étalement urbain, sans pour autant s’intéresser vraiment à la périphérie rurale.
A longueur d’articles, on nous démontre tout l’intérêt des tours de grande hauteur. Sans doute les gratte-ciel présentent-ils des avantages, y compris environnementaux, mais à quoi bon construire des tours efficientes sur le plan énergétique si leurs habitants vont travailler en voiture à de longues distances ? Le but de l’architecture n’est peut être pas seulement de produire des objets extraordinaires mais de créer du lien entre les constructions et les gens qui y vivent et travaillent…
Partout fleurissent les projets d’éco-quartiers qui vont « carburer aux énergies renouvelables », « redonner sa place au logement », « faire disparaître la voiture du paysage »… Soit, mais la « ville durable » doit surtout permettre la cohabitation des habitants et des fonctions urbaines. Attention à ne pas privilégier la communication sur l’urbanisme et faire des « ghettos à bobos »…
Depuis une décennie, les urbanistes ont métamorphosé les centres villes, les rendant aux piétons et aux transports collectifs, ils ont densifié l’espace urbain et créé des mobilités nouvelles. La ville se réinvente grâce à cette révolution urbanistique, c’est une très bonne nouvelle. Il faut aller plus loin encore en raisonnant la ville dans son contexte rural et agricole : la ville doit intégrer l’agriculture afin de favoriser les circuits courts, prévoir en amont des espaces verts dignes de ce nom, promenades, coulées vertes, plans d’eau…
En somme il faut concevoir un projet de civilisation pour la ville du 21ème siècle : une communauté urbaine dans un pays.