Il a été beaucoup question de la pêche ces derniers temps. La pêche est restée, en effet, une activité de cueillette qui exploite pleinement une bonne moitié des stocks de poissons et en surexploite un quart. On estime que seulement 1 % du stock est en voie de reconstitution. C’est dire que la faune marine est en forte régression. L’aquaculture supplée, en partie, ces diminutions de stocks sauvages, en fournissant aujourd’hui 43 % de la consommation contre 9 % en 1980. Malgré cela, la consommation de poisson tend à diminuer en France, du fait des prix jugés trop élevés.
L’exemple du thon rouge est très significatif. Menacé par la surpêche, il risque de disparaître de l’Atlantique et de la Méditerranée si les prises ne sont pas limitées de façon drastique. Mais la préservation d’une espèce menacée ne va pas de soi et les mesures prises par la Commission Européenne créent la polémique… Une affaire bien compliquée, d’autant plus que le premier consommateur de thon au monde est le Japon (un quart de la consommation mondiale dont 70 % des thons pêchés en Méditerranée). Ceci expliquant cela, le prix du thon rouge a augmenté de 40 % depuis le début 2008, ce qui en fait un enjeu économique très important.
Cet exemple est révélateur de la difficulté que présente la préservation de la biodiversité sur le long terme face à des intérêts économiques de courts termes concernant une petite population. Là où les politiques peinent à expliquer clairement les enjeux et prendre les décisions qui s’imposent, comme pour beaucoup d’autres problématiques, les consommateurs peuvent aussi faire valoir leur point de vue. Ainsi en Suède, la journaliste Isabella Lövin a publié il y a un an l’ouvrage « Mer silencieuse » pour alerter l’opinion publique. Depuis, certains restaurants suédois, des maisons de retraite et même des centrales de grande distribution boycottent les poissons menacés. Ce boycott pourrait s’étendre à toute l’Europe. En France, Auchan a cessé de vendre du thon rouge.
Mais la première espèce à disparaître sera sans doute celle de pêcheur. Bien sûr qu’il faut prendre des mesures de solidarité vis-à-vis de cette profession, mais faire croire que l’on va aider les pêcheurs en injectant de l’argent dans le circuit de production est pure démagogie. Quand les stocks sont bas, ou bien on réduit la consommation, ou bien on épuise les stocks, considérant qu’il n’y a pas de lendemain…
En premier lieu, la profession de la pêche doit se remettre en cause, modifier sa façon de travailler, gérer les stocks sur le long terme et aller vers une pêche durable, comme il existe par ailleurs une agriculture durable. Ainsi on pourra associer la pêche à une économie littorale de qualité plutôt que rechercher des marchés mondiaux trop peu scrupuleux.