En créant l’Observatoire régional de l’environnement de Haute-Normandie, en 1982, mon objectif était de permettre à tout un chacun d’accéder plus facilement à l’information sur la nature. La documentation régionale était déjà très abondante à cette époque, mais très dispersée. Depuis, les choses ont considérablement évolué avec la création de nouvelles structures et l’élaboration de dispositifs performants. Parmi ceux-ci, le SINP (Système d’information sur la nature et les paysages) du ministère de l’écologie est sans doute un des systèmes les plus aboutis (http://www.naturefrance.fr/).
Le SINP a en effet pour vocation de coordonner l’ensemble des acteurs et de collecter les données afin de contribuer à un état des lieux complet. Les données concernées sont celles relatives à la nature dans son ensemble, espèces et espaces naturels. Le SINP recense ainsi les dispositifs de collecte, les bases de données et les acteurs. Reste à adapter le dispositif pour être accessible au grand public, bien qu’il soit déjà relayé par d’autres structures, comme l’AREHN en Haute-Normandie (http://arehn-asso.superdoc.com/Documents/pdf/Ficheoutil/violette_de_rouen.pdf) avec ici l’exemple de la violette de Rouen.
Ce n’est pas pour autant que la culture naturaliste s’est développée comme on aurait pu l’espérer et que les décisions politiques, administratives ou d’aménagement sont prises dans le bon sens. C’est ce que révèle le rapport remis fin octobre par Guillaume Sainteny (ancien directeur du Ministère de l’écologie) au Conseil d’analyse stratégique. Ce rapport fait état des dégâts sur la biodiversité résultant de certaines aides fiscales. Si autrefois (dans les années 1980), on a pu déplorer que les aides publiques au remembrement aient fait passer le linéaire national de haies de 2 millions de km à 600 000, aujourd’hui encore, les exonérations de TIPP (Taxe intérieure sur les produits pétroliers) et de TVA sur le kérosène, taux réduits de TVA sur les phytosanitaires et autres incitations fiscales encourageant l’étalement urbain, le coût est très élevé pour la biodiversité. Bien que très difficile à chiffrer ce coût est estimé à plusieurs dizaines de milliards d’euros d’aides annuelles ayant un impact négatif sur la biodiversité. Le rapport (http://www.strategie.gouv.fr/content/les-aides-publiques-dommageables-la-biodiversite-note-de-synthese-246-octobre-2011) de 300 pages détaille tous ces dommages et formule pas moins de 80 recommandations pour « alléger la charge ». Un certain nombre d’organismes internationaux se sont émus de cette situation, mais la France s’est peu impliquée dans le débat. Il faut dire que la jungle fiscale française a quelque peu découragé tout investigateur… Alors informés les décideurs ?