Les musées d’histoire naturelle, avec leur cortège d’animaux « empaillés » et de boîtes d’insectes sont progressivement tombés dans l’indifférence après avoir connu des heures de gloire. Souvent nés à la fin du 19ème siècle, plusieurs de ces musées, en France, ont été fermés au public dans les années 1980-90, pour « des raisons de sécurité ». Mais voilà qu’une dizaine d’entre eux ont été rénovés et ouvrent à nouveau leurs portes, en particulier à Rouen, Le Havre, La Rochelle, Toulon, etc.
Ces musées, avec leurs alignements d’oiseaux, de mammifères régionaux ou exotiques, de coquillages, d’outils préhistoriques, de moulages de champignons, de dioramas, etc. ont longtemps constitué des lieux un peu étranges, insolites, offrant au visiteur une sorte de magie du vivant et essayant de faire passer un message pédagogique, empreint de nostalgie.
Dès les années 1970, en parallèle à la montée de la prise de conscience des enjeux environnementaux, les museums ont tenté de se rajeunir en initiant des expositions, animations, conférences sur les thèmes montants de la biodiversité et des atteintes à la nature. Ce fut, pour leurs animateurs, une rude tâche tant était faible l’écoute des décideurs locaux, plus prompts à reléguer ces établissements au rang de fossile plutôt que de lieu d’animation.
Les temps ont changé, la sensibilisation du public a mûri et les élus locaux en tiennent compte. C’est ce qui explique le renouveau des museums, devenus lieux de réflexion et de proposition sur la sauvegarde de la biodiversité, et initiateurs d’une réconciliation entre l’homme et la nature.
La muséologie témoigne de notre relation à la nature à travers le temps. Mais cette vision nostalgique comporte le risque de faire des museums des « musées de musées », concept certes intéressant, mais insuffisant par rapport à l’attente du public. Ainsi, le museum de Rouen, par exemple, réfléchit à la synthèse à opérer entre ce patrimoine scientifique prodigieux que représente les 800 000 pièces détenues, d’une part et d’autre part les questions d’écologie, d’environnement, de développement durable, qui ne manquent pas de susciter des questions du public. Une nouvelle approche muséologique pourrait consister à montrer l’évolution des relations entre l’homme et la nature sur un territoire donné et, à partir de là, s’interroger sur les grandes tendances actuelles pour inviter à mieux y répondre.
C’est ainsi que les museums pourront constituer de véritables outils pédagogiques pour l’avenir en même temps que des conservatoires d’espèces, dont certaines disparues, pour la recherche scientifique.