La génération d’après-guerre est celle du « Baby-boom », composée des personnes nées entre 1945 et 1955. En fonction de l’espérance de vie, ces « baby-boomers » devraient vivre jusque 2025-2030. Cette génération a connu les « Trente glorieuses », 1945-1975, une période de relance économique, de croissance à tout va, après un conflit mondial oh combien destructeur… Puis ce fut les « Trente piteuses », 1975-2005, avec une relative stagnation économique et surtout une prise de conscience des atteintes à l’environnement, tant climat que biodiversité, de plus en plus menaçantes pour notre avenir. Maintenant, ce serait bien les « Trente anxieuses », 2005-2035, le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité sont un fait quotidien, les crises se multiplient, écologiques, sanitaires, sociales et politiques. C’est l’angoisse devant un futur plus qu’incertain…
Les petits enfants des « baby-boomers » sont nés à partir de 2000, ils seront aux commandes familiales, professionnelles et politiques à partir de 2025-2030. Quel héritage va-t-on leur laisser ! Il n’y a plus qu’à tout reconstruire ! En auront-ils la possibilité ? En auront-ils vraiment envie ? Oui c’est l’angoisse. Et pourtant…
Ces deux générations marqueront l’histoire du fait des transformations marquantes de l’humanité qu’elles auront connues. La première, les « baby-boomers », restera celle qui a « explosé » la technologie, la planétarisation, la communication. La seconde, les « petits-enfants-baby-boomers », sera celle qui va réinventer le monde avec une société planétaire apaisée et enfin Humaine, ou bien elle sera celle qui a achevé la tâche de leurs grands-parents en… faisant disparaître l’Humanité ! Entre ces deux grandes étapes, la génération intermédiaire des enfants des « baby-boomers » vit une situation inconfortable dans un monde en perte de repères.
Si l’on regarde cette évolution de l’Humanité en moins d’un siècle, de façon rétrospective, cela donne un peu le vertige. Parlons de la France pour simplifier :
- Au début du « baby-boom », la société est essentiellement rurale, la vie sociale est centrée sur la famille, avec respect de l’autorité, « confinée » dans un périmètre très restreint. La vision du monde est assez étriquée, se résumant à son village, un peu la France et une vague idée de l’Europe et de la lointaine Amérique en raison du débarquement. Ce schéma peut bien sûr être nuancé, mais c’est ce que j’ai connu personnellement. A cette époque, le climat semble assez stable, la biodiversité ne pose pas de problèmes cruciaux, avec des paysages comportant de nombreuses haies et bois « sauvages ». Une part importante de la population vit une relative autarcie, avec peu d’achats externes, le jardin et /ou la ferme fournissant l’alimentation.
- C’est sur le plan de la technologie et de tous les jours que la transition vers la période actuelle a été la plus spectaculaire. On est passé de maisons sans WC (toilettes extérieures et seau de nuit), ni douche (une simple cuvette de cuisine), parfois sans eau courante, à ce que l’on connaît maintenant. C’était l’époque du moulin à café à main, du poste de radio à lampe et du téléphone très rare, pour en arriver 50 ans plus tard à la robotisation de la cuisine et la domotique, au transistor, la télévision et internet, au smartphone en communication permanente avec le monde entier. On est passé des déplacements pour aller à l’école à pied et au travail à vélo, aux transports en tous genres, y compris par avion pour les vacances ou le travail sur toute la planète. Dans mon cas personnel, largement partagé par d’autres ruraux, mon père travaillait à la ferme (à peine une vingtaine d’hectares) avec des chevaux et on est passé rapidement au tracteur, petit d’abord puis énorme maintenant pour gérer des fermes de plusieurs centaines d’hectares, parfois aux dépens des paysages et de la biodiversité. Etc. etc., on pourrait continuer cette litanie des évolutions gigantesques qui ont été accomplies sur une seule génération, un phénomène sûrement unique dans l’histoire de l’humanité.
Il est indéniable que ces modifications techniques et sociétales nous ont apporté plus de confort et de bien-être, quoi que l’on en pense. Non, ce n’était pas forcément mieux avant ! Mais ces évolutions très rapides ont été mal maîtrisées et leurs inconvénients (il y en a toujours) ont pris le dessus, jusque menacer la survie de l’Humanité, tant elles sont devenues préjudiciables au climat qui nous protège et à la biodiversité qui nous fait vivre.
C’est à cela que va devoir s’atteler la nouvelle génération, celles des « petits-enfants-baby-boomers ». Comme nous l’avons souvent répété, cette nouvelle génération a le devoir impérieux de reconstituer le climat, restaurer la biodiversité, préserver les ressources, inventer une social-économie et organiser la société planétaire. C’est un défi immense, mais aussi un objectif enthousiasmant : refaire le monde, rien que ça ! Allez petits-enfants, et leurs successeurs, réparez les erreurs de vos grands parents, repartez du bon pied ! La Terre a encore devant elle 4,5 milliards d’années, cela vous laisse un peu de marge.
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