Même si de nombreux collèges et lycées portent son nom, Jean Rostand semble bien oublié aujourd’hui… Pourtant, né en 1894 et décédé en 1977, fils du dramaturge Edmond Rostand, Jean Rostand fut un biologiste et écrivain très prolifique. Très autonome, sa fortune personnelle lui permettant cette liberté, il fonde en 1936, à Ville-d’Avray son propre laboratoire indépendant dans lequel il étudie notamment la biologie des batraciens. Il est l’auteur d’une production scientifique et littéraire abondante qui lui vaut d’entrer à l’Académie française en 1959. Doté d’une grande ouverture d’esprit et de beaucoup d’honnêteté intellectuelle, il milite pour différentes causes et en particulier contre l’armement atomique. Par ses réflexions philosophiques, il fut certainement en avance sur son temps.
Dans le monde très chahuté que nous vivons, il m’a semblé qu’un homme comme Jean Rostand pouvait être un repère utile, nos intellectuels du moment étant parfois un peu déficients… Ainsi, dans son ouvrage Ce que je crois (Editions Bernard Grasset, 1953), certains extraits me semblent à même de nourrir notre réflexion sur les problématiques actuelles :
- Ma conviction est que l’homme se trouve tout au début de son aventure intellectuelle, que son « âge mental » est extrêmement bas au regard de celui qu’il est appelé à prendre. Cette notion de l’immaturité, de l’infantilisme de notre espèce suffirait à me convaincre que, d’un très long temps, nous n’avons à espérer que des réponses naïves et grossières aux grandes questions qui nous préoccupent.
N’est-ce pas là, le constat et l’espoir, que notre espèce est perfectible et que les marges de progrès sont grandes…
- On ne s’étonnera pas que le principal de mes croyances s’organise autour des réflexions que me suggère l’étude de la biologie. Or, l’une des choses que je crois avec le plus de force, - l’une des rares dont je sois à peu près sûr -, c’est qu’il n’existe, de nous à l’animal, qu’une différence du plus au moins, une différence de quantité et non point de qualité ; c’est que nous sommes de même étoffe, de même substance que la bête.
Ne l’avons-nous assez répété que nous faisons partie de la nature et sommes interdépendants avec la nature. Jean Rostand, voilà bien un biologiste qui « recale » les choses.