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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 08:35

Dans notre société où tout va vite, nous vivons de plus en plus sous la tyrannie de l’urgence. Cette logique répond à un impératif de résultat immédiat, de rentabilité directe de l’effort produit, sans véritable souci de l’avenir.

A la fin du 20ème siècle, deux innovations technologiques, le téléphone mobile et internet, ont révolutionné notre rapport au temps et accentué ce phénomène en nous affranchissant largement de l’espace : on peut être joint n’importe où, n’importe quand et être en mesure d’apporter une réponse à la question posée. Cette efficacité (relative) dans le travail génère du stress qui devient une préoccupation montante, non seulement pour les cadres ayant des obligations de résultat, mais aussi pour nombre de travailleurs postés, de commerciaux courants après des objectifs de vente, etc. Cette angoisse de la gestion du temps crée aussi de l’agressivité qui complexifie les rapports sociaux.

Il y a pourtant un moment où il convient de se demander si c’est encore « rentable » d’aller plus vite. N’y a-t-il pas un point de bascule au-delà duquel la vitesse devient un handicap plutôt qu’un atout ? Ainsi dans le domaine des transports, le TGV est un exemple intéressant puisqu’il permet de faire l’aller-retour dans la journée entre deux localités éloignées du territoire français. Mais le coût des aménagements, les nuisances sonores ou la consommation d’énergie détermine un prix à la personne transportée prohibitif. D’autant que les aléas techniques ou sociologiques (actes de malveillance) réduisent le gain moyen de temps à quelques minutes seulement sur un long parcours. La SNCF estime que le passage des TGV de 300 à 350 km/h ferait gagner 2 minutes 30 sur 100 km, soit de l’ordre d’un quart d’heure pour un Paris-Marseille. Est-ce absolument indispensable ? « Accessoirement », cette prouesse technique augmenterait la consommation d’énergie de 50 % !

Pour préparer une société future qui sera obligatoirement frugale en énergie, ne faudrait-il pas réapprendre le temps long pour les transports, le temps apaisé pour le travail, le temps libre pour la vie personnelle ? Ainsi certains imaginent de relancer les dirigeables (pour le transport du courrier sur des distances moyennes, par exemple), d’autres réinventent la traction animale (pour du débardage de bois en forêt ou des livraisons en ville).

Notre difficulté à maîtriser le temps est le symptôme d’un dysfonctionnement profond de notre société qui affecte notre capacité de représentation de l’avenir. Et si, après tout, l’urgence c’était précisément… de prendre son temps.

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