C’est en 1997 que je fus chargé, en tant que consultant indépendant, d’une « étude de définition des conditions de mise en œuvre du nettoyage de la Seine », pour le Conseil Régional de Haute-Normandie, le Parc Naturel Régional de Brotonne et l’Agence de l’Eau Seine-Normandie. Il s’agissait de faire le bilan de la situation en matière de déchets déposés par la Seine sur ses 292 km de berges entre le barrage de Poses et le Pont de Tancarville.
Mis bout à bout, ces dépôts couvraient 58 km de rives. Sur les 69 points noirs répertoriés (environ 29 000 m3, soit de l’ordre de 9 000 tonnes) deux sites tests ont été retenus afin de valider les résultats et préciser les méthodes d’intervention, sachant que le flux de déchets flottants était estimé entre 700 et 800 tonnes par an. Ces déchets étaient des emballages, des aérosols, seringues, bidons divers, pots de peinture, extincteurs, vélos ou jouets, etc. L’étude a préconisé le recrutement d’une dizaine d’emplois d’insertion pour procéder au nettoyage en cinq ans.
Une quinzaine de médias régionaux et nationaux, écrits et télévisuels, ont relaté cette étude pour laquelle était décidée une concrétisation sur le terrain. Cette formidable prestation m’a permis de parcourir, en voiture et à pied, les berges concernées de la Seine. Découverte de paysages bien plus sauvages qu’on l’imagine, enlaidis de déchets innombrables ! Cette étude a fait l’objet de 3 rapports (Volume 1: rapport, 80 p.- Volume 2: annexes, 167 p.- Volume 3 : synthèse, 25 p.- Notre-Dame-de-Bliquetuit : Parc Naturel Régional de Brotonne, 1997) qui peuvent être consultés en salle de lecture du pôle des archives historiques : 42 Rue Henri II Plantagenêt, Pôle culturel Grammont, 76100 Rouen - Tél. : 02 35 03 54 95 / Mail : archives@cg76.fr – Archives personnelles 341 J – Publications 302, 303 et 304.
Le tonnage de 9 000 tonnes s’est avéré un peu sous-estimé lors du nettoyage qui a effectivement suivi pendant plusieurs années. Nous voilà 20 ans plus tard… et les déchets reviennent sur le devant de la Seine ! Une enquête menée par Thibaut Schepman pour le site d’information Les Jours révèle que malgré les ramassages, c’est le « tonneau des Danaïdes » avec des arrivages en provenance de l’amont incessants, y compris des produits dangereux, et… sans solution. De son côté, Aurelia Morvan apporte sa contribution, dans 76actu en insistant sur le fait que le manque de financement est un obstacle à l’enlèvement des déchets, mais aussi l’absence de coopération entre les collectivités impliquées. Une fois de plus, cette opération ne pourrait pas avoir lieu sans l’Europe. On espère une solution pour la fin 2017, sans toutefois pouvoir tarir les sources en amont…