Il n’y a plus d’équivoque, nous sommes maintenant face aux réalités après un siècle de développement à outrance de notre civilisation en prenant trop peu en compte les limites des richesses terrestres. Le dérèglement du climat, la chute de la biodiversité et les pollutions en tous genres sont là, nous commençons à en subir les conséquences, avec une prise de conscience toute relative et encore beaucoup de déni de certains d’entre nous. Cette situation ressemble étrangement à un suicide de notre civilisation…
En ce qui concerne le climat, l’origine anthropique du réchauffement ne fait plus de doute, il s’agit bien pour l’essentiel des gaz à effet de serre émis par la combustion des énergies fossiles. Alors que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis le milieu du 19 ème siècle, ces dernières années ont été marquées par des catastrophes de plus en plus alarmantes, bien que les médias aient été bien lents à réagir en ce domaine. Juste pour mémoire il y a eu des sécheresses et des incendies d’ampleur historique aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, au Portugal… En 2023, près de la moitié des terres émergées de la planète ont connu au moins un mois de sécheresse extrême, un record historique… A l’inverse on a connu des pluies diluviennes, notamment en Espagne fin 2024, avec 223 morts, 125 000 voitures hors d’usage et 70 000 maisons endommagées… Entre 2014 et 2023, 60% des terres du globe ont connu une augmentation des précipitations extrêmes… Les pays les plus touchés, et dont on parle très peu, ont été certains pays africains où l’on estime que dans les 10 ans qui viennent le taux de mortalité dû au dérèglement climatique sera de 60 à 80 % plus élevé que dans les autres régions du monde, du fait notamment de la transmission accélérée de maladies telles que choléra, paludisme ou méningite… sous l’emprise du climat. Globalement, les recherches actuelles montrent qu’environ 4 milliards de personnes (la moitié de la population terrestre) vivent déjà dans des zones très sensibles au changement climatique. Il va de soi que tout retard dans la lutte contre le dérèglement climatique (et pas seulement l’adaptation) augmentera les risques sanitaires. Les zones sous-équipées en infrastructures de santé, comme l’Afrique entre autres, seront dans l’impossibilité de faire face sans aide internationale. L’impératif d’équité est manifeste et les pays les plus responsables des émissions de GES importantes devraient supporter les coûts en matière d’atténuation du phénomène. A cet égard, l’exemple récent de Mayotte est éloquent !
Pour ce qui est de la biodiversité, nous avons souvent évoqué ce sujet, encore récemment avec Ce qui nous attend ! Pour ne retenir qu’un exemple de synergie entre climat et biodiversité, les décisions récentes du gouvernement de Namibie sont éloquentes : l’Afrique australe vient de connaître une sécheresse sans précédent qui a touché 68 millions de personnes dans cette région et la Namibie a épuisé 84 % de ses réserves alimentaires… Pour faire face à cette situation, et donc apporter une source de nourriture à une population en détresse, la Namibie a décidé d’abattre 723 animaux sauvages, dont 83 éléphants, 30 hippopotames, etc. Autant d’espèces protégées et en régression par ailleurs. Il y a bien là un dilemme cornélien qui met en évidence la situation désespérée de pays qui doivent gérer la coexistence entre les besoins humains immédiats et la préservation de la biodiversité à long terme.
A suivre le 14 février 2025.