Pour oublier un peu les déboires d’une récente élection dans le village, ils avaient décidé d’organiser une fête des voisins et amis. Ils étaient tous là, Serge et Nadine, Christiane, Jacques, Geneviève, Stéphane, Sylvie, Pascal, Agnès, Edmond, Liliane, Christian et bien d’autres encore. Nicole était là aussi, arrivée un peu tardivement et péniblement, mais présente et visiblement ravie de retrouver toutes ces personnes qu’elle n’avait pas revues depuis un bon moment pour certaines.
Comme le veut cette tradition de la fête des voisins, chacun avait apporté son repas et un peu plus pour les autres convives, les voisins justement. Et on trinquait, et on plaisantait, et on riait. Une bonne ambiance, d’autant plus que les organisateurs avaient choisi un endroit insolite : la stabulation d’une ferme, mais sans les vaches tout de même ! Dans cet endroit, on pouvait s’en donner à cœur joie, avec la musique à tue-tête et des rigolades à n’en plus finir.
Passé minuit, Nicole se hasarda à quelques pas de madison, avec un succès très limité… mais elle pouvait prétendre qu’elle avait dansé, depuis si longtemps… A ce moment tout de même, elle se sentit fatiguée et fit signe à son mari que c’était l’heure de rentrer à la maison. Elle se leva pour dire au revoir aux amis qu’elle connaissait le mieux. Il y eut alors des sourires, des bisous, des encouragements, des propositions de se revoir, de faire ensemble des activités, de continuer à redresser le bateau ! Ce fut comme une vague, une déferlante peut être même, d’amour. Un amour pudique, celui qui caractérise la grandeur d’âme des Humains quand ils se comportent vraiment en Humains.
Nicole repartit donc vers la maison avec son cancer qui ne la quittait pas depuis des années… Mieux que la chimiothérapie, mieux que la radiothérapie, mieux que l’hormonothérapie, cette soirée lui fit le plus grand bien et elle sentit dans sa tête comme une brise légère avant de s’endormir dans les nuages.
Il se trouve que ce jour-là, c’était aussi l’anniversaire de son mari. Il eut le plus beau cadeau !