A défaut de comte de Noël, voici une histoire…vraie.
C’était la fin de l’été, un soir de fête de village. Le ciel avait été nuageux avec des averses toute la journée. Les festivités prenaient fin avec un « moules frites » dansant. Les villageois s’étaient rassemblés en nombre et parmi eux s’étaient glissés deux invités particuliers. Elle, Margaret, était en fauteuil roulant, atteinte de sclérose en plaques. Lui, Christophe, était chanteur amateur.
Dès la fin du repas, le DJ lança une danse au rythme soutenu, un paso-doble. Le fauteuil recula, pris la piste et… dansa. Elle riait, il souriait, tous deux avançaient, reculaient, tournaient parmi les autres danseurs, en rythme. Elle était encore plus belle sur la piste. Les autres convives auraient pu applaudir, ils ne le firent pas, par discrétion, comme si la situation était tout à fait ordinaire. Plus tard, il y eut un slow, le fauteuil dansant glissait avec la même douceur qu’une caresse sur la joue d’un enfant.
Ce soir-là, il s’était passé quelque chose : il y avait là des jeunes, des moins jeunes, des encore moins jeunes, des veuves, des veufs, des malades, mais il n’y avait plus que des vivants. C’était le bal des vivants, de ceux qui croquent la vie, de ceux qui croient à la vie jusque la dernière minute. Au milieu de la nuit, le ciel était dégagé et très étoilé. Une étoile brillait davantage que les autres, dans le cœur de chacun : les villageois avaient vaincu leur peur de l’autre, du handicapé, pour gommer les différences et ne retenir que la joie d’être ensemble et partager les mêmes plaisirs.