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  • : Le blog de Michel Lerond
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 09:51

Les plantations au bord des routes datent d’une période très ancienne puisque la première ordonnance en la matière fut celle, semble-t-il, de 1522. Ces plantations répondaient à plusieurs utilités comme la séparation des domaines public et privé, l’assèchement des voies, l’apport de bois et aussi… une recherche de beauté. Aujourd’hui ces alignements d’arbres ne conservent plus que des fonctions paysagères et sont, de plus en plus souvent, coupés pour élargir les voies ou prévenir des accidents, compte-tenu de l’évolution du trafic. Ce fut le cas encore cet hiver, pour les alignements de la RN13 dans la traversée du département de l’Eure.

Certes, les plantations ne doivent pas constituer un danger pour les usagers de la route, mais alors pourquoi ne pas repenser totalement la conception des infrastructures. Alors que l’on nous abreuve des conclusions du Grenelle de l’environnement, des trames vertes et bleues, des plans climat-énergie et autres programmes de développement durable, voilà une belle opportunité de passer du discours aux actes.

Si l’on considère la route, non seulement comme une infrastructure de déplacement, mais aussi comme une infrastructure d’aménagement du territoire, alors on peut lui attribuer des fonctions paysagères (esthétique du tracé routier et insertion dans le paysage traversé), des fonctions économiques (régulation de l’hydraulique de surface, alimentation des filières bois-énergie), des fonctions environnementales (biodiversité pour les oiseaux, insectes et chauve-souris particulièrement ; absorption des polluants dus à l’automobile), etc. Voir aussi notre chronique « Quelles routes pour le futur ? » du 26 mai 2008.

Cette façon de voir suppose une conception différente des plantations, pour passer d’alignements simples à de véritables corridors écologiques qui nécessitent une emprise plus importante. Cela n’est pas possible partout pour le réseau existant, mais ce peut être le cas dans la traversée de plaines de cultures ou de voies neuves. L’emprise se ferait quasiment toujours aux dépens des surfaces agricoles, c’est vrai, mais ce serait aussi une façon pour l’agriculture de « rendre les fonctions » qu’elle ne remplit plus… et d’y retrouver son compte (prévention de l’érosion des terres agricoles, inondations, biodiversité des prédateurs d’insectes, etc.). Ainsi plus réfléchies en amont, les routes pourraient aussi rassembler les réseaux divers enterrés (électricité, téléphone, eau et assainissement, etc.) et deviendraient ainsi des infrastructures totales, ce qui commence à se pratiquer, mais trop timidement encore. Cela suppose une volonté politique affirmée et une autre gouvernance de la multitude d’intervenants, au plus près du territoire, en passant par des collectivités territoriales restructurées de façon plus lisible… Vaste chantier !

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commentaires

K
<br /> Transformer la route en corridor écologique me parait très symptomatique de notre civilisation... une route pour protéger la faune et la flore, voilà ce dont a été capable notre génération<br /> d'intellectuels ingénieurs...<br /> Non qu'il ne faille pas le faire, évidemment, seuls endroits ou on accepte de ne pas mettre de phyto, ou on accepte de laisser pousser un peu d'herbe, on commence à se dire que oui, la, on va<br /> sauver des papillons et des abeilles avec les bords de routes... avec des fossés, peut etre même on aura des salamandres dans notre eau goudronnée... vroom, scrouitch, ho, désolé... tous ces<br /> insectes dans les filtres du radiateurs, c'est chiant à nettoyer...<br /> non, c'est vrai il faut le faire, mais juste triste je suis. La force n'est plus avec moi.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Votre ironie est juste et injuste Kerloen. Juste parce que c'est bien dommage que l'on en arrive à cela, "utiliser" la route pour sauvegarder un peu de nature. Injuste parce que les hommes doivent<br /> vivre (aussi) et que leurs aménagements peuvent être mieux pensés et construits pour parvenir à un peu d'osmose entre eux et la nature, au bénéfice des deux. C'est une voie (si je puis dire...) que<br /> d'utiliser la route pour cela, bien entendu ce ne peut être qu'une piste (encore !) parmi bien d'autres possibles.<br /> Michel<br /> <br /> <br />
D
<br /> Tu as mille fois raison, Michel... Du coup, je me permets de transmettre cet article par un lien à quelques associations de ma connaissance (Bioch'min, Vivréthique...)qui urront peut-être trouver<br /> actes concrets pour relayer cette belle proposition que tu fais là à nos "pouvoirs publics"...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Danielle. Tu peux diffuser à volonté. Merci.<br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />