L’homme se distingue du reste du monde animal, en particulier, par le fait qu’il est conscient de sa mort. Très vite dans sa vie, il comprend qu’il est mortel et se pose des questions métaphysiques. La prise de conscience qu’il puisse y avoir une fin irrémédiable est génératrice d’angoisse. Cette angoisse peut être atténuée, voire supprimée, ou sublimée, si l’on transcende la brièveté de la vie terrestre par la croyance en une vie éternelle, donc au-delà de la mort. S’il existe une force supérieure, un grand architecte, une divinité, un Dieu qui créé et régit tout cela, la vie terrestre n’est plus qu’une étape dans un processus beaucoup plus complexe. L’angoisse est alors atténuée, ou annihilée, par la croyance en Dieu. A l’échelle individuelle, Dieu est calmant, c’est un anti-dépresseur.
L’homme est aussi un animal grégaire qui ne peut vivre seul indéfiniment. Le groupe auquel il appartient fonctionne comme tout groupe animal, avec des dominants et des dominés. La promesse d’une vie éternelle transforme la vie terrestre en un passage obligé, constitué de rites, de souffrances, de servitudes qu’il faut accepter et surmonter pour pouvoir « gagner » cet au-delà. La croyance devient alors religion, s’érige en dogme et ouvre la voie à une mise en servitude des fidèles par rapport à une caste dominante. A l’échelle collective, les religions sont un instrument de pouvoir, un instrument politique, au sens où elles permettent une gouvernance du peuple.
La science répond à la question du comment, mais ne peut répondre à la question du pourquoi. Paradoxalement, Dieu apporte de la rationalité au monde en justifiant le fait qu’il y ait quelque chose plutôt que rien. Les religions elles, apportent de la rationalité à la société en l’organisant et en évitant, ou limitant, les conflits les plus sauvages. Cela relève de la philosophie, c’est un choix individuel et collectif.
Chacun est libre de ses croyances, ce qui ne doit pas pour autant remettre en cause des faits avérés comme l’évolution des espèces, démontrée par les découvertes paléontologiques. Certes l’évolutionnisme reste perfectible, mais le créationnisme constitue, lui, un dogme affirmé sans fondement autre que la croyance en un concepteur d’ordre supérieur. On est proche alors du totalitarisme idéologique le plus détestable. Quoi qu’il en soit, les religions resteront un facteur parmi d’autres de l’évolution des sociétés humaines, en proposant des points de repère et des réponses aux interrogations existencielles.
Pour ma part, rationnel comme je suis, à la certitude des religions qui ne peut être démontrée, je préfère le charme des incertitudes de la nature.