Pour qui observe le monde de l’école, les drames individuels des profs qui sont « au bout du rouleau » ne sont pas rares. Les relations élèves-profs-parents sont parfois tendues, au point de déstabiliser des professionnels pourtant aguerris. Faut-il que les profs soient des héros ? Sans doute l'école en France n'est pas la "meilleure du monde"… mais elle est sûrement très honorable par rapport à bien d'autres pays. Toutefois, il faut aussi que l'école accepte de se remettre en cause. Si on lui fait tant de reproches, sans doute exagérés, c'est qu'il y a peut être tout de même un peu de vrai... Ainsi comment explique-t-on que les Français soient aussi mauvais en anglais ? la sensibilité environnementale aussi faible ? que des étudiants de master, ne connaissent pas la différence entre conseils régional et général ? que les maths soient toujours considérées comme matière essentielle pour la sélection. Comment se fait-il enfin que de telles bévues, soient le résultat des circulaires, des ministres qui changent, des inspecteurs... alors que les profs constituent la profession la plus organisée et structurée de France.
Alors, la faute aux profs ? Non, ce serait trop simpliste bien sûr. Mais il faut aussi que les profs se remettent en cause. Le métier d'enseignant est un métier très noble, qui mérite le respect, mais très difficile, fatigant et qui, sauf exception, ne peut pas être exercé toute une vie. Il faut donc s’interroger sur les résultats et sur le statut même de prof. Les profs sont parfois déconnectés de la société dans laquelle nous vivons, tout simplement parce qu’ils vont à l’école comme élève, étudiant, puis… prof, sans être passés par la case « travail non enseignant ». Inventons un statut qui permette d’être prof pendant 5, 10 ou 20 ans, mais pas à vie. En fait, cette mobilité existe déjà, mais est très peu utilisée.
Notre système éducatif reconnaît surtout l’intelligence conceptuelle (priorité aux maths), écartant les formations professionnelles, jugées secondaires, voire destinées aux faibles. Les intelligences manuelle ou sensible, ne sont considérées qu’au second plan. Seule l’école maternelle prend en compte cette diversité, puis l’école primaire maintient l’ouverture et le collège s’en écarte. L'école doit s'ouvrir davantage sur le monde, se renouveler, s'adapter à ses nouveaux publics et anticiper les évolutions. Bien sûr beaucoup a déjà été fait par de nombreux profs et établissements. Mais face à internet et la société multiculturelle, il faudra être encore davantage imaginatif plutôt que revendicatif, prospectif plutôt que conservateur. Quelle responsabilité collective et quel beau challenge ! Tout cela suppose plus de formation continue et plus de mobilité professionnelle pour pouvoir alterner des emplois, des statuts, en conservant une école publique et laïque. Vaste tâche et bon courage à ceux qui vont affronter une nouvelle rentrée dans quelques jours.