Au creux de l’été, quatre mini-nouvelles font patienter pour un retour sur l’actualité de la rentrée.
Elle était là, devant lui, belle, très belle, et nue. Toute nue bien sûr, puisque les grenouilles ne portent pas de bermuda, même l’été. Ses yeux fixes et brillants exprimaient un je ne sais quoi de nostalgique.
Elle s’est un peu redressée, cabrée légèrement, comme si elle voulait exprimer quelque chose. Le garçon ne bougeait pas, surpris de tant de candeur. Elle se cabra encore, le fixa dans les yeux, et lui dit…
Ce garçon ne savait pas que les grenouilles parlaient. Elle exprima d’abord une sorte de colère en répétant : « quôa, quôa, quoi, quoi, qu’est-ce que c’est ? Toi l’Humain, sache bien que nous aussi les grenouilles, nous aimons cette Terre, nous avons besoin de la Terre, de ses prairies, ses haies, ses mares, pour nous nourrir, nous ébattre, nous reproduire, sauter et chanter les soirs d’été. Dis-leur à tes frères humains qu’ils seraient bien inspirés de respecter un peu plus notre Terre pour le bien de tous, les grenouilles, les libellules, les mésanges, les orchidées, les renards, les bourdons, les roseaux, les hirondelles, les hérissons, les belettes, les lézards, les… » Elle s’arrêta, essoufflée, la colère retombée. Elle baissa les yeux et se tassa un peu sur elle-même.
Le garçon, stupéfait, osa timidement : « Madame la grenouille, je vous promets que je veillerai à ce que la Terre reste belle. »
D’un coup, la grenouille sauta dans l’eau et disparut.
Lucien revint vers la maison, en sautillant, le cœur tambourinant, une grenouille lui avait parlé et il avait bien compris le message.