Entre la question du Tibet, le tremblement de terre du Sichuan et bientôt, les Jeux Olympiques, la Chine est décidément en permanence dans l’actualité. La Chine, reconnue comme « l’atelier du monde », n’est plus un pays sous-développé, mais au contraire, elle a atteint le niveau de développement de la France au début des années 1960… et devrait nous avoir rattrapé avant 2030. La Chine est déjà d’ailleurs parfois en avance, là où on ne l’attendait pas forcément, dans le domaine de l’environnement, comme à Shanghaï où les scooters électriques sont légion.
Certes, la Chine a maintenant dépassé les Etats-Unis en matière d’émission de CO2 en devenant le premier émetteur mondial. Certes les lacs sont asphyxiés par les rejets industriels. Certes la Chine va devoir construire 400 villes d’ici 2030 pour accueillir environ 300 millions de ruraux qui seront ainsi submergés par le smog. On pourrait multiplier les exemples de dégradations de l’environnement et montrer combien les Chinois passent par les mêmes chemins que nous autres Européens, si ce n’est le changement d’échelle.
Si l’on positive un peu pour croire à l’avenir, il faut convenir aussi que la Chine emprunte notre itinéraire, en allant plus vite que nous, y compris en termes de remédiation. C’est ainsi qu’est née en Chine une conscience écologique (même si les militants écologistes sont parfois durement réprimés), que des paysans se révoltent contre la pollution, que la population soutient parfois ces militants et que le nombre des ONG (plus ou moins « officielles ») ne cesse d’augmenter.
Sans doute, les discours du président Hu Jintao sur la Chine « future civilisation écologique » sont-ils de circonstance, mais l’Agence chinoise de l’environnement (SEPA) va être érigée en ministère et le Programme national sur les changements climatiques (NDRC) a été présenté comme la « loi fondamentale » guidant la Chine. En matière d’urbanisme, le concept d’écoquartiers est dépassé pour aller vers des « écovilles », comme Dongtan près de Shanghaï, qui devra assurer son autonomie énergétique.
Ne soyons pas dupes, il restera énormément à faire pour lutter contre les pollutions et les atteintes à la biodiversité. Néanmoins l’empire du Milieu semble bien avoir intégré l’importance des questions environnementales et peut-être même se souvient-il qu’un autre empire, l’URSS, s’est effondré il n’y a pas si longtemps pour diverses raisons politiques, dont la rébellion des populations contre les atteintes insupportables à leur milieu de vie.