Depuis le 14 avril 2010, le volcan islandais Eyjafjöll, situé au sommet du glacier Eyjafjallajökull à 1 600 mètres d’altitude, est entré en éruption, rejetant un panache de cendres et de poussières jusqu’à 11 km de hauteur. Le nuage volcanique de particules de roches pulvérisées et gaz a contraint, à plusieurs reprises, à la fermeture temporaire de nombreux aéroports (plus de 25 en France) et à l’annulation de milliers de vols. Depuis 1982, la vigilance est forte dans ce domaine, compte-tenu des dommages survenus à des avions en pareille circonstance. Les conséquences économiques sont lourdes, bien que ce phénomène ne soit pas nouveau et que les conséquences, cette fois-ci, aient été assez légères. En 1783 en effet, l’éruption du Laki, autre volcan islandais, avait entraîné la mort de 80 % des moutons, de la moitié des bovins et chevaux et de 20 % de la population islandaise, sous l’effet de la fluorose. En Europe 160 000 personnes auraient péri et les poussières occasionnèrent des changements climatiques sur quelques années : hiver précoce et rigoureux, puis inondations.
Chaque jour arrivent en Europe par avions cargos des millions de roses du Kenya, d’Ethiopie ou du Brésil, des haricots verts du Sénégal, des tomates de Chine, des pommes de terre « bio » d’Egypte. Trois jours après le début de l’éruption, les fermiers kenyans ont dû jeter des tonnes de fleurs et légumes destinés à être exportées vers l’Europe et licencier 5 000 employés… Des vacanciers ont été contraints d’attendre le redécollage d’avions bloqués au sol et des vacances ont été gâchées…
Différences de situations et de conséquences entre le Nord et le Sud. N’a-t-on pas atteint la limite de notre société mondialisée à l’excès, avec flux tendus de marchandises fraîches d’un bout à l’autre de la planète et déplacements inconséquents de personnes. La controverse sur un recours trop fort au principe de précaution a été vive, mais quelles consommations sont vraiment utiles ou futiles, quels déplacements sont vraiment obligés ou superflus ?
La nature est généreuse mais pas toujours hospitalière et peut faire preuve, parfois, d’une force ravageuse. S’affranchir de la nature est un leurre, nous n’avons pas d’autre choix que de composer avec elle, et donc prévoir et anticiper ses caprices.
Il nous faut revenir au bon sens avec relocalisation de l’économie, production de proximité, consommée fraîche en fonction des saisons, et réinvention du temps long pour les transports. Il nous faut accepter que la nature soit la plus forte, aller moins loin et moins vite. A-t-on vraiment tiré la leçon des évènements récents pour semer des poussières de raison ?