Le 8 mai, comme chaque année, et jusque dans le plus petit village, la France a commémoré la fin de la seconde guerre mondiale, terminée officiellement le 8 mai 1945 au lendemain de la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie.
Le 10 mai, à l’initiative de Jacques Chirac reprise par Nicolas Sarkozy, a été commémoré l’abolition de l’esclavage en France.
Certes, il faut se souvenir des guerres, génocides et autres crimes qui ont entaché le 20ème siècle. Il est indispensable de conserver la mémoire de ces faits, même s’il eut été sans doute plus judicieux, comme l’avait proposé Valéry Giscard d’Estaing, de rassembler toutes ces commémorations en un seul jour, un « Memorial day » à l’américaine, plutôt que de multiplier les dates anniversaires qui ne manquent pas de susciter maintes polémiques de caractère historique.
Mais entre le 8 et le 10 mai, vous avez entendu ce silence assourdissant… Pourtant le 9 mai, c’est la Fête de l’Europe. C’est en effet le 9 mai 1950, qu’à l’initiative de Jean Monnet, « père de l’Europe » et de Robert Schuman, ministre français des Affaires Etrangères, est née la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier), ancêtre de l’Union Européenne. En 1985, les Etats membres ont décidé de fêter la Journée de l’Europe chaque année, dans tous les pays européens, pour rendre hommage à ce moment fondateur que fut le 9 mai 1950.
Ainsi, en France, on commémore à tout va des faits historiques, alors que l’on passe sous silence la création de l’Europe, fait majeur et pacifique du milieu du siècle dernier. Pourtant, l’Europe est une magnifique opportunité pour affronter les grands défis du 21ème siècle naissant, que ce soit en termes d’énergie (comme à l’origine de l’Europe !), de prévention des risques climatiques, de préservation de la biodiversité ou de l’eau.
Ce silence signifie-t-il que nous préférons nous réfugier dans un passé, parfois calamiteux, plutôt que nous projeter dans un futur qu’il faut reconstruire ensemble ?
Mais au fait, qui donc déclarait à Dakar le 26 juillet 2007, à propos des Africains : « Jamais l'homme ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin ». Puissions-nous, nous autres Européens nous inventer un destin et nous élancer vers l’avenir…