Ainsi donc, la marée noire du golfe du Mexique, c’est fini, à ce que l’on dit… « Inaugurée » dès 1967 par l’échouage du Torrey-Canyon en Bretagne (120 000 tonnes de pétrole brut), l’ère des marées noires aura connu de grands succès avec notamment, en juin 1979, le déversement d’un million de tonnes de pétrole dans le golfe du Mexique, déjà !
En 2010, c’est environ 700 000 tonnes qui ont été répandues à la suite de l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, le 20 avril. Dès le début, il a été admis que British Petroleum était responsable et devrait financer le coût des opérations de dépollution. Mais en fait, malgré la surmédiatisation de cet évènement, aucune loi américaine n’a été modifiée, sans même relever le plafond, très bas, auquel sont limités les dommages aux particuliers. Le poids politique du lobby pétrolier est tel que Républicains et Démocrates se sont opposés à toute modification de la loi actuelle.
Dans le même temps, deux oléoducs explosaient dans le port de Dalian au nord-est de la Chine, le 15 juillet. Ce serait 1 500 tonnes de pétrole qui se sont déversées dans la mer avec un impact écologique prévu pour une décennie… et une audience médiatique très modeste.
Et pendant ce temps-là, dans le delta du Niger, au sud du Nigéria, il ne se passait rien… ou presque. Rien que de l’ordinaire, puisque voilà déjà 50 ans que le pétrole s’écoule dans la mangrove et les marais. En mai, Shell a reconnu que 14 000 tonnes de brut avaient été déversées dans la nature en 2009. De plus, un oléoduc d’Exxon Mobil s’est rompu le 1er mai, rejetant 4 millions de litres pendant une semaine. Les pétroliers et les groupes armés qui détournent le pétrole se rejettent la responsabilité de cette situation. Forêts et terres agricoles sont recouvertes d’un liquide huileux, les puits d’eau potable sont pollués, la pêche a dû être abandonnée, mais les regards extérieurs sont mal venus. Selon le WWF, ce serait de l’ordre de 1,5 million de tonnes de brut qui auraient été déversées dans le delta du Niger en 50 ans ! Les autorités nigérianes ont recensé officiellement plus de 7 000 marées noires entre 1970 et 2000.
Vroum, vroum. Prout, prout. Bonne promenade. Ah, au fait, le fonds du puits est en vue, enfin !